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Les Mecachrome en grève rejoignent les Capgemini : unité des grèves pour nos salaires !

Alors que des grèves émergent pour les salaires, notamment dans l’aéronautique, celles-ci restent isolées les unes des autres malgré leurs revendications similaires. Hier, à Toulouse les grévistes de Mecachrome ont rejoint ceux de Capgemini, un premier pas pour marquer l’unité des luttes dans l’aéronautique !

Joël Malo

13 mai 2022

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« Capgemini a réalisé 240 millions d’euros de bénéfices en France en 2021. Il n’y aura que 4 millions d’euros pour les augmentations salariales. Pendant ce temps le dividende de l’action augmente de 23 % » entame le délégué syndical UNSA, gilet bleu sur le dos, lors du rassemblement des grévistes de Capgemini à Toulouse. Capgemini, groupe du CAC40, ne fait en effet pas exception aux autres entreprises du CAC qui inondent leurs actionnaires de dividendes au titre de 2021. Une action des salariés devra sûrement avoir lieu le 19 mai prochin, jour de l’assemblée générale des actionnaires du groupe. « Un appel à la grève intersyndical inédit depuis 2008 » rappelle le délégué CFDT, puis à côté de lui le délégué CGT qui rappelle les revendications de la grève : « Dans les bureaux d’études, les augmentations générales, ça n’existe pas. Ce ne sont que des augmentations individuelles ». Une véritable mise en concurrence des salariés alors que « depuis deux ans les efforts ont été fait par tout le monde pas que par ceux qui vont être récompensés par la direction ». Ce que réclament les syndicats, c’est une augmentation annuelle de 2500€ pour toutes et tous, contre la logique de division de la direction.

Plusieurs rassemblements étaient appelés en France, notamment à Issy les Moulineaux, à Pessac et à Toulouse. En plus de l’unité syndicale, à Capgemini, le rassemblement toulousain, au rond-point de la Crabe en face des locaux du donneur d’ordre Airbus a été marqué par la jonction avec les grévistes de Mécachrome, une solide délégation de grévistes venant rejoindre les salariés de Capgemini.

Ceux-ci sont en grève depuis 5 jours et exigent une augmentation de 7% avec un minimum de 200€ par ouvrier. Lors des dernières discussions, la direction a proposé une augmentation non plus de 2% mais de… 2,5% ! En réalité, une baisse de salaire puisque l’inflation est de 4,8% en avril, et sera certainement de 5,4% en juin ! Face à ce mépris, les grévistes ont collectivement décidé en assemblée générale de durcir le mouvement en reconduisant la grève, mais aussi de l’amplifier en rejoignant les autres conflits salariaux en cours, comme celui de Capgemini. D’ores et déjà, le ralentissement de la production commence à faire parler chez Airbus qui commence à mettre la pression sur la direction de Mecachrome pour que les pièces arrivent. Amplifier le mouvement, c’est donc faire se rejoindre les forces qui font tourner l’aéronautique, qui permettent la conception des avions, des ateliers d’usine aux bureaux d’études.

Des grèves apparaissent dans diverses entreprises, mais restent isolées les unes des autres. Le rassemblement de ce matin et la rencontre de deux entreprises en grève est une avancée importante. S’il n’est pas rare de voir des élus syndicaux se rendre sur les piquets d’autres entreprises pour soutenir les luttes de la sous-traitance aéronautique, le fait qu’une vingtaine de grévistes de Mecachrome aient inscrit à l’agenda de leur grève la solidarité avec les grévistes de Capgemini marque un premier pas pour rompre avec la logique de grèves qui se regardent de loin mais ne se parlent pas, alors même qu’elles parlent de la même chose : des augmentations de salaire pour faire face à l’inflation !

Plusieurs grèves ont eu lieu ces derniers mois dans l’aéronautique, et de manière générale dans le privé comme dans le public, on assiste à des grèves pour des augmentations de salaire dans des entreprises où il n’y en avait pas eu depuis des années. L’enjeu désormais est de trouver les voies pour permettre à ces conflits de converger. Il est évident, et en particulier dans l’aéronautique, industrie organisée en une myriade de sous-traitants répondant à quelques donneurs d’ordres (Airbus, Thalès, Safran, Dassault), que la question de la revalorisation des salaires ne peut pas être un combat uniquement isolé dans chaque entreprise mais appelle à une mobilisation générale dans tout le secteur. Au risque autrement de diluer la puissance de frappe et de blocage des ouvriers et techniciens et ingénieurs de l’aéronautique chacun dans son entreprise, ce qui est bien un des avantages pour les patrons du recours à la sous-traitance.

C’est ce sens qu’est intervenu Gaëtan Gracia, syndicaliste CGT aux Ateliers de la Haute-Garonne et militant à Révolution Permanente

« C’est devenu banal de dire qu’il y a des grèves inédites, ça veut dire que l’inflation qui est en train de nous bouffer, réveille des secteurs qui avant ne luttait pas, n’étaient pas syndiqués, ne faisaient pas grève. ». Une intervention lors de laquelle, ce militant qui sillonne les piquets de grève de l’aéronautique a pointé les éléments nouveaux et positifs de la grève de Mécachrome : « Que les Mecachrome fassent une délégation de tous les grévistes pour aller soutenir une autre grève, c’est quelque chose que j’ai jamais vu ces dernières années dans l’aéronautique, c’est énorme ! ». Un symbole fort de solidarité qui devrait inspirer les plans de bataille à venir pour rassembler toutes les énergies de lutte et arracher des augmentations de salaire à même de faire face à l’inflation.

Une grève qui donne des exemples à de multiples égards en effet, autant par la capacité de l’ensemble des salariés à se saisir de la grève et des actions à mener, en rompant la division qui peut parfois exister entre syndiqués et non-syndiqués, en militant la caisse de grève (que vous nous invitons à remplir !), qu’en cherchant à étendre le conflit comme avec cette rencontre avec les Capgemini ou lors des temps forts de lutte où de nombreux soutiens d’autres secteurs sont invités à les rejoindre. Ce sera le cas le 17 mai prochain sur le site de Mecachrome à Launaguet.


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