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Crise dans l’aéronautique

Le groupe ADP va supprimer 10 % de ses effectifs

La crise de l’aéronautique se poursuit. Comme avancé il y a quelques semaines, le groupe ADP va supprimer 10 % de ses effectifs, soit 600 emplois.

Sadek Basnacki

10 juillet 2020

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Le gestionnaire des aéroports de Paris veut supprimer 10 % de ses effectifs. Ce sont 600 emplois qui risquent d’être supprimés. Avec les formules dont seul le patronat a le secret, la direction parle d’adapter « le modèle économique et social ».

A l’occasion d’un comité social d’entreprise extraordinaire, la direction a proposé « aux représentants des salariés d’engager des négociations en vue d’adapter le modèle économique et social » selon le groupe dans un communiqué, cité par Le Monde.

Cité par Le Figaro, le PDG d’ADP, Augustin de Romanet, expliquait il y a quelques semaines que le trafic aérien « pourrait retrouver son niveau de 2019 entre 2023 et 2025 (…) Nous devrons procéder à des ajustements de même nature que les compagnies aériennes ». Cette crise de l’aéronautique, qui fait suite à la pandémie de Covid-19, impacte de plein fouet la région Île-de-France dont Air France et Roissy sont le premier employeur.

Avec une baisse des recettes estimée à 2,5 milliards, l’objectif est clair : faire des économies sur le dos des travailleurs et travailleuses. Comme l’explique au Monde Daniel Bertone, secrétaire général de la CGT chez ADP, « la direction voudrait parvenir à réaliser de 10 % à 15 % d’économies », « en diminuant la masse salariale » (560 millions d’euros).

ADP va proposer une rupture conventionnelle collective afin « d’écraser la pyramide des âges ». La direction d’ADP n’avait pas attendu la pandémie pour envisager des suppressions de postes. Déjà en 2018, elle avait prévu entre 1 300 et 1 400 départs à la retraite d’ici à 2025. Et déjà en 2014, 370 salariés ont été obligés de quitter leur poste suite à un plan de départ « volontaire ».

Pourtant le groupe a eu largement recours au chômage partiel lui permettant de faire 90 millions d’économies, auquel il faut rajouter 30 millions liés aux efforts des personnels, comme l’explique Daniel Bertone au Monde : « Pas d’embauches, pas de promotion, pas de prime ».

Il faut s’attendre à ce que les négociations soient rapides : « les négociations devraient aboutir avant la fin octobre » pour que ce « soit inscrit dans le budget de 2020 », d’après le syndicaliste. Ce qui n’annonce rien de bon et les syndicats seront sans doute devant le fait accompli.

Daniel Bertone pense également qu’il y a un risque que la direction profite de cette crise pour s’attaquer aux « acquis des salariés » notamment sur le temps de travail, les congés, le gel des salaires et l’avancement.

La CGT dénonce la position de l’État, actionnaire à 50,6 % d’ADP. D’après le syndicat, « d’un côté, la situation économique justifierait la mise en place de solutions drastiques pour les salariés, et de l’autre, l’Etat exige d’ADP un soutien aux compagnies qui vivent en ce moment à crédit aux dépens de la trésorerie d’ADP ». Cela se traduit notamment par la réouverture anticipée d’Orly alors que le groupe voulait regrouper toutes les compagnies à Roissy pour faire des économies. Mais avec la volonté de l’État de relancer la machine économique coûte que coûté, « la réouverture d’Orly coûte plus cher qu’elle ne rapporte ».

Entre les sous-traitants comme Daher et Derichebourg, les grandes compagnies comme Airbus, les annonces s’enchaînent sûr la suppression de postes, dont 15000 rien que pour Airbus. Le patronat et l’État veulent nous faire payer la crise. L’État actionnaire majoritaire est responsable de 10 % de suppression de poste à ADP. Refusons de payer à leur place. Il est important que les salariés des sous-traitants, des compagnies aériennes, des aéroports, se mobilisent ensemble pour obtenir zéro licenciement et zéro baisse de salaire. Mais la crise, si elle touche fortement l’aéronautique, il faut aller vers la convergence avec les autres secteurs touchés comme les soignants et tous ces travailleurs de l’ombre qui sont sortis à la lumière du jour en étant en première ligne dans la lutte contre le Covid. Il faut un plan de bataille unitaire permettant d’instaurer un rapport de forces empêchant le patronat et l’État de nous faire payer leur crise. Il faut revendiquer le partage du temps de travail ainsi que l’interdiction des licenciements, des suppressions d’emplois et des baisses de salaires.


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