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Un rapport préconise de porter les frais d'inscription à l'université à 1000 euros

Multiplier par 5 les frais d’inscription à l’Université, et puis quoi encore ?

G.Gorritxo Un rapport récemment publié évoque entre autres la possibilité de porter les frais d’inscription à l’Université à 1000€ par an, contre 184€ pour une licence aujourd’hui. Une bonne occasion pour le gouvernement de se donner une image d’opposition en refusant cette éventualité, tout en laissant le débat s’installer dans le paysage, et les réacs marteler une fois de plus à quel point le système français serait un privilège…

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Augmenter les frais, une vieille marotte…

Cela n’est pas la première fois qu’une telle proposition est faite. L’an passé, l’OCDE, le Sénat, les think tank Terra Nova ou Institut Montaigne l’avaient déjà évoqué. Aujourd’hui, c’est la publication d’un rapport commandé en septembre 2014 par Belkacem et Fioraso qui le remet sur la table, tout en faisant mine de ne pas y toucher.

En effet, l’augmentation des frais à 1000€/an y est évoquée comme pouvant rapporter 767 millions supplémentaires, mais n’est pas reprise dans les 21 propositions, car trop « délicate politiquement et socialement » pour les auteurs du rapport.

Augmente ? Augmente pas ?

La ministre de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, a sauté sur l’occasion pour affirmer qu’il n’était pas question d’augmenter les frais. Une bonne occasion pour le gouvernement (ainsi que pour l’UNEF et la FAGE, qui porte une grande responsabilité dans les dernières lois de casse de l’Université) de se redonner une image d’opposition (à son propre rapport, ne l’oublions pas). L’État se donne un aspect social, quand en réalité, une augmentation des frais ne lui profiterait pas forcément, car il entraînerait une augmentation des bourses à prendre en charge.

Cela permet en même temps d’installer le thème dans le paysage, selon la vieille tactique de « briser les tabous » (comme le seraient aussi l’âge de départ à la retraite, le salaire minimum, le CDI, les 35h…) et de laisser argumenter les plus réacs. Sur ce thème, cela fait longtemps que le « Prix Nobel d’économie » Jean Tirole crie à qui veut l’entendre que le modèle français serait trop social, coûterait trop cher, voire que « l’absence de frais d’inscription bénéficie aux classes aisées »… Mais bien sûr… En faisant un petit tour européen, on pourrait répondre aux Tirole et consorts que les frais d’inscription en France se situent dans la moyenne 1, que des nombreux pays ont la gratuité totale, et que non, nous ne voulons pas de frais à plus de 10.000€ comme en Angleterre, ni des 1100€ espagnols, qui obligent les étudiants à s’enchaîner aux banques par des prêts avant même d’avoir trouvé un emploi, pour ceux qui en trouvent. On nous répondra peut-être cet argument souvent entendu comme justification, mêlant la stupidité au racisme, selon lequel les étudiants chinois verraient les frais d’inscription bas comme signe de mauvaise qualité, et se précipiteraient tous en Angleterre payer 10.000€/an.

Mais alors, à quoi sert ce rapport ?

S’il permet de tester un peu les organisations étudiantes, comme cela avait été fait récemment avec l’évocation de la suppression des APL, le rapport cache, derrière l’apparent refus d’augmenter les frais, d’autres propositions du même acabit. On y conseille aux universités d’augmenter les frais des Diplômes Universitaires, fixés localement eux. L’Université Toulouse-1, où enseigne Jean Tirole justement, est pionnière en la matière. On y explique aussi qu’il faut « réexaminer l’offre de formation » en fonction des moyens, c’est-à-dire supprimer les filières vues comme non-rentables, ou encore de « rationaliser le parc immobilier », en s’appuyant notamment sur les fusions/regroupements permis par la loi Fioraso du 22 juillet 2013.

Ne pas se bercer d’illusions, préparer la riposte

En 2012, 85 organisations, syndicats ou associations lançaient un appel à Hollande « Pour un big-bang des politiques de jeunesse », et se rendent compte aujourd’hui que le big-bang n’a pas eu lieu. De même, l’UNEF voyait en Hollande, puis en Benoit Hamon, l’espoir d’inverser la dynamique (et acceptait donc la loi Fioraso). Au contraire, nous n’avons jamais véhiculé d’illusions sur un gouvernement bourgeois qui iraient à l’encontre de la dynamique de casse de l’Université, entamé internationalement depuis au moins le processus de Bologne en 1999.

S’opposer à cette casse commence par revendiquer la gratuité des frais de scolarité, une fac ouverte aux enfants d’ouvriers et un savoir non pas neutre mais bien mis au service de notre classe sociale. Comme moyen d’y parvenir, aucune confiance dans le gouvernement ou les organisations de cogestion des universités, mais seulement en nos propres mobilisations. Nous devons tirer les leçons des mobilisations contre les augmentations des frais qu’ont connues notamment l’Angleterre et l’Espagne, ou plus récemment le Chili. Seule une université occupée et gérée par les étudiants et les personnels eux-mêmes pourra réaliser ces tâches !


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