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Racisme d'Etat

Les migrants en première ligne face à l’épidémie : pour la régularisation de tou.te.s les sans-papiers !

Les sans-papiers comptent parmi les populations précaires les plus exposées à la crise sanitaire et sociale. En Grèce des camps un camps de migrants entier a été mis en quarantaine de manière criminelle, tandis qu'en France ils sont laissés à l'abandon.

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Une quinzaine de députés, du PCF, de LFI mais aussi du PS et de LREM ont signé ensemble une tribune pour demander la régularisation des sans-papiers pendant la durée de l’état d’urgence sanitaire. Les signataires demandent au gouvernement français de s’inspirer du Portugal qui a régularisé temporairement les sans-papiers résidant sur son territoire, jusqu’à la fin de l’état d’urgence. « Nous demandons solennellement au gouvernement français de prendre les mêmes mesures que le gouvernement portugais » en demandant que les sans-papiers aient les mêmes droits pour « l’accès aux soins et pour les aides financières ». « C’est une mesure de salubrité publique qui protège tous les habitants du Portugal. La catastrophe sanitaire que nous subissons nous oblige à agir avec responsabilité et sans délai, comme nos amis portugais l’ont fait ».
Pour l’heure, selon Stanislas Guérini, délégué général de LREM, qui n’est pas signataire mais dont certains colistiers de la majorité le sont, il suffirait de « geler les opérations de demandes d’asile pendant la période ». 

Au même moment où le parti populiste d’extrême droite Vox en Espagne réclamait que les sans-papiers paient de leur poche les soins de santé en pleine crise du coronavirus, le Portugal s’est targué d’une mesure progressiste envers les migrants, en octroyant un certain nombre de droits, dont la régularisation temporaire pendant la période de la pandémie mondiale, aux migrants sur son territoire. Bien que cette mesure soit bien plus avancée que dans l’Hexagone où les sans-papiers et sans-abris sont quasiment livrés à eux-mêmes dans la rue face au danger de la contamination, elle reste partielle et bien trop insuffisante. Par ailleurs, le gouvernement portugais met en place cette décision prise à la quasi-unanimité, juste après avoir fait son décret de l’état d’urgence, qui entraîne la restriction d’un certain nombre de libertés démocratiques fondamentales, comme le droit de grève, de réunion et de manifestations, dont a découlé une multiplication des licenciements. 

Migrants et sans-abris en face à face avec la pandémie

Si la pandémie est révélatrice des inégalités engendrées par un système qui écrase la majorité de la population, elle les approfondit encore plus. Après les annonces de confinement, en France, rien n’a été annoncé quant aux sans-abris et sans-papiers, souvent eux-mêmes mal ou pas logés. La situation des SDF et des migrants en période d’épidémie est dramatique, et c’est la responsabilité du gouvernement et de ceux qui l’ont précédé d’avoir coupé les vivres aux structures d’accueil, avec aucune mesure d’urgence à la hauteur. 

Il est plutôt ironique de voir signer une tribune commune des députés de LREM ou même du PS, partis ayant exercé au pouvoir de l’exécutif, et démontré chacun leur tour les florilèges de leurs politiques xénophobes et racistes. Le quinquennat Macron ne s’est pas fait remarquer pour ses geste-barrière vis-à-vis de l’extrême-droite en termes de politique migratoire. Comme une grande partie des États de l’Union européenne, il a appliqué des mesures pour criminaliser toujours plus les migrants, les rendant toujours plus vulnérables. En réalité cette tribune demandant la régularisation des sans-papiers uniquement le temps de l’épidémie s’inscrit dans une logique raciste qui n’octroie le droit à la dignité aux migrants qu’à partir du moment où cela peut servir à empêcher la propagation de l’épidémie, et leur enlève ce droit à nouveau dès que l’orage sera passé. Pas plus.

Ainsi, on a vu ces derniers jours après le grand appel du gouvernement à aller travailler dans les champs pour pouvoir résoudre une des problématiques centrales de la crise sanitaire qui est l’alimentaire, que dans plusieurs préfectures, des réfugiés sont réquisitionnés comme main d’oeuvre saisonnière dans les vergers et les serres. Une double peine semble se jouer pour ces réfugiés : demandeurs d’asile à l’avenir incertain, ils sont désormais forcés de travailler en pleine pandémie. Cette action politique établie sur le choix des demandeurs d’asile et des réfugiés s’inscrit dans l’idée que du fait de leurs statuts, ils auraient une dette envers la société française et que ce serait donc « la moindre des choses » que d’accepter, quitte à mettre leurs vies en danger.

En Grèce, un camp de réfugiés, celui de Ritsona a été mis en quarantaine par le gouvernement après avoir détecté 20 cas de coronavirus. Ce camp est habité par plus de 2000 personnes qui vivaient dans des conditions de surpopulation très précaires déjà avant la pandémie. Celle-ci, cumulée à l’action du gouvernement, en fait un piège mortel. Et c’est le cas pour de nombreux pays en Europe, pour assurer un confinement dans des camps et des centres de détention qui ne respectent aucune norme de dignité humaine. Les gouvernements impérialistes sont responsables des départs forcés de ceux qui sont maintenant pris dans un piège mortel, après avoir échappé aux guerres que ces mêmes pays impérialistes ont menées au Moyen Orient, apportant la faim, la misère et des épidémies aux populations. 

Dans cette période exceptionnelle, où les migrants et plus en général les plus précaires sont aussi en première ligne face à la crise, il faut exiger la régularisation immédiate de tous les sans-papiers, pour qu’ils aient les mêmes accès aux soins que tous, et exiger des moyens à la hauteur de l’urgence. Ne pas garantir ces droits est criminel, et plus que jamais dans une situation pareille.


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