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Venezuela. Opération « Liberté » par la droite Vénézuélienne

Que s’est-il passé la journée de coup d’Etat au Venezuela ?

Explication des principaux faits d'un nouveau coup d'Etat qui se poursuit dans les rues lors de la journée internationale des travailleurs.

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Dès les premiers rayons du jour a eu lieu une nouvelle tentative de coup d’Etat déroutante menée par l’auto-proclamé président en exercice Juan Guaidó.
A travers les réseaux sociaux, le leader de la droite vénézuélienne a appelé la population à descendre dans la rue et les forces armées à perpétrer un coup d’Etat.

La figure principale de l’opposition de droite, Leopoldo López, a été vue, libéré de sa résidence, en compagnie de Guaidó et d’un groupe de soldats qui reconnaissent l’autorité de Guaidó. Lopez a vu sa grâce accordée par ces soldats pour la peine de presque 14 ans qu’il avait purgé depuis 2014.

Le nouveau soi-disant coup d’État de Guaidó a été rapidement soutenu par le sénateur américain républicain Marco Rubio ainsi que la droite régionale, la Colombie et l’Argentine à l’avant-garde.

La Maison-Blanche, peut-être avec plus de retard qu’à d’autres occasions, est venue soutenir cette nouvelle aventure, avec en tête le secrétaire d’État John Bolton et le conseiller à la sécurité nationale Mike Pompeo. « L’opération Liberté est en cours au Venezuela et le monde entier nous regarde. La sécurité de Juan Guaidó doit être garantie. Le peuple vénézuélien exige des changements, une transition démocratique pacifique et un retour à la prospérité. Il est temps que le régime illégitime se retire », a déclaré le secrétaire d’État Mike Pompeo, sur Twitter.

Le déroulement de la journée a été très confus et il a parfois été difficile de faire la distinction entre les nouvelles et les fausses nouvelles. Les tweet de la Maison-Blanche ont participé de cette confusion.

Mike Pompeo a déclaré à un journaliste de CNN : « Nous avons regardé pendant la journée, personne n’a vu Maduro depuis longtemps. Il avait un avion sur la piste, il était prêt à partir ce matin de ce que nous comprenons mais les Russes lui ont dit qu’il devait rester », a déclaré le fonctionnaire, soulignant que la destination était Cuba. Il a également rappelé que le Président Trump « a clairement indiqué qu’il garde toutes les options sur la table, y compris l’option militaire ».

Pour sa part, le président Donald Trump a renforcé l’hypothèse de la « fuite vers Cuba » par de fortes menaces contre l’île. « Si les troupes et milices cubaines ne cessent pas immédiatement les opérations militaires et autres dans le but de causer la mort et la destruction de la Constitution vénézuélienne, un embargo total et complet sera imposé sur l’île de Cuba, avec des sanctions au plus haut niveau », a déclaré le président.

L’opération, visant à inclure Cuba comme partenaire du régime Maduro dans ce que la droite appelle "l’usurpation" de la présidence, doit permettre de légitimer la tentative de coup d’Etat et à satisfaire en même temps la base électorale plus à droite.

Le gouvernement cubain a répondu. Le président cubain Miguel Diaz-Canel Bermudez a fermement rejeté les menaces de Trump et nié l’existence d’opérations militaires ou de troupes cubaines au Venezuela.

L’une des clés de la journée, présente dans la vidéo du matin de Guaidó, résidait dans l’éventuel changement de loyauté des secteurs des Forces armées vénézuéliennes. S’exprimant depuis la base militaire de La Carlota, flanqué d’une poignée de soldats, Guaidó a déclaré : « Il y a beaucoup de soldats... A tous ceux qui nous écoutent : c’est le moment, le moment est maintenant.... Nous allons retrouver la démocratie et la liberté au Venezuela ».

Dans l’après-midi, des images de Leopoldo López avec des soldats armés de mitrailleuses portant des rubans bleus sur les bras, marquant leur loyauté au coup d’Etat, ont été diffusées.

À la Maison-Blanche, John Bolton s’est ouvertement exprimé sur le coup d’État, enjoignant la population civile et militaire à faire pression sur trois hauts fonctionnaires du gouvernement qui, selon lui, étaient d’accord avec Guaidó pour que Maduro soit destitué : le ministre de la Défense Vladimir Padrino, le président de la Cour suprême Maikel Moreno, le commandant de la Garde présidentielle Rafael Hernández Dala, et le président de la Cour suprême. Bolton a déclaré que ces trois fonctionnaires négociaient depuis des mois avec l’opposition et qu’au cours de l’après-midi ou de la nuit, ils allaient prendre des mesures pour que des secteurs des forces armées appuient le camp du coup d’État.

Au fil de la journée, il est devenu évident que l’appel de Guaidó à la population n’a pas été entendu avec force. Les trois hauts fonctionnaires n’ont pas réussi leur coup.
Mais l’élément qui a rendu la journée si intrigante a été le silence de Maduro. Non seulement on ne savait pas où il se trouvait, mais le seul message transcendé était un tweet qui proclamait « des nerfs d’acier... J’appelle à la plus massive mobilisation populaire pour assurer la victoire de la paix. Nous vaincrons ».

Les signes que la tentative de coup d’Etat n’était pas conforme au plan étaient évidents. Le général Heleno, ministre de la Sécurité institutionnelle du gouvernement Bolsonaro, qui déclarait que l’annonce de Guaidó « s’est placée dans la bonne dimension, c’est-à-dire qu’il y avait un certain soutien des Forces armées, mais qui n’atteignait pas les échelons supérieurs ».

Leopoldo Lopez, pour sa part, a eu une véritable journée marathon. Il a commencé par la libération de son assignation à résidence, comme en témoigne la vidéo à côté de Guaidó, a passé plusieurs heures dans la manifestation à côté de Guaidó, s’est réfugié d’abord à l’ambassade du Chili et a fini à l’ambassade d’Espagne.

Juan Guaidó, a terminé la journée en appelant à une mobilisation pour le 1er mai dans le cadre de l’opération Liberté.

Vers la fin de la journée, Nicolás Maduro est sorti de l’ombre. Sur un ton triomphaliste, il a parlé de "l’échec de l’escarmouche du coup d’Etat". Il a fait valoir que 80% des militaires et des policiers convoqués à l’action matinale de Guaidó ont été convoqués sous de faux prétextes en montrant une vidéo dans laquelle un groupe de jeunes soldats expliquait ces événements. Ils disent avoir été menacés par les dirigeants du complot.

Bien sûr, il a nié les versions qu’il était sur le point de monter dans un avion mais empêché par les Russes, et a accusé les conspirateurs du coup d’Etat de violence répondant aux bombes lacrymogènes par l’utilisation d’armes à feu. Maduro a également appelé à une mobilisation pour la Fête des travailleurs.

Ce qui est certain, c’est que, parmi les objectifs probables de la droite vénézuélienne dans cette nouvelle aventure du coup d’Etat, la remise en liberté de son principal dirigeant, Leopoldo López est réussi. Il pourra soutenir cette tentative de coup menée par les Etats-Unis, où la figure de Juan Guaidó est déjà très usée.

Bien que le résultat favorise pour l’instant la continuité du gouvernement de Maduro, l’acteur qui en ressort réellement renforcé sont les Forces armées, qui sont le coeur du régime. La preuve en a été la forte présence de son leadership dans le discours du président.

Depuis le 23 janvier, l’impérialisme n’a pas épargné les appels, les manœuvres et les menaces pour tenter de briser les Forces armées afin de renverser Maduro. Après l’échec de leurs tentatives et l’impasse dans laquelle se trouvait l’offensive du coup d’État, ils se sont concentrés sur l’agression et l’asphyxie économique, qui aggravent les souffrances de la population, même si le coup d’État était encore latent puisqu’ils ont tenté de le renouveler ce mardi.

Comme le dit la déclaration de la Ligue des travailleurs pour le socialisme, une organisation de la Fraction trotskyste qui promeut La Izquierda Diario au Venezuela, réseau auquel appartient Révolution permanente, « Ceux d’entre nous qui s’opposent au gouvernement et aux politiques de Maduro doivent s’opposer fermement à cette avancée de l’impérialisme, dont Guaidó est le porte-étendard. Le gouvernement de Maduro, cependant, ne prend pas de véritables mesures anti-impérialistes, il se met simplement sous l’aile de puissances comme la Russie ou la Chine, tout en se défendant contre le coup d’Etat avec des méthodes bureaucratiques et militaires qui frappent aussi le peuple, et ne fait que renforcer les Forces armées comme véritable pouvoir et arbitre de la situation. C’est pourquoi nous n’accordons aucune confiance à ces forces armées, qui pourraient finir par négocier une sortie de crise avec la droite. La lutte contre le coup d’Etat et l’impérialisme doit se faire avec une totale indépendance politique, avec une politique des travailleurs eux-mêmes dans la perspective de nous renforcer également dans la lutte contre la misère à laquelle nous sommes soumis et l’autoritarisme du gouvernement ».


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