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Racisme systémique

"Non-contrôles" policiers : l’opération ciblait "des arabes, noirs, roumains" raconte un témoin

Après le discours de Macron sur Brut reconnaissant l’existence des violences policières, des syndicats de police ont appelé à une grève des contrôles et des interpellations pour protester contre les accusations de racisme. Une opération de communication qui masque difficilement le racisme structurel dans la police et montre une police déterminée à exiger plus de moyens pour réprimer toujours plus.

Irène Karalis

9 décembre 2020

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Crédits photo : Clément Lanot

Pendant son entretien de deux heures donné ce vendredi à Brut lors duquel il a tenté de redorer son blason et de draguer l’électorat jeune, Macron a été obligé de reconnaître l’existence des violences policières. Il a affirmé, “oui, il y a des violences policières, si vous voulez que je vous le dise je le dis, je n’ai aucun problème, mais je ne veux pas donner crédit à un concept”. Une tentative de calmer la colère face aux violences policières après l’agression de Michel Zecler qui est bien le résultat de la pression mise sur l’exécutif par la mobilisation contre la Loi Sécurité Globale, et non d’une quelconque inquiétude du président par rapport aux violences policières et au racisme dans la police.

Aussitôt, les syndicats policiers se sont indignés des paroles du président, continuant comme toujours à nier l’existence des violences policières et du racisme systémique dont la police est un pilier, à l’image du syndicat Alliance qui est allé jusqu’à lancer une cagnotte scandaleuse en soutien aux policiers qui ont agressé Michel Zecler. Stanislas Gaudon, délégué syndical d’Alliance, a dénoncé les accusations de “contrôles au faciès institutionnalisés”, quand dans le même temps, l’Unité-SGP-Police déclarait les propos de Macron “inacceptables” et appelait à une grève des contrôles et des interpellations.

Des actions de policiers ont donc eu lieu lundi soir et ce mardi. À Vitry, sur fond de musique des Bisounours, des policiers ont effectué de grands barrages, bloquant deux voies sur trois. Le but : répondre aux accusations de contrôles au faciès en contrôlant tout le monde. Ceci en mobilisant le fameux argument de « l’ami noir » : “tous les jours on entend que les policiers sont violents, que les policiers sont racistes, mais il y a des collègues qui sont noirs, il y a des collègues qui sont arabes”. L’action visait à redorer l’image de la police au sein de la population dans ce contexte de remise en cause des violences policières, tout en demandant plus de moyens pour pouvoir réprimer plus aisément. On pouvait ainsi lire sur une feuille accrochée à un de leur véhicule : “ni violents ni racistes, juste gardiens de votre paix. Nous continuerons de vous protéger si on nous donne les moyens de le faire…”

Ce mardi matin, à la gare de Raincy, afin de tenter de démentir les accusations de contrôles au faciès, des policiers ont cette fois effectué des NON contrôles d’identité, distribuant des récépissés de NON contrôles d’identité aux personnes qui sortaient des trains. Piètre tentative pour démentir les accusations de racisme car en réalité, la plupart des personnes contrôlées étaient des personnes racisées... Dans un thread sur son compte Twitter, la journaliste Sihame Assbague sur Twitter, cite le témoignage d’Ali, voyageur, qui raconte comment les policiers ciblaient particulièrement les voyageurs racisés : “De ce que j’ai vu ils ciblaient surtout des arabes, noirs, roumains. Il y a qui ont eu peur, qui ont tout de suite voulu présenter leurs papiers et les policiers leur ont dit que non justement, aujourd’hui il n’y avait pas de contrôle…”. Chassez le naturel...

Une opération de communication qui a apparemment bien fait rire les policiers mais ne nous fait pas oublier la mort de Zyed, Bouna, Adama, et de bien d’autres personnes mortes entre les mains de la police simplement parce qu’elles étaient racisées. Plus encore, la manifestation de policiers devant la DTSP 93 à Bobigny ce mardi filmée par Clément Lanot exprime le fait que les policiers refusent de lâcher quoi que ce soit sur leurs prérogatives, bien au contraire. Ils exigent toujours plus de moyens pour assurer leurs tâches de répressions qui consistent principalement à réprimer et gazer des manifestants, harceler les habitants des quartiers populaires, matraquer des lycéens ou encore expulser des camps de réfugiés.

Alors qu’il s’est vu forcé de reconnaître l’existence des violences policières - on se rappelle de Darmanin qui, quelques mois plus tôt, affirmait s’étouffer en entendant ce terme -, Macron a rapidement cherché à brosser l’institution policière dans le sens du poil et à maintenir le cap autoritaire du gouvernement. Il a ainsi annoncé un « Beauvau de la sécurité » visant à augmenter les moyens de la police en augmentant le budget alloué à l’intérieur. Au programme : concertations avec les syndicats de police, augmentation des moyens de la répression et renforcement de l’impunité policière.


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