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Derrière la crise migratoire, la course aux idées réactionnaires

Manifs anti-migrants en Allemagne : Pegida s’engouffre dans le chemin ouvert par Merkel

Renan Granger{} Lundi 5 octobre, à Dresde, le mouvement islamophobe Pegida (« Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident ») a réuni plusieurs milliers de personnes, après avoir rassemblé la semaine passée entre 7000 et 10 000 personnes. Cela constitue un regain d’intérêt inquiétant pour ce mouvement alors qu’il semblait s’être essoufflé depuis les manifestations du mois de janvier durant lequel il avait réuni jusqu’à 25000 personnes. Malgré les critiques opposées par les marcheurs islamophobes à Angela Merkel, la politique réactionnaire des gouvernements européens ne fait en réalité qu’entretenir ce type de mouvements.{{}}

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Un mouvement ultra-réactionnaire

Des militants « anti-islamisation », c’est ainsi que se définissent les leaders du mouvement Pegida. Mais derrière cette ligne xénophobe, qui donne déjà la nausée dans un contexte où des milliers de migrants meurent aux portes de l’Europe-forteresse, sont traqués par la police et vivent dans des conditions misérables, c’est une ligne encore plus réactionnaire qui se cache derrière le mouvement. En janvier, la révélation d’une photo du leader du mouvement, Lutz Bachmann, habillé en Adolf Hitler, a fait scandale dans la presse allemande. Mais cette photo était loin de constituer un dérapage ou un élément isolé, elle symbolise en réalité la proximité du mouvement avec les milieux néo-nazis, comme en témoigne la présence de plus en plus nombreuse de skinheads dans les marches, utilisation du vocabulaire étiqueté nazi tel que la "Lügenpresse" (« La presse menteuse »), slogans et pancartes ouvertement racistes tels que Döner verbot ("Interdiction des kebabs"). Legida, la branche du mouvement installée à Leipzig, accueille dans ses rangs de nombreux nostalgiques assumés du régime nazi. Sur Internet, un de leurs leaders revend sans problèmes des « souvenirs » du IIIème Reich : le torchon antisémite de Hitler, Mein Kampf, et différents accessoires arborés par les nazis durant les années 1933 à 1945.{{}}

Un mouvement favorisé par la politique réactionnaire des dirigeants européens

Dans les slogans qui ponctuent les marches réactionnaires de Pegida, Angela Merkel est régulièrement prise à parti. Il n’en faut pas davantage aux grands quotidiens français pour en conclure que ce serait la politique soi-disant « humaniste » de Merkel vis-à-vis des migrants qui favoriserait la montée des mouvements réactionnaires. Pourtant, il est clair que le récent regain d’intérêt pour Pegida ne survient pas tant après les déclarations totalement hypocrites de la chancelière sur les migrants de début septembre , mais, au contraire,juste après son retournement prévisible mi-septembre qui a ouvert le bal pour les réactionnaires . Ainsi, alors que celle-ci proclamait, le 31 août, vouloir accueillir tous les réfugiés qui le voudraient en Allemagne, le pays rétablissait les frontières et suspendait provisoirement les accords de Schengen le 14 septembre, soi-disant « débordé » par l’afflux de migrants, une décision saluée par le premier ministre populiste d’extrême-droite hongrois en personne, Viktor Orban . Cette stratégie de communication permet notamment de se donner une image humaniste après avoir incarné le visage de l’austérité intransigeante en Europe.{{}}

Pour la solidarité avec les migrants, contre toute récupération des gouvernants européens

Pour l’instant, la chancelière allemande n’a pas réagi au relatif regain du mouvement Pegida mais il y a fort à parier que celle-ci en profitera pour arborer ses meilleurs habits d’humaniste, comme lors de son discours de 1er janvier, où celle-ci allait jusqu’à dire de manière totalement hypocrite que le fait que son pays soit perçu comme sûr et accueillant était le « plus beau compliment » qu’on puisse lui faire. Quel pays « sûr et accueillant » que l’Allemagne-forteresse qui fait le tri entre les « bons » et « mauvais » migrants, organise la traque des migrants sur son propre territoire, et dont la politique impérialiste pousse de plus en plus de personnes sur les traces du calvaire qui les mènera (ou pas) jusqu’à l’Europe !

Face à la menace des mouvements racistes et islamophobes, en Allemagne comme en France, la politique des gouvernements européens ne peut que renforcer le climat qui permet la régénération des idées les plus réactionnaires. Au contraire, le relative regain de Pegida doit nous inciter à renforcer la solidarité avec tous les migrants, sans distinction, contre l’imposture Hollande-Merkel et leur politique impérialiste.


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