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Attaques en perspectives

Macron sur France 2. Opération séduction de LR pour rompre l’isolement et préparer la guerre sociale

Ce mercredi soir, Macron était l’invité de France 2 pour un entretien d’une heure. Face à la crise politique, sociale et économique, le président de la République a décidé de ne rien changer, sinon de confirmer les promesses d’offensives anti-sociales et la main tendue à LR pour conjurer le risque d’immobilisme.

Nathan Deas

27 octobre 2022

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Un président dans les tempêtes. Crise politique, crise sociale et crise économique, mardi 26 octobre, Emmanuel Macron devait redonner le cap de son second mandat en accordant un entretien sur France 2, mais le deuxième épisode de l’émission « L’Evènement », quinze jours après un premier consacré aux dossiers internationaux, aura avant tout été le récit des crises que traverse à nouveau le chef de l’Etat. Un peu plus d’une heure durant, le chef de l’Etat a cherché à maintenir un cap, tour à tour professoral, parfois sur la défensive, mais sans aucun doute et finalement sans remise en question.

A la famille qui galère plombée par l’inflation, le chef de l’Etat applaudit la France qui travaille. On lui parle salaire, il répond dividende salarié. On lui parle misère et précarité, il répond sécurité et immigration. « Il nous faut être sérieux » annone-t-il. Avant de conclure « on ne peut pas faire n’importe quoi ». En d’autres termes, pour les millions de travailleurs et de travailleuses qui peinent déjà à payer leur course et le carburant de la voiture, pas de hausse des salaires à l’horizon (il faut privilégier le « maintien de la croissance » et des profits dit-il).

Sur le terrain des retraites, le chef de l’Etat reconduit la promesse de guerre sociale. « Le mandat que j’ai eu de nos compatriotes, c’est de dire [que], à partir de l’été 2023 (…), on devra décaler l’âge légal de départ de quatre mois par an » indique Macron. Pour montrer sa bonne volonté, le Président concède toutefois être prêt à reconsidérer l’allongement à 65 ans. Une manière d’afficher une souplesse -relative et formelle – qui ne change finalement rien au fond : il faudra travailler plus longtemps, et vivre avec des pensions de misère.

Business as usual donc, ou presque. Dans un contexte social explosif et face à l’immobilisme qui le guette, le Président tente de passer à l’offensive pour masquer son isolement. Après la multiplication des usages du 49-3 cette semaine, le président lorgne en direction de LR pour essayer d’élargir son assise parlementaire. Le 23 octobre dernier, Nicolas Sarkozy, invitait dans le le Journal du dimanche le chef de l’Etat à « franchir le Rubicon de façon plus franche » pour aller -encore un peu plus- vers la droite. « Valeur travail », « ordre et sécurité », « travailler plus pour gagner plus », réforme des retraites, liens prétendus entre délinquance et immigration, etc. : le chef de l’Etat n’aura pas manqué l’occasion d’offrir une nouvelle main tendue en ce sens, visant à élargir sa propre majorité. En témoigne, sa fake-news sur la délinquance qui serait majoritairement le fait d’étrangers, énième appel de phare aux Républicains dont le cœur chavire toujours plus à droite.

C’est que le gouvernement et sa majorité ont « intérêt à travailler » avec ces élus qui n’ont pas voté la motion de la NUPES dit-il, sans mentionner les socialistes et les écologiques. Depuis la rentrée d’octobre, la macronie ne parvient pas à dégager de majorité sur ses textes financiers, pendant que dans la rue et les entreprises, la grève des travailleurs de la pétrochimie a réchauffé la situation sociale et remis au cœur des débats la question des salaires et celle de la grève reconductible. Ce mercredi, Macron a cherché à jouer la seule carte qui restait à sa disposition pour tenter tant bien que mal de pallier à la crise d’autorité qui couve.

Le pari pourrait s’avérer à double tranchant dans un contexte social explosif. Pour les travailleurs et les travailleuses la partition pro-patronale jouée par Emmanuel Macron mercredi soir – que ce soit à propos du report de l’âge légal de la retraite à 65 ans, de l’allongement de la durée de cotisation ou encore du mythe de la boucle prix-salaires – mérite une seule réponse : la multiplication des grèves et des manifestations, par l’élaboration d’un plan de bataille commun à l’ensemble des secteurs.


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