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Interdiction des licenciements !

Montauban. Les salariés de Place du Marché occupent l’entreprise contre les licenciements

Suite à la liquidation judiciaire du groupe Place du Marché le vendredi 13 janvier, 1 900 salarié.e.s ont été brutalement licencié.e.s. C’est énorme casse sociale qu’ils refusent avec l'occupation de deux centres de préparation de commandes sur les trois que compte l'enseigne, dont celui de Montauban près de Toulouse.

Dorian Maffei

10 février 2023

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Un plan de licenciement colossal

Le 13 janvier le tribunal de commerce de Lyon a confirmé la liquidation judiciaire du groupe Place du Marché (ex-Toupargel). 1 900 salarié.e.s du groupe se retrouvent ainsi licenciés : 1 600 de Place du Marché auxquel.le.s s’ajoutent 300 autres de la filiale européenne Eismann. C’est l’un des plus importants plans de licenciements de ces derniers mois en France.

« Il faut que [...] tout le monde trouve son compte, de celui qui vient d’arriver à nos anciens qui ont fait toute une vie chez Place du Marché. Il faut penser à eux parce que socialement c’est compliqué de rebondir à trois ou quatre ans de la retraite. [...] Il n’y a pas que le côté financier et matériel, il y a aussi le côté psychologique et social » – Céline, employée licenciée

Place du Marché regroupait plus d’une centaine d’agences et trois centres de préparation de commandes dont celui de Montauban (Tarn-et-Garonne) où travaillait une soixantaine de personnes. Sur le site de Montauban ils étaient employé.e.s de la logistique, télévendeur.euse.s, livreur.euse.s et certain.e.s travaillaient ici depuis 10 ou 15 ans. Ils ont reçu ce lundi leur lettre de licenciement.

Mardi 31 janvier, le site leur a été ouvert une dernière fois et depuis, certain.e.s salarié.e.s licencié.e.s n’en sont jamais ressorti.e.s et dorment sur le site. La colère face au plan de licenciement a donc pris la forme d’une occupation permanente à durée illimitée du centre de Montauban suite à un vote en assemblée générale le 2 février. Le site d’Argentan (Orne), qui était le plus grand centre de préparation avec 90 employé.e.s, est également occupé.

Du rachat à la liquidation : les raisons de la colère

Fin décembre 2019, Toupargel était rachetée par Léo et Patrick Bahadourian via leur holding Agihold. Milliardaires, ils sont actionnaires de Grand frais, possèdent à eux deux la 90ème plus grande fortune de France et sont cités dans le scandale des Panama Papers pour évasion fiscale comme le révélait Médiacités en 2020.

Pour être autorisée par le tribunal de commerce de Lyon à racheter le groupe, Agihold s’était engagée à conserver tous les emplois pendant 2 ans sous peine de pénalités de 10 000 euros par salarié. Les deux frères promettaient alors de redresser Toupargel qu’ils ont transformé en Place du Marché. Trois ans plus tard, c’est tout l’inverse. Si les propriétaires accusent la crise sanitaire et l’inflation due à la guerre en Ukraine, ces derniers semblent plutôt avoir tiré profit de la liquidation judiciaire et cela au détriment des salarié.e.s

Reprise sans dette, des éléments laissent penser aux salarié.e.s que rien n’a été fait pour empêcher la faillite de l’entreprise. Après le rachat, les bâtiments ont été vendus à la holding Agihold, à laquelle Place du Marché a donc dû verser un loyer, et qui en reste propriétaire. Par ailleurs, plusieurs personnes ont continué à être embauchées dans les derniers mois alors même que l’entreprise connaissait déjà un plan de redressement judiciaire.

De plus, le ministre délégué à l’industrie Roland Lescure apprenait le 17 janvier aux salarié.e.s licencié.e.s que leur groupe avait bénéficié d’un prêt garanti par l’État de 35 millions d’euros en juin 2022 « pour la sauver ». Une énorme somme dont les salarié.e.s questionnent aujourd’hui la destination. « Ils sont où ces 35 millions ? » lance Céline avant d’affirmer : «  ils sont partis avec notre argent, et nous, on veut récupérer ce qui est à nous ! ».

En somme, les frères Bahadourian ont profité du rachat pour récupérer les aides et le fonds immobilier de l’entreprise sans se soucier de mettre à la porte presque deux mille salarié.es. Ces derniers se retrouvent avec le minimum légal d’indemnités de licenciements.

Face à la violence sociale les salariés s’organisent

Face à la violence sociale qu’ils subissent, le combat des salarié.e.s de Place du Marché est plus que légitime. Une centaine de salarié.e.s de Place du Marché avait manifesté à Lyon à l’occasion du jugement le 11 janvier et parmi eux, neuf venaient de Montauban. Les salarié.e.s licencié.e.s du site du Tarn et Garonne continuent de recueillir du soutien, à l’image de la caisse qu’ils ont fait circuler dans la manifestation contre la réforme des retraites du 7 février.

C’est donc sur deux sites que les salarié.e.s ont choisi d’occuper les locaux pour refuser leurs licenciements et imposer leurs revendications à la direction. Jusqu’ici, cette dernière a refusé à la fois d’ouvrir des négociations, mais aussi d’accorder aux salarié.e.s la prime supra-légale (indemnité de licenciement supérieure au minimum légal) qu’ils demandent.

Si les salarié.e.s de Place du Marché sont aujourd’hui licencié.e.s, ce sont les patrons du groupe qui sont responsables et bénéficient de la situation. Ces derniers ayant des fortunes colossales, ils ont largement les moyens de payer les conséquences sociales de leurs agissements.

Plus largement, dans un contexte de récession mondiale, les faillites et licenciements risquent de se multiplier. Le cas des salariés de Place du marché montre qu’il est urgent de défendre l’interdiction des licenciements pour qu’aucun travailleurs n’ai à payer la crise. Tout notre soutien aux travailleur.euses de Place du Marché !

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