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Escalade autoritaire

Nouvelle méthode de pression. La police exige les images prises par des médias indépendants !

Cette semaine plusieurs médias indépendants ont reçu une requête inhabituelle : la préfecture de police demande « l’intégralité des séquences » qui ont été tournées place de la Bastille à la manifestation du 28 novembre.

Petra Lou

5 décembre 2020

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Crédit photo : Ulrich Lebeuf / MYOP

Dans un contexte où l’on assiste à une véritable escalade sécuritaire de la part du gouvernement, avec la Loi sécurité Globale notamment, accompagnée d’une multitude de mesures visant à renforcer l’arsenal répressif de l’État, plusieurs mobilisations ont débuté, réunissant des centaines de milliers de manifestants, pour contester ce tournant répressif.

Dans un communiqué de Quartier Général, la rédaction explique qu’ils ont été contactés par la “Sûreté territoriale de Paris”, instance qui dépend de la Préfecture de police, sans donner plus de précisions. Après les avoir recontactés pour comprendre quelle était leur demande, un officier de police affirme chercher le contact d’un de leurs reporters, Adrien AdcaZz, - qui avait été placé en garde à vue le 12 septembre dernier, affaire ensuite classée sans suite - qui était présent Place de la Bastille le samedi 28 novembre, pour récupérer toutes ses images !

La suite des événements décrits dans le communiqué est troublante :

« Stupéfaits par une demande aussi audacieuse s’agissant d’un reporter de presse, nous n’avons pas donné suite, ni communiqué les coordonnées de ce dernier.
La chose ne s’est néanmoins pas arrêtée là. Le surlendemain, notre entreprise a de nouveau été contactée par la Sûreté territoriale de Paris, tandis que, de son côté, notre journaliste a été abreuvé d’appels masqués et de messages vocaux par cette même instance. Sept messages au total. Chose troublante, le brigadier qui lui a laissé ces messages disposait de son numéro de portable personnel, et l’a également appelé par son véritable nom, celui qu’il utilise pour filmer sur le terrain étant un pseudonyme. Ces renseignements sont pourtant des données privées. Comment a-t-il pu en disposer ? Sur quel fichier ce numéro figure-t-il ? Un opérateur de télécom a-t-il pu le délivrer ?
 »

D’autres journalistes ont également été contactés par mail, comme Taranis News, ou encore des journalistes indépendants, comme Yazid Bouziar, étudiant à l’Institut européen de journalisme qui a reçu un mail de la Sécurité territoriale marqué "URGENT", accompagné d’une demande de « l’intégralité des séquences  » filmées lors de la manifestation, après que son père ait lui aussi reçu un coup de fil de la Sécurité territoriale avec insistance pour exiger de lui le numéro de son fils.

Selon le média Arrêt sur Images, ce sont pour l’instant 5 journalistes qui ont reçu ce type de requête. Après avoir malmené des journalistes comme celui de Quartier Général le 12 septembre dernier, pour « participation à un groupement », « refus d’obtempérer à un ordre de dispersion », et « dissimulation de son visage », la préfecture de Police met aujourd’hui la pression sur les journalistes pour qu’ils collaborent avec ellei.

La préfecture ne semble pas sereine quant aux images qui ont été prises ce 28 novembre ; on peut supposer qu’elle souhaite, en plus des coups de pression, préparer d’éventuelles lignes de défense face à des images qui pourraient être publiées, car, comme à chaque grande mobilisation, la répression a évidemment été de mise.

Le gouvernement continue son escalade sécuritaire, après son échec à créer une adhésion autour de sa politique, en s’appuyant sur l’ensemble des mécanismes les plus anti-démocratiques de la Vème République pour rogner toujours plus sur les droits fondamentaux, comme la liberté de manifester, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté d’association, la liberté religieuse…. qui sont toujours plus remises en question.

Nous envoyons tout notre soutien aux médias et journalistes qui subissent la pression de la Préfecture Lallement et de la police. Contre cette escalade sécuritaire qui prépare la contention et la répression des mouvements à venir, nous devons plus que jamais construire un rapport de forces pour imposer le retrait de l’ensemble de ces lois liberticides, et mettre un arrêt à toutes les offensives en cours du gouvernement Macron qui veut faire payer la facture de la crise au monde du travail, à la jeunesse et aux quartiers populaires.


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