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Mal-logement à Bordeaux

Nouvelle menace d’effondrements d’immeubles : jusqu’à quand Bordeaux échappera-t-elle au drame ?

Mercredi dernier, deux immeubles ont été évacués Place Gambetta à Bordeaux alors qu'ils menaçaient de s'effondrer. Un scénario récurrent pour les habitants bordelais du centre-ville, qui vient réaffirmer la nécessité d'exiger des moyens massifs pour faire face au mal-logement dont les effondrements n'en sont qu'un symptôme.

Agapé

31 mai 2022

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Crédits photo : Ville de Bordeaux

Un scénario catastrophe qui devient récurrent dans la ville girondine

Ce mercredi 25 avril, après un "arrêté de péril imminent", une dizaine d’habitants et plusieurs locaux d’entreprise de la Place Gambetta ont reçu l’obligation d’évacuer les lieux le plus rapidement possible avant la fin de journée. En cause : une fissure remarquée par un ouvrier sur un mur porteur, dont l’expertise lancée dans la foulée a entraîné l’évacuation de deux immeubles pour « risque d’effondrement imminent ».

« Il y a une situation de fragilité sur un mur de refend, un mur porteur à l’intérieur de l’immeuble. Donc on est vraiment sur un risque d’effondrement imminent » rapportait l’expert auprès du Tribunal administratif appelé par la Mairie, la veille de l’évacuation. Cette expertise commanditée par la mairie fait suite à un signalement effectué le lundi de incité Bordeaux Métropole Territoire.

Résultat : en plus des deux immeubles concernés, le n°12 bis et le n°13, quatre bâtiments voisins ont été évacués par crainte d’un effet domino. Cela concerne sept locataires et huit entreprises, dont cinq commerces.

Une situation dramatique pour les habitants et les commerçants sous le choc. Un employé d’une boulangerie rapportait pour SudOuest : "on se prépare à tout fermer, et on ne sait pas combien de temps ça va durer, des semaines ou des mois".

Crédits photo : Candice Olivari pour France3

Malheureusement, ce n’est pas une première à Bordeaux, et si l’évacuation des immeubles est terrible, les démarches, l’attente et la lenteur des avancées qui s’en suivent sont tout autant source de difficulté et de situation précaire pour les locataires. Alors que nous relations en début d’année les limites de cet accompagnement au travers du témoignage d’un étudiant qui a vécu l’effondrement des deux immeubles de la rue la Rousselle, l’histoire semble se répéter une nouvelle fois. C’est du moins, ce que peuvent nous faire penser les propos de Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l’habitat, avouant à SudOuest : "on n’a aucune idée des délais".

Depuis un an, et surtout depuis l’effondrement au bilan qui relève du "miracle" pour reprendre les termes des secours, des immeubles rue de la Rousselle, l’état des bâtiments au centre ville de Bordeaux inquiète. Quelques jours avant ce drame évité de justesse, des immeubles s’étaient effondrés dans le quartier Saint Michel. Quelque temps après, ce sont les fondations d’un immeuble rue Buhan, dont les escaliers rongés par des termites se sont effondrés, entraînant l’affaissement du bâtiment. Depuis, les renforcements en bois bloquant l’ensemble de la rue au niveau des bâtiments à risque ne cessent d’apparaître. En début d’année, de nouveau rue de la Rousselle, un immeuble de plus s’est éboulé seulement un jour avant l’évacuation ordonnée des habitants.

Stéphane Pfeiffer, adjoint à la mairie en charge du logement reconnaît s’être « rendu compte qu’[il y] avait un problème d’habitat indigne très prononcé  » et qu’ « il y a un problème global d’entretien par les bailleurs  », pourtant il n’est plus possible d’attendre que les immeubles menacent ou s’écroulent en se contentant d’expertises pour réagir. Entre risques d’effets domino et défaut d’entretien, la mairie a annoncé pouvoir accompagner certains locataires mais renvoie la responsabilité aux propriétaires. Selon le maire, 60 % des immeubles de Bordeaux ont été construits avant 1948 : faute d’entretien, ces immeubles risquent aujourd’hui pour une partie de s’effondrer. Depuis les effondrements rue de la Rousselle, un audit a été lancé pour repérer tous les immeubles vétustes de la ville : 5% seraient à risque, soit 7 000 logements.. Pour autant, la situation est très certainement plus inquiétante encore : d’après Rue 89, près de 900 arrêtés de péril n’ont pas été suivis pendant 10 ans !

Bordeaux échappe pour l’instant au drame, mais jusqu’à quand ? Si la pierre girondine, particulièrement friable et en demande d’entretien, est une spécificité importante à prendre en compte, les négligences des propriétaires véreux et des marchands de sommeil, autant en amont qu’après les effondrements, mettent en danger la vie de milliers de personnes. Les seules expertises ne peuvent suffire aux dangers qui ne cessent de se confirmer au fil des évacuations et des effondrements : les moyens doivent être mis pour éviter que les drames ne surviennent. Ainsi, au-delà de réelles solutions de relogement digne pour les personnes évacuées et celles qui le seront, c’est un plan de rénovation du centre ville de Bordeaux qui doit être décidé. Un plan à élaborer à partir de comités de quartier en lien avec les experts sur la question, afin de pouvoir faciliter la radiographie des besoins mais aussi assurer sa mise en place par la suite. La temporisation, la lenteur des démarches des différents pouvoirs publics se pliant aux limites de la propriété privée font que nous ne pouvons leur faire confiance pour régler la situation. Quartier par quartier, les habitants doivent s’organiser et reprendre leurs affaires en main. L’expropriation des propriétaires est une question centrale, leurs intérêts financiers sont incompatibles avec l’intérêt de la majorité d’avoir des logements dignes et accessibles, les évènements en cours à Bordeaux depuis un an ne font que le confirmer. La réponse doit être à la hauteur des drames potentiels que peuvent provoquer les trop nombreuses situations de mal logement à Bordeaux.


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