« On a dû marcher des dizaines de kilomètres dans le froid, j’ai vu des gens mourir, c’était horrible. J’ai compris ce que voulait dire le mot guerre. On ne peut même pas aller à la préfecture demander des papiers, sinon on a le risque de recevoir une obligation de quitter le territoire français »
Ils sont plus de 200 étudiants à Paris 8 dans cette situation. Depuis le début du conflit, plus de 4 millions de personnes ont fui le pays pour échapper aux bombardements de l’armée russe. Parmi elles, de nombreuses personnes n’ayant pas la nationalité ukrainienne ont subi un tri raciste aux frontières ukrainiennes, un traitement différencié qui continue après leur arrivée en France : : « si tu n’as pas la nationalité ukrainienne, tu ne peux pas avoir de permis de travailler, tu dois travailler sans contrat », témoignait auprès de nous un étudiant réfugié.
À cela s’ajoute l’incertitude quant à leur avenir. Car si l’Union Européenne a mis en place un dispositif de protection temporaire, celui-ci ne concerne pas les réfugiés n’ayant pas la nationalité ukrainienne, ce que le gouvernement a tenu à rappeler, précisant que certains ne seront pas concernés par cette « protection internationale », en particulier « les ressortissants de pays tiers qui sont en mesure de regagner leur pays d’origine dans des conditions sûres et durables ». Après avoir reçu un récépissé, la plupart des réfugiés n’ayant pas la nationalité ukrainienne ont donc un mois pour trouver une solution, délai au terme duquel ils risquent d’être exclus du territoire français.
Or, alors que cela pourrait les aider à obtenir un titre de séjour, la plupart des universités refusent de donner toute garantie d’inscription à ces étudiants, voire les refusent, à l’image de l’université Aix-Marseille qui a spécifié à plusieurs étudiants que l’université n’était ouverte qu’aux étudiants ukrainiens. À Paris 8, plus de 150 étudiants ont déposé une demande d’inscription, et si la présidence s’est positionnée publiquement pour demander leur accueil, elle refuse jusqu’à ce jour de leur donner une quelconque garantie d’inscription.
C’est dans ce contexte que lundi dernier, une trentaine d’étudiants étrangers se sont réunis à Paris 8. Suite à un échange avec des avocats membres de Révolution Permanente, qui ont pu éclairer les étudiants sur leur situation, la discussion a débouchée sur la nécessité d’engager une lutte, pour obtenir l’inscription et la régularisation de tous les réfugiés. En ce sens, les présents ont voté de réunir une assemblée de tous les étudiants de l’Université lundi 11 avril, pour préparer la mobilisation nationale du jeudi 14, appelée par 15 organisations à l’initiative du Poing Levé.
Pour tous ces étudiants, et plus largement pour l’ensemble des réfugiés, il s’agit d’une situation d’urgence. Plus que jamais, nous devons exiger l’inscription des étudiants réfugiés d’Ukraine mais également la régularisation de tous les sans-papiers. Les étudiants de Paris 8 doivent se solidariser de ces plus de 200 étudiants qui ont fui leur pays et se retrouvent sans argent, sans garantie d’inscription et sans aucune certitude d’avenir. Rendez-vous ce lundi à 13h à Paris 8 en amphi B1 pour les soutenir et organiser la lutte !
