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Changement de gouvernement

Mariano Rajoy renversé par le parlement : Pedro Sánchez devient le nouveau président

Avec 180 voix pour, provenant des députés du PSOE, Unidos Podemos, Compromis, ERC, PDECAt, PNV, Bildu et 169 voix contre, le PP et Ciudadanos, plus l’abstention, la motion de censure contre le gouvernement du Parti populaire a été approuvée.

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Crédit photo : EFE

Traduction de l’article de l’Izquierda Diario

Après sept années de gouvernement, le Parti populaire a été délogé du pouvoir, harcelé par les affaires de corruption et une décision de la justice qui confirme ce que tout le monde savait déjà. Le 24 mai, la décision de l’affaire Gürtel a envoyé plusieurs cadres du PP en prison et a condamné le parti pour financement illégal. La décision de la cour de justice a également remis en question le témoignage de l’ancien président Mariano Rajoy, qui avait nié l’existence d’une caisse "B" dans le Parti populaire, nourrie avec de l’argent d’hommes d’affaires proches au PP, qui ont ensuite bénéficié de contrats d’Etat.

C’est la première fois qu’une motion de censure est approuvée et parvient à expulser un gouvernement du pouvoir, montrant l’ampleur de la crise politique espagnole. Le gouvernement PP fortement contesté s’est maintenu avec le soutien de la droite pro espagnole, Ciudadanos, les votes du PNV et ainsi qu’avec d’autres groupes de moindre taille. Le PSOE avait soutenu les principales politiques du bloc monarchiste, avec une offensive répressive contre le mouvement indépendantiste catalan par l’application de l’article 155.

Le groupe parlementaire d’Unidos Podemos (Podemos, Izquierda Unida et groupes régionaux), avec 67 députés, en accord avec Compromís de Valencia (4 députés), ont été les premiers à annoncer qu’ils soutiendraient la motion de censure contre Rajoy et la nouvelle investiture de Pedro Sánchez , sans exiger aucune condition (contrairement à ce qu’ils ont fait il y a deux ans, lorsque Pablo Iglesias a exigé la vice-présidence du gouvernement et plusieurs ministères dans un gouvernement de coalition avec le PSOE).

Les partis nationalistes catalans (PDeCat et ECR) se sont prononcés en faveur du renversement de Mariano Rajoy, même si Pedro Sánchez a été l’un des garants de l’offensive répressive contre la Catalogne au cours de l’année précédente. Sanchez a promis de reprendre le dialogue avec le nouveau gouvernement catalan de Torra, qui a réussi à se former cette semaine. En particulier, la situation des prisonniers politiques catalans et des dirigeants qui restent en exil sera une question « brûlante » pour le futur gouvernement, qui vient de soutenir l’offensive répressive du gouvernement mais maintenant aura besoin du soutien des députés nationalistes catalans pour mener à bien certaines réformes législatives.

Avec le soutien de ces derniers partis et d’autres groupes minoritaires, la proposition de motion de censure compte 175 voix, ce qui a fait du soutien du PNV (Parti nationaliste basque), avec 5 députés, un élément clé. Il y a seulement une semaine, le PNV avait soutenu les budgets du PP avec l’intégration d’une « enveloppe spéciale » de 550 millions pour le Pays Basque. Pedro Sanchez s’est engagé à gouverner en maintenant les budgets d’austérité approuvés par le PP pour garantir les votes du PNV, qui a finalement annoncé son soutien à la motion de censure, scellant ainsi le sort de Mariano Rajoy.

Que peut-on attendre d’un gouvernement PSOE ?

Le PSOE gouvernera en minorité, il n’aura que 84 députés assurés au Congrès et pour faire passer chaque nouvelle loi, devra négocier avec le reste des partis politiques. Ce sera un gouvernement faible, qui s’est engagé à organiser des élections anticipées sans avoir déterminé la date du scrutin. Le PSOE va essayer « maintenant depuis le gouvernement » de s’en remettre électoralement en vue des prochaines élections, où Ciudadanos est actuellement à la tête des sondages.

Le PP, avec un discours dur et sans reconnaître la corruption de son parti, a promis qu’il allait empêcher que le nouveau gouvernement puisse faire des changements législatifs, assurant qu’il ne donnera pas de trêve à l’opposition. Son porte-parole a accusé le PSOE de « gouverner avec les voix des amis de l’ETA », se référant aux 2 votes en faveur de la motion de censure de Bildu.

D’autre part, Unidos Podemos a proposé au PSOE la formation d’un gouvernement de coalition (sans que cela soit une condition pour le vote), dans le but de parvenir à un « gouvernement de changement ». Ses dirigeants ont soulevé l’idée qu’un « horizon d’espoir » s’ouvre avec le départ du PP du pouvoir. La « logique du moindre mal » détermine la politique de Podemos, tout en soutenant inconditionnellement un gouvernement social-libéral du PSOE. Un parti qui a gouverné 20 ans des 40 dernières dans l’état espagnol, en étant le meilleur gestionnaire des politiques néolibérales. Le PSOE a été un grand défenseur de la monarchie et de « l’unité de l’Espagne », de l’intégration dans l’UE et dans l’OTAN, et de la défense des grandes entreprises multinationales espagnoles qui se sont retrouvées dans le juteux secteur des services et extraction de matières premières en Amérique latine.

Le bipartisme espagnol (changer le PP pour le « moindre mal » du PSOE) a été le piège du régime depuis ses origines pour contenir le mécontentement social, offrant un visage « progressiste » aux politiques conservatrices. Ce mécanisme a été contesté quand les indignés occupaient les places espagnoles depuis 15M, il y 7 ans ils disaient : « PSOE et PP : la même merde ». Aujourd’hui, ce piège est remis en route, avec la collaboration d’Unidos Podemos. Dans la prochaine période, les travailleurs et tous les mouvements sociaux ont le défi de surmonter ce piège et de relancer la mobilisation ouvrière et populaire dans les rues, de se battre pour un programme d’exigences sociales et démocratiques, indépendamment de tous les partis du régime et contre le nouveau gouvernement du PSOE.


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