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Violences policières

Le procès de Taha Bouhafs reporté après la révélation d’une vidéo accablante pour la police

Un rassemblement était organisé ce vendredi à Créteil pour soutenir Taha Bouhafs à son procès pour « outrage et rébellion » envers un policier. Mais la diffusion d’une vidéo accablante démontant la version policière et montrant le policier intimider le journaliste, a contraint à un report de séance.

Lorélia Fréjo

3 juillet 2020

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A nouveau attaqué pour son travail de journaliste militant, Taha Bouhafs devait paraître en procès pour la seconde fois au tribunal de Créteil, pour une accusation « d’outrage et rébellion sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Cette affaire remonte à juin dernier, alors qu’il couvrait un rassemblement pour des travailleurs sans papiers à Chronopost (Alfortville), et l’oppose à un agent de la BAC du 94. De fait, ce dernier pour contester la plainte de Taha Bouhafs pour la violence qu’il avait subie lors de son interpellation, a décidé de l’accuser d’outrage, expliquant qu’il l’aurait insulté. Mais une vidéo, diffusée ce matin par Taha Bouhafs, montre clairement que ce n’est pas le cas. A la fois, les propos que l’on reproche à Taha Bouhafs n’ont pas été proférés, et on voit le policier menacer et intimider le journaliste. 

De fait, la vidéo montre qu’au-delà des violences commises lors de l’interpellation, durant laquelle Taha avait eu l’épaule déboîtée et plusieurs hématomes, le policier avait cherché à l’intimider pour l’empêcher de couvrir. Comme, nous l’expliquions dans un article précédent : «  cet enregistrement montre bien le journaliste militant demander à plusieurs reprises au policier d’arrêter de le « pousser » , de le « toucher », de le « frapper » et de lui « mettre des coups ». On voit très clairement le policer tenter d’intimider Taha Bouhafs, l’empêcher de filmer et de faire son travail. Par ailleurs, contrairement à ce que déclare l’agent de la BAC, Taha ne l’a pas menacé, ni insulté, jamais il ne prononce la phrase qu’on lui reproche avant son interpellation : « T’es une racaille de flic ». »

Cette vidéo, auparavant bloquée dans le téléphone de Taha, mis sous scellé par l’institution judiciaire pour empêcher la diffusion des informations qu’il contenait, remet donc en cause le discours policier. La séance a donc été levée, et reportée, d’autant plus que comme le révélait le journaliste de La-bas si j’y suis sur Twitter, l’IGPN a aussi pu se procurer une vidéo qui montre les mêmes faits.

Comme l’expliquait, Taha Bouhafs, dans son intervention lors du rassemblement devant le tribunal, où étaient présents des soutiens : « Le procès a été renvoyé à la demande du policier lui-même, ce qui est très rare. Ils demandent le renvoi, parce que la vidéo que j’ai pu diffuser montre les faits : un policier non identifiable, qui refuse expressément de s’identifier, vient me provoquer et veut me pousser à la faute. Ensuite je suis embarqué, il me déboîte l’épaule, il met son genou sur le visage, il m’emmène dans la voiture et une fois dans la voiture avec l’épaule déboîtée et menotté, il me frappe à plusieurs reprises au visage. ».

Une fois de plus, un policier tente de s’en sortir en inculpant la victime, mais cette fois les preuves ont parlé d’elles-mêmes, malgré l’acharnement de la justice pour empêcher de les faire sortir. Le policier a été jusqu’à mentir pour se défausser de l’affaire, et intimider un journaliste militant, qui fait peur car il dénonce sans relâche les violences commises par la police et soutient toutes les luttes. Comme Taha Bouhafs l’a expliqué dans une interview pour Anasse Kazib : « Je sais quelle est ma place, je sais où je me situe, je sais que je suis dans le camps des travailleurs, de ceux qui luttent, dans le camps de ceux qui demandent plus de justice sociale, plus d’égalité […]. Ce n’est pas celui du libéralisme, du capitalisme, du racisme, mon camps est très clair. Je fais du journalisme engagé. » C’est ce journalisme de terrain, aux côtés des luttes et pour révéler les injustices et les scandales, qu’on lui reproche et qui fait qu’il est sans arrêt attaqué.

Le renvoi de son procès, doit permettre d’engager la mobilisation nécessaire à ce qu’il soit entièrement relaxé. Quand à son cas, il est le symbole de l’acharnement subi par tous ceux qui revendiquent un autre modèle de société, mais aussi par les jeunes issus des quartiers populaires, qui subissent sans relâche les attaques racistes et violentes de la police et de l’État. C’est pour cette raison, qu’il est soutenu largement, comme pour des militants ouvriers et travailleurs issus des quartiers populaires, qui avaient décidé d’appeler à son rassemblement de soutien et s’y sont rendu.


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