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Révélé par Mediapart

#MeToo de la scène punk et métal : on se lève et on se bat !

Dans un article, Mediapart révèle de nombreux témoignages d’agressions sexuelles dans le milieu de la scène musicale. Après #MeToo et #MusicToo, c'est au tour des travailleuses précaires du secteur de la culture punk et métal, ainsi que celles faisant partie du public, de relever la tête.

Solange Julien

25 mai 2021

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Crédit Photo : AFP

Après avoir recueilli de nombreux témoignages et effectué un travail d’investigation, Mediapart a publié un article revenant sur une multitude d’agressions sexuelles subies par des femmes travailleuses précaires, ou faisant partie du public, dans la scène de la musique - la scène punk et métal en l’occurrence. À sa sortie, l’article a suscité de vives réactions, dont beaucoup de commentaires plus ou moins réactionnaires, éludant le véritable sujet et accusant cet article d’être à plus à charge contre le milieu punk et métal que d’autres genres de musiques. Mais il ne s’agit pas là d’établir un classement, et d’attribuer des mauvaises notes à tel ou tel genre musical : aucun n’échappe au patriarcat.

Ces différents témoignages démontrent un schéma qui se reproduit encore et encore dans tous les milieux : des violences systématiques, l’omerta qui règne, et le traitement des violences faites aux femmes. Lorsque les victimes d’agressions sexuelles osent parler de l’enfer qu’elles ont vécu, c’est un véritable cordon sanitaire qui se forme autour d’elles. Leurs paroles sont remises en cause, elles sont marginalisées, discréditées, pour être enfin réduites au silence. Les agresseurs, eux, sont soit couverts par leurs proches, soit par les organisateurs (ou les deux) au travers de minimisation des faits, de pressions, ou de communiqués visant à se dégager de toute responsabilité, ou remettant en question la parole des victimes. Et lorsqu’elles reçoivent un minimum de soutien, on n’hésite pas à faire pression sur la personne qui ose soutenir ouvertement la victime : « On a eu un échange téléphonique où elle m’a fait comprendre que si on voulait travailler ensemble, il valait mieux faire supprimer ce statut », raconte un travailleur décrivant la réaction de son "partenaire" après avoir simplement témoigné son soutien à une victime sur les réseaux sociaux.

Les témoignages démontrent encore une fois la responsabilité première des patrons dans l’omerta qui règne lorsqu’il s’agit de dénonciations de violences sexuelles : en fermant les yeux, en discréditant et réprimant, en détruisant tout effort des victimes et de leurs soutiens pour se faire entendre. Plus largement, la dépendance économique à des jobs, qui plus est dans le secteur déjà précaire de la culture qui traverse actuellement une crise profonde, expose les travailleuses aux violences sexistes et sexuelles, et pousse d’autant plus à l’omerta que le risque est grand de perdre son travail. Cela nous prouve à nouveau que le système capitaliste est profondément patriarcal.

De ce fait, il n’y a rien à attendre de la part des patrons, ni du gouvernement qui multiplie les attaques visant à nous précariser, comme la réforme de l’assurance chômage qui touche les femmes de plein fouet du fait de leurs contrats plus souvent précaires et de leurs carrières plus souvent discontinues, dans le secteur de la culture notamment. Comme le montre l’exemple de la lutte qu’a récemment mené Rozenn à Chronodrive, c’est à travers l’auto-organisation des femmes sur leur lieux de travail qu’il devient possible de prendre réellement en main la question des violences qu’elles subissent et qui rythment leur quotidien, mais aussi de porter des revendications visant à subvertir l’ensemble du système capitaliste patriarcal, en lien avec leurs collègues hommes. Cela implique une lutte acharnée contre tous les réflexes sexistes qui s’expriment au sein de notre classe, pour commencer à construire ensemble une société libérée de toute exploitation et oppression.


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