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Refusons l'instrumentalisation

Live de Révolution Permanente contre l’islamophobie : pourquoi nous étions présentes avec Du Pain et Des Roses

Jeudi soir, Révolution Permanente diffusait un live Facebook « Conflans. Après l’horreur, refuser l’instrumentalisation ». Ines Rossi, était présente pour notre collectif féministe Du Pain et des Roses. Nous revenons sur l'importance de faire entendre une perspective féministe et anti-impérialiste dans cette période.

Philomène Rozan

25 octobre 2020

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Depuis le terrible meurtre de Samuel Paty, on assiste à une déferlante de propos islamophobes. Le gouvernement organise l’union nationale, en même temps qu’il accélère et renforce son projet de loi contre les « séparatismes » finalement renommé « projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains ». La classe politique entière participe à l’union nationale jusqu’à la France Insoumise qui s’en est même pris, par la figure de Mélenchon, à la communauté tchétchène dans plusieurs déclarations racistes. Et alors qu’il manquait cruellement une réponse, une autre voix que celle que l’on entend en boucle sur tous les plateaux télé, on a organisé avec Révolution Permanente un live Facebook « Conflans. Après l’horreur, refuser l’instrumentalisation ». Inès y participait pour porter la voix de notre collectif féministe Du Pain et des Roses.

L’islamophobie est une violence faite aux femmes

Le climat islamophobe qui se développe ces derniers jours, impulsé par le gouvernement et repris par les médias est responsable d’un déferlement de haine sur les musulman.e.s. A tel point que dans la soirée du dimanche 18 octobre, plusieurs femmes qui portaient le voile se sont faites poignarder. Une réalité qui n’est pas malheureusement pas nouvelle comme le soulevait Marwan Muhammad, ancien porte-parole et ex-directeur du CCIF : « La prépondérance des femmes parmi les personnes qui sont cibles d’actes violents et de discriminations est une dominante, ça varie en 75 et 80 % d’une année à la suivante. Et sur les actes violents on passe même à 90 % , ce qui veut dire que les femmes musulmanes sont les cibles essentielles des racistes.  » Dans le même sens Inès rappelait que les femmes voilées sont « marginalisées, hyper précarisées, que quand elles ont besoin de faire un stage, on leur refuse des opportunités professionnelles parce qu’elles portent un voile. Et aujourd’hui la loi sur les séparatismes veut exclure encore plus les femmes voilées du monde du travail. Avant le port du voile était interdit aux salariées du service public et la loi aujourd’hui veut élargir l’interdiction aux salariées des entreprises délégataires du service public.  »

Alors que ces discours et ces actes stigmatisants se sont multipliés depuis quelques mois, Inès insistait sur la violence qu’ils représentent : « Qu’est ce que c’est d’humilier une femme voilée qui veut accompagner son enfant à une sortie scolaire ? Qu’est ce que c’est de refuser le droit à la parole à une représente syndicale parce qu’elle porte un voile ? Qu’est ce que c’est de marginaliser les femmes voilées, de les priver du droit à la parole, d’un travail ? Si ce n’est une violence faite aux femmes.  » Et à Du Pain et Des Roses on refuse que les femmes musulmanes deviennent des boucs émissaires de tous les maux de la société, qu’elles soient considérées comme des ennemis intérieurs et à ce titre stigmatisées et violentées.

« Dévoilez-vous » ou comment l’impérialisme français opprime les femmes musulmanes

Le voile cristallise régulièrement les velléités islamophobes, comme on l’a encore vu récemment avec Eric Ciotti qui a tweeté sur le fait que le voile serait « l’arme de la soumission pour les islamistes » ou encore « instrument d’apartheid sexuel. Derrière ces mots se cache l’idée que la culture des musulmans serait intrinsèquement arriérée et misogyne face à « la culture occidentale  » qui lui serait supérieure, progressiste et féministe. Et c’est ce que rappelait Inès au cours du live en revenant sur « le fémonationalisme, le « féminisme » de Schiappa et Macron, qui en réalité instrumentalisent le féminisme à des fins racistes et islamophobes. »

Ce fémonationalisme, et cette cristallisation autour du voile ont une histoire, celle de l’impérialisme français. Qui s’étend « de la colonisation de l’Algérie jusqu’à la politique aujourd’hui dans les quartiers populaires et envers les musulmans. C’est le même impérialisme qui s’exprime, qui vise à exercer une domination sur les pays semi-coloniaux et les populations qui sont issues de l’immigration de ces mêmes pays colonisés par la France . » Inès poursuivait en rappelant que « Pendant la guerre d Algérie, il y avait une politique de dévoilement forcé sur des places publiques, qui servait à mater le mouvement de libération nationale par des scènes de violences et d’humiliation des femmes algériennes. » Autant d’actes de violences contre les femmes qui sont justifiés par les impérialistes français par un nécessité de les émanciper de père, frère ou mari jugés sexistes.

« Face à ça la question qui se pose c’est de savoir avec qui on a envie de lutter ? Les femmes voilées font en grande partie de la classe ouvrière. Et ces femmes ont tout a gagné à lutter contre un système capitaliste qui les marginalise et les opprime. Le féminisme proposé par le gouvernement et par le patronat, c’est un féminisme de classe qui ne s’intéresse pas à l’émancipation des femmes qui sont voilées, qui nettoient les gares ou les hôtels. » insiste ainsi Inès.

Et c’est pourquoi au collectif Du Pain et des Roses nous nous battons contre toutes ces idées racistes et contre l’impérialisme français qui les instaurent. Et parce que nous nous opposons à l’offensive islamophobe en cours, nous tenions à être présentes aux côtés d’autres militants pour débattre de la situation ouverte depuis le meurtre de Samuel Paty vendredi dernier à Conflans. Nous tenions à y défendre également la nécessité « d’une riposte politique commune du mouvement ouvrier et du mouvement féministe et anti-raciste » comme nous l’écrivions dans une tribune que nous avons impulsée avec d’autres collectifs féministes. Il est plus que jamais nécessaire, face au renforcement de l’offensive islamophobe, de défendre cette perspective et de réaffirmer comme l’a dit Inès, que notre féminisme est celui qui se bat pour l’émancipation de toutes les femmes.


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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