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Sélection

Parcoursup : les résultats sont tombés, au même titre que les espoirs des lycéens

Hier, sont tombés les résultats de Parcoursup, outil de sélection arbitraire. Cette année encore la déception et la colère des lycéens contre ce système discriminatoire se font sentir. Face au projet de société ultra-libérale défendu par Macron et son monde, préparons la riposte et exigeons une université ouverte à tous !

Lisa Mage

3 juin 2022

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Crédits photo : AFP

Ce jeudi sont tombés les premiers résultats de Parcoursup, outil de sélection créé par le gouvernement dans l’unique but de trier les étudiants, afin de garantir d’une part les études supérieures les plus prestigieuses aux étudiants aisés et d’autre part, de garder les étudiants les plus précaires en dehors de la fac.

Les premiers résultats sont tombés et, comme le titre Le Monde, c’est une « déception générale ». En effet, comme précise dans l’article, Alban Mizzi, sociologue : « Parcoursup expose ses candidats à l’incertitude que peut générer l’attente, à laquelle le processus oblige, en les plaçant dans des horizons temporels diffus […] Cela crée du stress. D’autant que cela vient s’ajouter au travail énorme fait en amont pour remplir les dossiers. ».

D’autant plus que les lycéens de 2022 sont ceux de la « génération Covid », dont la santé mentale fragile est d’autant plus soumise au stress de la pression scolaire. Comme l’ont montré les tragiques suicides étudiants.

« On sait tous que c’est aléatoire même les meilleurs sont en liste d’attente. Et finalement, on nous a saoulés avec les lettres de motivation et on a l’impression que ça ne sert à rien et que nos efforts sont inutiles » témoigne Esma, élève à Vaugelas à Chambéry.

Après deux ans de crise sanitaire : La machine à sélectionner est relancée

Bien que les résultats de cette année n’aient pas encore été entièrement révélés, les futurs bacheliers ont de quoi s’inquiéter. En effet, en 2021, comme nous l’expliquions dans un article, 1 lycéen sur 10 n’a pas été reçu dans l’enseignement supérieur lors de la phase principale d’admission, laissant plus de 54 000 élèves sur le carreau. Alors que les élèves de terminales ont passé trois années entre confinement et protocole sanitaire désastreux, ce qui a rendu très difficile le suivi des cours, en particulier pour les plus précaires, la machine infernale à sélectionner est relancée.

Parcoursup, c’est avant tout une plateforme très complexe de tri arbitraire des futurs étudiants selon des critères sociaux tels que l’établissement dans lequel est scolarisé l’élève ou ses activités périscolaires. Les plus discriminés de ce système soi-disant méritocratique sont les lycéens des quartiers populaires souvent en bac pro, quasiment exclu d’office de la faculté. « Mes camarades de classe sont pour la plupart en liste d’attente dans toutes leurs formations, avec pour simple prétexte le fait qu’ils sont en bac professionnel, ce qui n’aide en rien, car déjà la plupart des bacs pro sont en situation précaire et sont issus des quartiers populaires » explique Marco lycéen à Saint Genès La Salle à Bordeaux et militant au poing levé lycée.

Ce système opère donc un tri les bacheliers selon des critères sociaux arbitraires, et la sélection s’annonce d’autant plus rude cette année avec le renforcement des inégalités due à la crise pandémique et économique.

Parcoursup : un symbole de l’avenir proposé aux lycéens

Mais Parcoursup, c’est aussi un symbole de l’avenir qui est proposé aux futurs étudiants, entre mise en concurrence, précarité, sélection et discriminations. « Je vois les ravages d’inquiétudes qui traversent mes amis et camarades. En liste d’attente partout ou refusés dans leurs vœux principaux, le logiciel décide de nos avenirs de façon discriminante, surtout en étant dans un établissement des quartiers populaires » déclare Imogen, lycéenne à Brequigny à Rennes et militante au poing levé lycée.

Parcoursup s’inscrit dans le projet libéral de Macron pour l’Université, illustré durant le dernier quinquennat par la loi « Bienvenue en France » qui impose des frais d’inscription élevé pour les étudiants étrangers. Mais aussi l’augmentation des partenariats avec le privé ou encore la possibilité de mise en place de frais d’inscriptions élevés pour tous les étudiants.

En visite à Marseille avec le nouveau ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, caution progressiste du gouvernement Selon, le président des riches a continué sur sa lancée. En effet, si cette visite devait rassurer les travailleurs de l’éducation, le vernis progressiste de ce nouveau ministère s’écaille très vite, lorsqu’on s’intéresse au projet d’ « école du futur » proposé par le gouvernement. Ce qu’il propose c’est un système scolaire encore plus libéralisé et discriminant, avec davantage de pouvoir aux directeurs d’école, et la promesse de l’augmentation de la précarité du personnel de l’éducation nationale. Ce projet est déjà largement mis en œuvre à travers le renforcement de la contractualisation et les bas salaires côtés personnels.

Contre ce projet néolibéral pour l’éducation, pour une université ouverte à toutes et tous et des moyens pour le système éducatif, il faudra continuer de se mobiliser ces prochaines années. C’est en ce sens que nous exigeons la suppression de Parcoursup et de toutes les lois de sélection arbitraire ainsi que l’accueil et le droit à l’enseignement de toutes et tous, y compris pour les étudiants réfugiés qui sont en train de subir un traitement raciste de la part de l’État Français !


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