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Mépris

"Peut-être reprendre une activité" : Borne humilie une femme handicapée privée de l’AAH

Interrogée sur la déconjugalisation de l’Allocation Adultes Handicapés, qui empêche une personne de la toucher selon les revenus du conjoint, Borne propose à Dolores, en fauteuil roulant depuis un grave accident, de reprendre le travail. Alors que cette femme tire la sonnette d’alarme sur la dépendance et la précarité des personnes en situation de handicap, la réponse de la macronie est toujours la même : « Reprenez le travail ».

Lisa Mage

8 juin 2022

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Le 7 juin, dans l’émission « Ma France » sur France bleu, Dolorès, une femme en situation de handicap après un grave accident, interpelle la première ministre sur l’Allocation Adultes Handicapés (AAH) et notamment sur sa déconjugalisation : « Pour savoir si l’État compte faire quelque chose pour les personnes qui sont handicapées ». La réponse d’Elizabeth borne est cinglante, elle exhorte la femme à reprendre le travail, provoquant ainsi les pleurs de son interlocutrice : « J’adore quand madame la Première ministre dit de reprendre une vie professionnelle, mais vous savez quand vous arrivez en fauteuil… ».

« J’entends votre émotion » lui répond froidement Elisabeth Borne, élément de langage qu’apprennent les grands patrons, et les hauts fonctionnaires pour mimer la pitié. La voilà « l’aile sociale » de la macronie !

Cette sortie scandaleuse démontre à la fois le mépris total du gouvernement vis-à-vis des personnes en situation de handicap, mais aussi l’hypocrisie de la macronie. En effet, durant sa campagne, Macron s’était retrouvé dans la même situation que sa ministre et avait promis de « bouger » sur la question de l’AAH. Le versement de cette allocation pose problème puisque, d’une part, leur montant maximum est fixé à 903€ (soit en dessous du seuil de pauvreté) et d’autre part, il est conditionné au revenu du conjoint.e. De fait, au-dessus d’un certain revenu, les personnes en situation de handicap n’ont pas le droit à cette allocation : « J’ai fait la demande d’AAH, mais dans la mesure où mon époux touche 1 800 euros malgré un loyer de 1 000 euros à Nice, on me dit que j’ai le droit à rien, car on dépasse les plafonds. Sans mon époux, je serais à la rue. » dénonce Dolorès.

De plus, malgré la promesse de Borne de « regarder ce sujet », on constate aisément que ce n’est pas, et que ça n’a jamais été, dans les projets de la macronie. Dès son premier quinquennat, Macron voulait réviser les conditions d’attributions d’allocations afin d’ « inciter effectivement à la reprise d’activité ». Effectivement, cette ligne politique s’est exprimée à de multiples reprises puisque la majorité LREM a toujours fait barrage à la déconjugalisation de l’AAH, qui place les personnes handicapées dans une situation de dépendance. Cela met en danger ces personnes et particulièrement les femmes puisque, dépendantes, elles sont plus enclines à être victimes de violences et à continuer à les subir sous la menace de se retrouver sans moyens. De fait, 34% de femmes en situation de handicap ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la par de leur conjoint ou de leur ex-conjoint contre 19% pour les femmes qui n’ont pas de handicap, selon le rapport d’une mission interministérielle publié en 2019.

Ainsi, la sortie méprisante de la Première ministre met en lumière la politique néo-libérale de la macronie qui précarise toujours les personnes et particulièrement celle en situation de handicap, et ce, quitte à les mettre en danger. Il est inacceptable que des personnes soient contraintes rester dans un foyer maltraitant pour pouvoir survivre, faute de moyens. Il est nécessaire de réaffirmer ce droit élémentaire pour les personnes en situation de handicap de pouvoir être autonome et cela passe d’abord et avant tout par une indépendance financière de leur conjoint, ainsi que par une augmentation de l’AAH et son indexation sur l’inflation, comme cela devrait être le cas pour toutes les allocations, les pensions et les salaires !


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