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Les « clowns » de l’Éducation Nationale

Mobilisation dans l’animation : « les animateurs ont des horaires horribles et des salaires minables »

Cette semaine, qui marque la reprise de l’école dans plusieurs zones de l’hexagone, est aussi accompagnée d’une semaine de mobilisation au niveau national du secteur de l’animation qui, face au mépris du gouvernement, revendique des moyens ainsi qu’une réforme en profondeur de la profession.

Léo Stella

9 mars 2022

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Alors que viennent de se clôturer les assises de l’animation le 22 février après trois mois de travail, le secteur de l’animation se met en grève avec plusieurs jours de mobilisations au niveau national. Ces dates s’inscrivent dans la continuité de mois de luttes avec plusieurs dates clés comme les grèves historiques du 13 et 14 décembre pour dénoncer la précarité de leurs emplois, le manque de moyens ou encore l’invisibilisation de ce métier qui a pourtant été en première ligne durant la crise sanitaire du Covid-19, permettant la poursuite de l’économie au profit de leur santé. En effet, la situation de ce secteur de l’Éducation National est en train de s’effriter : la situation sur le terrain devient de plus en plus insupportable avec des sous-effectifs quotidiens comme nous le raconte Dimitri, directeur de CLAE toulousain et membre du collectif Toulouse Animation en Lutte interrogé lors du rassemblement du mercredi 9 mars à Toulouse :

« Ça fait déjà 2 ans que le Covid est arrivé, ce qui a bouleversé tous nos fonctionnements, une pression énorme a été rajoutée sur les animateurs ce qui conduit à une vague de désistements liée aux conditions de travail ou bien des burn-outs. Mais la crise que connaît le monde de l’animation date pas d’hier, on n’a pas attendu le Covid pour commencer à revendiquer une amélioration de notre travail. Par exemple, les horaires découpés tuent notre métier, venir travailler le matin à 7h30 ça intéresse qui aujourd’hui. Les temps pleins sont aussi très rares, seulement réservés à la direction, la plupart des anims tournent autour de 20h ce qui donne des salaires minables. Par exemple à Toulouse, un loyer d’un studio revient à 400 euros, le salaire à 600 euros, on peut à peine payer notre loyer et remplir notre frigo, comment on peut vivre dignement avec 600 balles par mois, c’est impossible. »

La réponse du gouvernement face à cette situation a été la mise en place des assises de l’animation dirigée par Sarah El Hairy, secrétaire d’État chargée à la Jeunesse et de l’Engagement, en novembre 2021. Ces assises qui ont été réalisées sans la participation des organisations syndicales ni d’acteurs de l’animation, ne proposent aucune réponse viable et révèle le mépris du gouvernement. Les solutions proposées par les assises s’articulent autour de 25 propositions pour « inventer l’animation de demain ». Elles ne proposent en réalité qu’une réponse pansement au manque d’attractivité de l’animation qui connaît une crise majeure (fermeture de plusieurs milliers de centres ou colonies de vacances par an) avec une ouverture du BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateurs) en éliminant les jurys de celui-ci, l’abaissement à 16 ans de l’entrée en formation ou encore l’annonce de 20.000 bourses pour le financer. Ces mesures n’ont jamais pris en compte les revendications des travailleurs.euses, ne mentionnent pas la question salariale, des contrats horaires hachés ou encore l’augmentation des moyens alloués.

Face au mépris de ces assises qui reflète une fois de plus la politique de ce gouvernement, le secteur de l’animation continue sa lutte que ce soit à travers des collectifs comme France Animation en Lutte ou à des appels intersyndicaux. Les dates d’appel à la mobilisation au niveau national du 9 et 10 mars avec des rassemblements prévus comme ce mercredi à Toulouse place du Capitole ou encore le rassemblement du 10 devant la Bourse du Travail à Paris en sont des exemples.

Les revendications, que ce soit de la part du collectif ou des syndicats, sont portées sur une vraie restructuration de leur travail à travers la fin des horaires coupées, de l’accès à un 35 heures ainsi qu’un réel investissement dans les structures et le matériel. À cela, s’ajoute aussi la création de formations professionnalisantes avec des CDI à la clé qui permettraient la reconnaissance de ce métier qui est nécessaire dans de la vie éducative. Pour finir, la question des salaires est bien sûr au centre des revendications. Les contrats ne permettent aujourd’hui à un animateur de vivre que de manière précaire avec seulement 800 ou 900 euros par mois, d’autant plus en cette période de crise où les prix flambent, de l’essence aux produits alimentaires.

Comme nous le dit Dimitri lors de l’interview, la lutte n’a pas prévu de s’arrêter avec ces dates : « Nous, on a commencé déjà à faire des coordinations nationales un peu partout en France, cela prend dans plus de villes que d’autres, mais les liens comment à se mettre réellement en place et à fonctionner. Les gens sont motivés, maintenant, il est important de consolider aussi nos bases locales, la lutte finit toujours par payer. Il faut aussi maintenant continuer notre auto-organisation tout en consolidant nos liens avec les parents d’élèves avec les associations de parents d’élèves et les autres secteurs de l’Éducation. Ça sert à rien de faire des grèves les anims d’un côté ou les AESH de l’autre parce qu’il n’y a pas d’impact, il faut qu’on se rassemble, qu’on soit plus puissants tous ensemble, c’est la base du collectif. »

Il est donc important pour le secteur de l’Éducation que ces mobilisations continuent de s’organiser tout en essayant de se lier avec d’autres secteurs comme celui du social qui a connu lui aussi durant les mois de décembre et janvier de nombreuses mobilisations inédite comme celui des ATSEM ou encore le médico-social. Dans un contexte où les prix de l’énergie vont flamber avec la guerre en Ukraine, il est sûr que ce sont les classes populaires et les travailleurs les plus précaires qui vont payer. Dans ce contexte, il s’agit de s’atteler à construire une mobilisation par la base, en créant des liens entre différents secteurs, avec les travailleurs de l’éducation et au-delà.


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