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Le gouvernement définit le non-port du masque comme un nouveau motif de licenciement

Le mardi 18 août, la ministre du travail Élisabeth Borne a annoncé l’obligation du port du masque en entreprise. Un protocole sanitaire qui permettra aux entreprises d’imposer des sanctions encas de non-port du masque et qui pourront aller jusqu’au licenciement.

21 août 2020

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Crédits photo : AFP

Le taux de contamination continue d’accélérer en France, avec des nouveaux clusters tous les jours. Le risque d’une deuxième vague semble imminent, ou difficilement évitable. Cette épée de Damoclès panique les gouvernements et le patronat, qui redoutent plus que jamais un deuxième confinement après la chute du PIB de 13% au second trimestre 2020, et qui avorterait la tentative de relance des profits. C’est dans ce contexte que Jean Castex, a annoncé ce mardi 11 août lors de son passage dans l’Hérault, qu’une réflexion était en cours pour voir « comment on peut au maximum généraliser sur le lieu de travail le port du masque » pour la rentrée. Après des mois de pandémie et de mesures sanitaires, après des mois de revendications de la part de travailleurs qui s’entassaient dans des usines sans masques, le gouvernement cherche à faire oublier sa stratégie sanitaire catastrophique tout en en ouvrant la voie à une des sanctions des plus répressives.

Un protocole sanitaire national a inscrit l’obligation du port du masque en entreprise dans les espaces clos où se trouvent au moins deux personnes. Selon le ministère du travail, il s’agit d’une « doctrine administrative sur laquelle les entreprises ont intérêt à se fonder pour mettre en place la protection des salariés ». Une obligation du port du masque qui, en cas de non-respect sera soumis à des sanctions. « Si un salarié oublie de porter le masque, l’employeur pourra lui faire un rappel oral. Si ça arrive systématiquement, il pourrait être mis à pied plusieurs jours » précise l’avocat Rudy Ouakrat, spécialiste en droit du travail au journal La Croix. Des sanctions qui iront jusqu’au licenciement.

Dès lors, l’obligation du port de masque en entreprise s’inscrit dans une logique répressive qui d’un côté, responsabilise les travailleurs de la crise sanitaire tout en ne garantissant rien de la gratuité des masques. De l’autre, il offre au patronat un nouveau motif de licenciement tout trouvé qui pourrait permettre de licencier individuellement les travailleurs. Une mesure qui, loin de répondre au risque sanitaire d’une seconde vague, s’inscrit dans la logique répressive plus générale du gouvernement qui impose des amendes pour non-port de masques.

En terme d’application, cette tâche répressive serait confiée aux inspecteurs du travail dont le rôle est pourtant d’enquêter sur les entorses aux droits du travail, les situations de harcèlements au travail. C’est ce que détaille une avocate au journal La Croix : « Ils vont s’y attacher voire l’appliquer strictement lors de contrôles en entreprise ». Ainsi si la généralisation du port du masque dans les entreprises est une mesure de santé publique comme l’affirme Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, FranceInfo : « 50% des clusters sont dans des entreprises, médicales ou non médicales.Les hôpitaux, c’est environ 10 % des clusters, les établissements médico-sociaux, les Ehpad, c’est 20 % et les entreprises privées 20 %. Rendons le masque obligatoire dans tous les lieux clos, dont les entreprises privées ! »,la logique générale de la mesure gouvernementale ne répond en rien aux enjeux sanitaires du fait même de la non-gratuité des masques, mais aussi de la logique répressive plus générale portée par la mesure.

Rappelons que 49% des clusters ont démarré en milieu professionnel, selon la direction générale de la santé.C’est à dire que la moitié des foyers de contamination démarrent sur les lieux de travail, là où les protocoles sanitaires sont les plus irresponsables, et placent les profits du patronat avant la santé des salariés et de la population.Telle est la logique du gouvernement : aucune cohérence dans le protocole sanitaire, si ce n’est dans la gestion répressive de la crise sanitaire, à coup d’amendes et de contrôles policiers, alors même que les masques ne sont toujours pas gratuits et peuvent représenter un budget considérable pour les travailleurs. Et là est le vrai problème. Car si le gouvernement conseille aux entreprises de faire des stocks de masques préventifs pour dix semaines, il ne dit pas comment les financer.

Plus que jamais, il faut dénoncer toute mesure ouvrant à de nouveaux motifs de licenciements au prétexte de la crise sanitaire ainsi que toute mesures répressives visant à imposer par la répression le port du masque. Tout plan sanitaire à la hauteur de la situation doit intégrer la gratuité des masques pour tous.

Face au risque d’une seconde vague, la reconversion de l’industrie et des moyens de production des grands capitalistes pour affronter la pandémie en produisant massivement masques, gel hydro-alcoolique, tests de dépistage et matériel médical apparaît comme une nécessité. Une perspective qui ne pourrait être réalisée que par la lutte, en imposant une production qui réponde aux intérêts de la majorité de la population et non des profits des grandes entreprises. Et qui nécessite que les organisations du mouvement ouvrier sortent de l’atermoiement et cessent de céder aux sirènes du dialogue social que Jean Castex tente de ressusciter pour construire un plan de bataille à la hauteur des enjeux.


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