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Casse de l'hôpital public

« On crache au visage de tous les soignants » : pour recruter, l’ARS encourage la contractualisation à coup de primes

Lundi 17 janvier, l’ARS Île-de-France a annoncé la mise en place d’un dispositif de « fidélisation » des contrats courts en donnant des primes allant de 4 000 à 7 000€ aux hospitaliers contractuels qui signent un contrat de six à neuf mois pour pallier le manque de personnel. Loin de représenter une avancée pour l’hôpital public et son personnel, cette offre cache plutôt sa destruction de l’hôpital public et celui du statut de fonctionnaire hospitalier.

Maëva Amir

25 janvier 2022

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Crédits image : AFP

Alors que la 5e vague est loin d’être terminée avec la nouvelle souche du variant Omicron, l’ARS Ile-de-France tente d’attirer de nouveaux soignants pour pallier le manque de personnel en donnant des primes allant de 4 000 à 7 000€ aux hospitaliers contractuels qui acceptent de signer un CDD de six à neuf mois. Un contractuel percevra alors 3 862€ brut plus environ 700€ de primes par mois avec ce nouveau dispositif.

Alors que les hospitaliers sont en première ligne du Covid depuis 2 ans maintenant et que le gouvernement les méprise à coup de primes dérisoires, ce dispositif ne concerne que les contractuels et n’est que temporaire. Marie-Pierre, infirmière et co-présidente du collectif Inter-Urgences explique : « Ils prennent le problème à l’envers en arrosant les CDD à coup de primes et crachent au visage de tous les soignants qui attendent une revalorisation de leur salaire sans se demander pourquoi il manque autant de personnel dans les hôpitaux ».

A rebours de l’état d’esprit des soignants, la directrice de l’ARS Amélie Verdier se félicite de cette « opération coup de poing » qui n’est en réalité qu’un pansement sur une plaie béante. Derrière les effets d’annonces et l’offre alléchante, ce dispositif de « fidélisation » n’est en aucun cas une avancée pour les hospitaliers et leurs conditions de travail ; si ce n’est une avancée vers la destruction de l’hôpital public et du statut de fonctionnaire hospitalier.

En effet, de nombreux syndicats hospitaliers et soignants se sont insurgés face à ce nouveau mépris envers les hospitaliers. Le 22 janvier, sur France Info, Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers a dénoncé cette « ubérisation » de la santé qui contribue en dernière instance à dégrader les conditions de travail des soignants. En effet, derrière les effets d’annonce, Marie-Pierre dénonce une « solution rapide et court-termiste. On ne regarde pas ce qui va se passer dans 3 semaines ou dans 3 mois pour le service. L’idée c’est juste remplir des lignes de calcul ». Cette prime n’est à long terme qu’un moyen de précariser le travail de soignant en offrant que des contrats courts sans lendemain en fonction des besoins au lieu de revaloriser les salaires de tous les hospitaliers. De ce fait, ces primes incitent fortement à la contractualisation plutôt qu’à la pérennisation d’équipes dans les services alors déjà que la part des fonctionnaires dans la fonction publique hospitalière continue de diminuer (68.1% en 2019).

De plus, ce dispositif ne résorbera en aucun cas sur le long-terme le manque criant de soignants dans l’hôpital public. Selon l’ARS, 3 000 postes sont vacants en Ile-de-France et 20% des lits sont fermés à cause des absences. Cette situation catastrophique est due à la souffrance des soignants au travail, accélérée par la crise sanitaire et par des années de casse de l’hôpital public.

« En moyenne, nous dit Marie-Pierre, les soignants ne restent que 5 ans dans la fonction publique ». Du fait du manque de moyen les soignants travaillent dans des conditions déplorables : salaires de misère, rappel sur leurs jours repos, journées à rallonge, heures supplémentaires aucun moyen n’est mis dans l’hôpital public. Rappelons également, que le gouvernement a supprimé 5 700 lits d’hôpitaux en pleine crise sanitaire ! Des suppressions qui impactent les conditions de travail des soignants contraints de trier leurs patients et impactent la qualité de soin pour des patients qui attendent des heures sur des brancards.

Contre toute tentative de division entre titulaires et contractuels et pour mettre fin durablement à la pénurie de soignants en pleine crise sanitaire il faut exiger des moyens pour l’hôpital public avec la réouverture massive de lits, la création de postes de titulaires avec des conditions de travail et des salaires dignes qui permettent d’exercer le métier de soignant sans négliger les patients. « Ce que l’on veut c’est qu’on nous aide à rester dans nos services et qu’on nous donne des moyens suffisants pour s’occuper des autres ! » conclue Marie-Pierre.


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