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Elections étudiantes

Quelles sont les listes présentes pour les élections étudiantes au Mirail ?

Les élections étudiantes de l’Université Mirail-UT2J ont lieu du 30 janvier au 1er février. En plein contexte de mobilisation contre la réforme des retraites et de début de mobilisation dans plusieurs universités en France, quelle est la politique défendue par chacune des listes ?

Le Poing Levé Mirail

29 janvier 2023

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Du 30 janvier au 1er février, les étudiant.es des différents sites de l’université Toulouse-II Jean Jaurès-Le Mirail, sont appelés à voter pour élire les représentants étudiants (pour deux ans) dans les conseils centraux de l’université, à savoir le Conseil d’Administration (CA) et la Commission Formation et Vie Universitaire (CFVU).

Ces élections ont lieu dans un contexte où la colère étudiante contre la réforme des retraites commence à s’organiser dans les universités. Au Mirail une AG de 300 personnes a eu lieu. Un début de mobilisation traversé par des grèves et manifestations massives et une opposition généralisée de l’opinion qui va plus loin que la seule question des retraites : derrière celle-ci se cache une mobilisation plus large face à l’inflation, aux conditions de travail et à la précarité dans la jeunesse.

Depuis les dernières élections universitaires au Mirail, Le Poing Levé est devenu la première organisation militante de la fac. Nous cherchons avec notre collectif à construire la mobilisation étudiante auprès des travailleur.euses pour lutter contre le gouvernement. Cela passe avant tout par la défense d’un programme d’urgence pour une université ouverte à toutes et tous et contre la précarité et la misère étudiante qui touche de plus en plus profondément les étudiant.es dans un contexte d’inflation et de sélection universitaire accrue. Pour cela, nous nous organisons depuis l’université en indépendance totale des présidences d’université et des conseils universitaires.

Historiquement ces conseils ont été le moyen utilisé par l’État français pour essayer de désamorcer la colère étudiante de Mai 68. Face au mouvement étudiant qui venait de faire la preuve de sa force en se liant aux millions de grévistes de 1968, le gouvernement a fait le pari d’attacher des représentant.es des étudiant.es, du personnel et des enseignant.es à ces conseils, afin que la colère s’exprime dans le cadre feutré d’un conseil universitaire loin des Assemblées Générales ou des manifestations.

Avec la liste du Poing Levé, portée par des militant.e.s de Révolution Permanente et des indépendant.e.s, nous le disons tout net : nous nous présentons dans ces conseils sans aucune illusion, face à l’anti-démocratie des conseils universitaires, il faut voter pour une liste de lutte ! Il ne s’agit pas que d’une question de nombre d’élu.e.s étudiant.e.s (6 sur 36 au CA, 16 sur 40 en CFVU). Tout est verrouillé pour que ne s’y exprime que ce qui s’accorde à la gestion de la misère : le reste est proscrit d’avance ou sera porté et cassé devant les tribunaux plus tard.

Quelles listes se présentent aux élections au Mirail ?

- L’UNI, une liste raciste qui doit être combattue par l’ensemble des étudiants

Cette année, l’extrême droite tente de s’incruster à la fac du Mirail, avec une liste de l’UNI. Ce « syndicat », dont les membres sont affiliés à Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, sont des fervents supporters de la sélection et de toute mesure en faveur de l’élitisme et de l’exclusion des classes populaires de l’université (ce qui arrange les petits gosses de bourges qu’ils sont, agacés de voir autant de pauvres autour d’eux). On vous laisse (re) découvrir la position des élus de l’UNI à propos des étudiants précaires, à qui ils conseillaient pendant le confinement de faire « des prêts étudiants » concluant : « On s’en fout de ton job d’été gros fils de pute ».

A l’image de son champion, Zemmour, l’UNI est une liste pro-patronale qui soutient la réforme des retraites et aurait même souhaité qu’elle soit un peu plus dure.

L’UNI s’est fait une spécialité, aux côtés d’autres organisations d’extrême droite, de la répression aux côtés de la police des mobilisations étudiantes et lycéennes. Derrière des mesures consensuelles (moins de queue au RU, plus de bancs dans l’université) se cache une organisation raciste, qui doit être combattue par l’ensemble des étudiants et des organisations. L’année dernière, face à la multiplication des incursions des racistes sur l’université, à l’initiative du Poing Levé, plus de 13 organisations et de nombreux.ses étudiant.es et travailleur.euses de l’université, ont organisé une veille unitaire sur l’université, afin d’empêcher toute présence de l’extrême droite sur le campus.

- L’AGEMP-Bouge Ta Fac : un macronisme à visage humain

La Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE) présente à l’UT2J sous le nom de « Bouge ta Fac avec l’AGEMP » continue à profiter du recul de l’UNEF pour se positionner comme une organisation légitime à la discussion avec le gouvernement pour négocier l’austérité dans les universités. Fédération d’associations étudiantes corporatistes locales, elle joue le rôle de véritable courroie de transmission des réformes du gouvernement à l’Université. Dès 2017, cette organisation qui se dit « apartisane », avait assuré Macron de son soutien pour faciliter l’application de la sélection à l’université. On peut aussi rappeler la carrière de certains cadres de la Fage comme Jean-Baptiste Mougel (président de la FAGE pendant 3 ans et devenu soutien d’Emmanuel Macron) ou Graig Monetti (ex-président de l’antenne niçoise, devenu conseiller de Frédérique Vidal lors de la préparation de la loi LPR) dans la plus pure tradition de l’UNEF historique où d’anciens syndicalistes deviennent des conseillers du pouvoir pour attaquer l’université.

Ce qui compte réellement pour cette organisation, c’est d’obtenir des places dans le plus de conseils possibles, car ces élu.es votent ensuite pour les élu.es des élu.es au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER), arène ultime de la cogestion. La présence au CNESER assure des subventions très importantes qui permettent l’entretien de tous les bureaucrates étudiant.es passé.es experts en cogestion. Ainsi, l’AGEMP, qui n’apparaît au Mirail que les jours d’élections, a obtenu en 2021 une élue au CA. Elle n’a siégé que les deux premiers mois puis a disparu, mais soyez sûrs que la FAGE n’a pas laissé s’évaporer une voix de grande électrice pour le CNESER ! Les élections aux conseils centraux sont un investissement financier pour certaines organisations, qui peut rapporter gros.

- La liste « Etudiant.e.s progressistes » est la liste de l’UEC (Union des Etudiant.e.s Communistes), branche étudiante du PCF, soutenue par l’UNEF et l’UET. Ces deux dernières organisations se sont rangées derrière le programme de l’UEC, n’ayant pas les forces pour intervenir au quotidien ou présenter une liste.

L’UEC revendique ouvertement une ligne de co-gestion de la misère universitaire, ce qui la conduit en définitive à s’adapter aux reculs sociaux successifs imposés par le gouvernement. Nous ne remettons pas en cause que les militants de l’UEC ont pris position contre ces reculs, nous l’avons régulièrement fait conjointement avec les autres organisations étudiantes de gauche de l’université. Cependant, espérer obtenir quelques petites améliorations vis-à-vis de la situation actuelle, en s’adaptant à ce qui est permis dans le cadre anti-démocratique des conseils, ne peut nous amener qu’à subir de nouveaux reculs. Par exemple, plutôt que d’administrer l’usage de la CVEC (frais d’inscription de 95€ pour les étudiants non-boursiers, introduits par la loi ORE-ParcourSup), il faut revendiquer la gratuité totale de l’accès à l’université. Le financement des universités et les moyens contre la précarité doivent être pris sur les profits du grand patronat, pas par des frais d’inscription inégalitaires !

Cette logique politique en vient même à vendre les conseils universitaires comme des lieux qui pourraient améliorer la condition des étudiant.es, sans que ceux-ci aient à se mobiliser. C’est pour cette raison que cette liste ne dit pas un mot de l’anti-démocratie des conseils universitaires, et que le cœur de l’activité de l’UEC se joue sur un terrain institutionnel. Le vice-président étudiant (un des postes créés pour coopter les organisations étudiantes à la gestion universitaire avec la présidence), « communiste », s’affiche tout sourire sur toutes les communications de la fac aux côtés de la présidente CFDT Emmanuelle Garnier. Celle-ci a pourtant multiplié les attaques contre les personnels de la fac, et appliqué fidèlement les plans du gouvernement, à l’image du regroupement des universités de Toulouse en une entité expérimentale qui vise à donner plus d’emprise au grand patronat sur les formations.

D’autant que cette attitude de participation est appréciée par les services de l’État. Dans le rapport de 2020 du HCERES (conseil d’évaluation des universités introduit par les lois LRU et Fioraso dans une logique néo-libérale), les « experts » soulignent la « participation du Vice-Président Étudiant à l’équipe politique. Le VPE est également présent à la Maison des Initiatives Etudiantes et il est en charge du pilotage de la plupart des dispositifs étudiants. À ce titre, il a une réelle place dans la gouvernance de l’établissement. » 

A l’inverse, il est regretté que : « La présence étudiante dans les conseils [soit] marquée par une politisation importante d’au moins une partie de la communauté étudiante de l’UT2J. [...] Par ailleurs, il ressort des entretiens que les élus étudiants représentent souvent une force d’opposition destinée à provoquer le débat, sur des problématiques locales ou nationales, moins une force de proposition dans ces instances. Ceci semble avoir plusieurs conséquences parmi lesquelles la difficulté in fine d’assurer la cogestion étudiante de l’établissement. ».

Il y a deux ans, c’est précisément sur cette question de la participation de l’UEC à l’équipe de la présidente que l’Union des Etudiant.e.s de Toulouse (UET) avait refusé de s’allier avec cette liste, et qu’aucun élu étudiant, en dehors de l’UEC, n’avait voté pour la reconduction du vice-président étudiant. Cette alliance d’organisations se fait donc sur la base d’abandons de principes politiques pour des places dans les conseils.

Cette logique politique est dans la lignée de la politique globale d’administration du capitalisme qu’applique le PCF de Fabien Roussel, notamment en s’alliant avec le PS localement. C’était le cas aux côtés de Nadia Pellefigue, vice-présidente de la région en charge des questions d’enseignement supérieur et aile marchante de l’adaptation des universités aux besoins du patronat : toujours prompte à faire des courbettes aux patrons d’Airbus, et à soutenir les projets de regroupement des universités qui ne vise qu’à intégrer les grands patrons à la direction des universités.

- La CGT SELA 

De son côté la CGT-SELA (Syndicat Etudiant.e.s, Lycéen.e.s et Apprenti.e.s) est une organisation syndicale dirigée par des militant.es de l’organisation politique Reconstruction Communiste. Nous nous retrouvons d’ailleurs régulièrement avec ces militant.es dans les manifestations ou récemment pour la construction du mouvement sur les retraites.

Il est en premier lieu positif qu’une organisation étudiante se positionne contre la co-gestion universitaire et souligne à quel point ces conseils ne permettent pas de satisfaire les revendications étudiantes : c’est assez rare pour le mentionner. Sur ce point, nous ne revendiquons pas, comme le font les camarades du SELA, un élargissement du nombre de siège étudiants dans les conseils, car nous pensons que le problème de ces conseils est structurel, la balance est déjà faussée. Même dans le cadre d’universités ou d’institutions où le Conseil d’Administration est plus "équitable" pour les étudiants comme à Sciences Po Toulouse (où 9 élus représentent 1400 étudiant.e.s) cela n’a pas empêché les directions universitaires d’appliquer les plans du gouvernement voire de menacer de plainte des étudiant.e.s relié.e.s à des organisations féministes au lendemain du 8 mars

Ainsi, si la CGT-SELA refuse la logique à laquelle se plie la majorité des organisations étudiantes, en posant des revendications qui ne sont pas directement du ressort des conseils et qui devront donc être obtenues par la mobilisation des étudiant.es, c’est justement là que nous pensons que son programme se contente de mesures, certes nécessaires, mais trop minimales, et qui tendent à se réduire aux questions purement étudiantes.

La colère des étudiant.es et des jeunes travailleur.euses proviennent des conditions matérielles et économiques de misère que la société capitaliste nous impose, mais aussi de l’ensemble des injustices et des violences créées par cette société. Que ce soit sur le terrain des violences sexistes et sexuelles, sur celui du racisme et des violences policières, ou encore de la lutte écologique, il est essentiel de proposer, y compris dans des élections étudiantes des perspectives à de larges franges de la jeunesse qui questionnent le fonctionnement de la société capitaliste (et de ses universités).

En ce sens, réduire les problématiques des étudiant.es aux considérations économiques ne permet pas de répondre à cette politisation et à cette volonté de changement profond qui traverse la jeunesse, dans les universités et au-delà, au quotidien.

Le Poing Levé, pour des élu.es au service des mobilisations étudiantes, pour s’organiser en indépendance de l’Etat et des instances universitaires !

Face à une crise historique du capitalisme tant économique que sociale, politique, écologique et sanitaire, nous ne pouvons plus nous permettre de quémander quelques améliorations purement universitaires à un gouvernement et des institutions qui nous méprisent. La dégradation des conditions de vie des étudiant.e.s ainsi que l’accumulation de mesures contre nos vies comme l’actuel projet de réforme des retraites sont des démonstrations supplémentaires du besoin d’organiser un véritable mouvement étudiant qui dépasse de loin le cadre des conseils universitaires et les quelques mesures cosmétiques pondues de temps en temps par le gouvernement pour lutter contre la précarité. La solution pour que nous ne soyons pas une génération sacrifiée ne se jouera pas dans l’installation de plus de cendriers ou par une rénovation de l’ENT.

L’heure est à la construction d’un vaste mouvement étudiant qui s’organise auprès des travailleur.euses pour des universités libérées de l’emprise du secteur privé, libérées de la précarité et qui soient accessibles et mises au service du plus grand nombre. Pour une telle perspective, nous nous battrons évidemment aux côtés des autres organisations du mouvement étudiant, et c’est pour cela que nous pensons que les orientations cogestionnaires sont une impasse pour la jeunesse étudiante.

De notre côté, nous ne voulons pas raconter d’histoire aux étudiant.es : ces conseils sont des institutions pensées pour maintenir les revendications étudiantes dans le cadre de ce qui est permis ou toléré par l’État, le même qui multiplie les cadeaux aux entreprises les plus polluantes et précarise les jeunes. Pour régler véritablement nos problèmes, il faut s’organiser, se mobiliser et tisser des alliances au-delà de l’université avec les travailleurs. C’est ce que nous avons fait en soutenant les grèves des raffineurs ou des travailleurs de l’aéronautique en lutte pour des augmentations de salaire.

Nous voulons arracher tout l’argent qui a été offert au patronat pour le mettre là où il sera vraiment utile, dans la lutte contre la précarité matérielle, dans l’embauche massive et l’investissement dans les services publics, dans la retraite à 60 ans pour toutes et tous. Notre but est l’émergence d’une force anticapitaliste dans la jeunesse mais qui ne se cantonne pas à l’université, pour un mouvement étudiant de masse qui lutte aux côtés des autres secteurs de la population, aux côtés des salarié.es, aux côtés du mouvement anti-raciste, féministe, écologiste. Nous sommes conscient.es qu’on ne changera pas l’université, sans changer la société dans son ensemble.

C’est pour porter cette voix dans les conseils que nous nous présentons aux élections des conseils centraux, la voix des mobilisations étudiantes et des luttes des personnels de l’université, pour faire la lumière sur les attaques qui se trament dans ces conseils anti-démocratiques.

Alors que la jeunesse est et va continuer à être un des secteurs les plus touchés par la crise, nous aspirons à organiser la fraction combative de cette jeunesse et à diffuser les idées révolutionnaires à l’université. En ce sens, nous invitons tous les étudiants qui se reconnaissent dans nos combats à nous rejoindre, à s’organiser avec nous. Votez et faites voter pour Le Poing Levé Mirail les 30 et 31 janvier et 1er février !

Pour t’organiser avec Le Poing Levé, contacte- nous sur les réseaux !

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