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Rétrospective

Noël 2019 : quand les grévistes refusaient la trêve et continuaient la grève pendant les fêtes

Il y a un an, la grève contre la réforme des retraites, menée par les travailleurs de la SNCF et de la RATP, secouait le pays. Retour sur les fêtes 2019, que ces travailleurs ont passé sur les piquets de grève.

Arthur Nicola

23 décembre 2020

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Cela semble faire une éternité. Et pourtant, il y a un an, la France était secouée par la grève contre la réforme des retraites. Cette grève, imposée par la base des travailleurs de la RATP, bientôt rejoints par ceux de la SNCF, s’était lancée le 5 décembre avec une première journée de mobilisation rassemblant 1,5 millions de manifestants. Pendant les deux premières semaines de grève, alors que le rapport de force se durcissait, une question commençait à tarauder les éditorialistes des chaînes d’infos : vont-ils continuer pendant les fêtes ? Les défenseurs les plus décomplexés du libéralisme voyaient alors, horrifiés, la détermination des grévistes qui s’apprêtaient à refuser toute trêve.

Cela n’était pourtant pas joué d’avance : contre le mandat de la base des grévistes, le syndicat UNSA annonçait le 19 décembre vouloir une trêve de Noël. Contre leur confédération, une quinzaine de sections UNSA appelaient alors à poursuivre le mouvement. De manière moins explicite, la confédération CGT appelait aussi à une trêve, appelant le 20 décembre à une date de mobilisation le 9 janvier, trois semaines après. Malgré ces appels à arrêter la grève, la réalité a été toute autre : le 25 décembre, les gares étaient vides, quelques trains circulant sur les centaines prévus ; des piquets de Noël étaient organisés devant les dépôts de bus, et dès le 26, la première manifestation appelée par la base des grévistes était organisée.

« Des Noëls on en aura plein d’autres ; la retraite, on en a qu’une » nous confiait le 19 décembre un cheminot de la gare d’Austerlitz, qui avait renoncé à ses vacances en Bretagne pour rester sur le piquet. Un état d’esprit qui illustre bien ce qui se passait alors dans la coordination RATP-SNCF, une assemblée rassemblant des représentants des différents dépôts de bus et gares en grève pour coordonner la grève en région parisienne. Face à la politique des directions syndicales, c’est cette assemblée, auto-organisée, qui avait appelé à une manifestation le 26 décembre, en plein Paris, et rassemblé plusieurs milliers de grévistes.

Le coronavirus a parfois fait oublier cet épisode de lutte de classe, qui aura été décisif pour pousser le gouvernement à reporter sa loi au début de la crise sanitaire. Aussi, alors qu’une crise économique et sociale sans précédent se prépare, sous le coup des suppressions d’emplois qui se font par milliers en ce moment, la combativité des grévistes de la RATP et de la SNCF à l’hiver 2019 doit nous inspirer pour l’année 2021, face à un gouvernement qui ne compte pas s’arrêter dans ses mesures antisociales. Une inspiration que l’on pourrait résumer en trois mots : grève, combativité, auto-organisation. Autant de bonnes résolutions pour 2021.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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