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Scrutin législatif de dimanche

Portugal. Victoire en demi-teinte pour la droite. Percée de la gauche anti-austérité

Dimanche 4 octobre les électeurs portugais étaient appelés aux urnes pour élire le Parlement. Se déroulant au milieu d'une cure sévère d'austérité qui dure depuis quatre ans, alors que la droite, au pouvoir dans le gouvernement sortant, agitait l’épouvantail grec, le scrutin permet à la droite de se maintenir au pouvoir même si elle ne disposera pas d’une majorité à la Chambre. . {} {{}} Ivan Matewan

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La coalition de droite sortante du Premier ministre Pedro Coelho a remporté le scrutin législatif avec 38,5 % des suffrages face au Pari socialiste qui en a récolté 32,5 %. Si la coalition formée par le Parti social-démocrate (droite) et les chrétiens-démocrates du CDS ont obtenu 104 sièges au Parlement, elle est tout de même bien loin des 116 requis pour former une majorité absolue et pour ainsi gouverner seule. Si la droite reste au pouvoir, elle n’est pas majoritaire à la Chambre.

Si le Premier ministre Coelho a déclaré dimanche soir que « l’alliance de droite a gagné », il a regretté que « la majorité claire n’y [soit] pas ». En effet, entre 2011 et 2015, la coalition de droite dirigée par Coelho a perdu 12 % des suffrages et ne pourra former qu’un gouvernement minoritaire dans un Parlement où les forces politiques de centre-gauche (PSP) et de gauche radicale (PCP et Bloc de Gauche) sont majoritaires. Encore inimaginable il y a quelques mois, cette victoire a notamment été rendue possible en brandissant le spectre grec et par des menaces, relayées par les médias nationaux, de faire du Portugal la prochaine Grèce si les électeurs faisaient le mauvais choix.

Cure d’austérité et spectre grec

Si les partis de droite sont parvenus à rester au pouvoir, c’est notamment en s’appuyant sur la récente capitulation de Tspiras et de Syriza en Grèce. Alors que les socialistes étaient donnés favoris dans les sondages depuis l’automne 2012, la droite a réussi, dans les derniers mois, à imposer dans le discours l’idée que le retour de ces derniers à la tête du pays serait désastreux, une faillite pire qu’en Argentine au début de 2001. C’est une logique de « nous ou le chaos » qui a progressivement fini par gagner l’opinion publique.{{}}

Celle-ci s’inquiétait en effet de voir tous ses efforts des dernières années réduits en poussière à l’instar de ce qui s’est passé en Grèce. La population dans son ensemble et les classes populaire au premier chef subissent une cure d’austérité sans précédent imposée par le Premier ministre Coelho depuis qu’il a pris le pouvoir en 2011 dans un pays au bord du défaut de paiement et sous tutelle de la Troïka. Cette cure sévère a provoqué des conséquences dramatiques pour des millions de jeunes et de travailleurs dans le pays : baisse de 7 % des salaires, refonte du droit du travail permettant de licencier plus facilement, augmentation du nombre d’heures travaillées dans une journée, baisse du pouvoir d’achat de 6 %...{{}}

Aujourd’hui si le taux de chômage est à la baisse, c’est très relatif. Il reste stable à 13 % (à 30 % chez les jeunes) et des millions de personnes ont quitté le pays où la précarité est la règle et plus d’un cinquième de la population vit sous le seuil de pauvreté.{{}}

Cultivant la peur, la droite n’a alors pas hésité à comparer le Parti socialiste à la formation politique « anti-austérité » Syriza, qui, à force de promesses… finit par appliquer l’austérité.

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L’anti-austérité en troisième position

La gauche anti-austérité a cependant fait une percée historique lors du scrutin de dimanche, devenant ainsi la troisième force politique du pays. Le Bloc de Gauche, souvent apparenté à Syriza, a doublé son score en obtenant 10 % des suffrages contre 5 % en 2011. Ainsi, il a dépassé pour la première fois le Parti Communiste Portugais, allié avec les Verts, qui n’a obtenu que 8 % des voix.{{}}

Si sa victoire relative provoque des espoirs dans la gauche radicale européenne, sa stratégie pour en finir avec l’austérité ne diffère pas fondamentalement de celle de Syriza ou de Podemos dans l’Etat espagnol. Elle privilégie en effet la signature d’accords larges et des négociations pour sortir de l’austérité par en haut à travers les institutions et ne développe pas un programme conséquent de convergences de luttes ouvrières et populaires, seules à même d’imposer aux capitalistes de payer leur crise. Et bien qu’elle n’ait jamais voté jusque-là de plan d’austérité proposé par la droite ou les socialistes, sa validation du consentement du Portugal au premier mémorandum imposé par la Troïka à la Grèce n’est pas sans laisser un arrière-goût amer...{{}}


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