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« 1 jeune, 1 solution » ou plutôt « 1 jeune, 1 précaire »

« Plan jeunes » : le gouvernement accorde plus d’aides au patronat et précarise les jeunes

Dans son plan de relance, le gouvernement dédie 6,7 milliards d'euros pour l'aide à l'embauche des jeunes de moins de 26 ans. Ce programme intitulé « 1 jeune, 1 solution » est non seulement tourné avant tout vers des aides au patronat, mais contient en plus des mesures qui vont accentuer la précarité des jeunes.

Sara Yuki

18 septembre 2020

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Crédits photo : MARTIN BUREAU / AFP

Jean Castex a annoncé un plan de relance de 6,7 milliards d’euros en 2020 et 2021 pour les entreprises qui embaucheront des jeunes de moins de 26 ans. Pour chaque nouveau contrat, les entreprises toucheront 1000 euros par trimestre pour l’aide à l’embauche. Concernant les places d’apprentis, l’aide s’élèvera à hauteur de 5000 euros par an pour un jeune et 8000 euros si celui-ci est majeur.

D’après Ouest France, cet automne, ce sont 750 000 jeunes qui cherchent à entrer sur le marché du travail. Or avec la crise économique qui se profile, la majorité d’entre eux vont se retrouver sans emploi, sans compter tous ceux qui ont perdu le leur pendant le confinement.

De la même manière que le plan de relance dans son ensemble, le programme baptisé « 1 jeune, 1 solution » est avant tout un plan d’aide au patronat. Selon Romaric Godin dans un article publié sur Mediapart, « l’argent public est dirigé vers les grands groupes, ceux qui précisément peuvent déjà le plus échapper à l’impôt ». Il rappelle également que si « Jean Castex a promis “160 000 emplois” d’ici 2021 grâce à ce plan, le nombre de destructions d’emplois sur 2020 est de l’ordre du million. »

De manière générale, ce plan va précariser encore davantage les jeunes. Notamment car il s’appuie sur l’augmentation des services civiques qui ne font que retarder l’entrée sur le marché du travail en maintenant les jeunes dans la précarité. En effet, un service civique ne peut pas dépasser un an et est rémunéré à hauteur de 580€ par mois pour un travail pouvant aller jusqu’à 32h par semaine.

Par ailleurs, pour toucher l’argent, les entreprises peuvent embaucher un CDI comme un CDD ; il sera donc facile de créer des CDD courts qui permettront de multiplier les embauches et remplir les caisses de l’entreprise. D’autant plus que la rémunération de ces emplois ne pourra pas dépasser deux fois l’équivalent d’un SMIC.

Ce plan n’a pas pour but d’aider les jeunes à trouver du travail mais plutôt d’améliorer temporairement les chiffres du chômage pour garder la face ainsi que de préserver les profits des entreprises.

La précarisation de la jeunesse n’est pas une nouveauté et ne cesse de s’intensifier avec la crise économique. Les grèves de jeunes travailleurs comme celle de Biocoop ou encore de la Bibliothèque publique d’information de Beaubourg (BPI) révèlent d’autant plus cette précarité, mais aussi qu’une frange de cette jeunesse commence à développer la volonté de relever la tête et lutter contre ce système.

Pour faire face à la crise économique, aucune confiance ne peut être accordée au gouvernement et au patronat. Ainsi, il ne s’agit pas de revendiquer des « contreparties » aux entreprises, mais plutôt d’organiser une lutte de l’ensemble de la jeunesse précaire et des travailleurs. Parmi les revendications de cette lutte devraient figurer l’interdiction des licenciements, le partage du temps de travail sans baisse de salaires et que chaque contrat soit un CDI. La jeunesse n’a pas à être la variable d’ajustement de la crise !


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