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Lutte pour les salaires

RATP : les grévistes de la maintenance envahissent le siège et durcissent la grève

Ce jeudi, 300 grévistes ont envahi le siège de la RATP pour envahir le CSE du mois de novembre qui s’y tenait. L’objectif : arracher 300 euros d’augmentation de salaires et taper fort de manière unitaire face aux tentatives de la direction pour briser la grève.

Olive Ruton

17 novembre 2022

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Photo : Révolution Permanente

Le secteur de la maintenance, l’un des plus mal payés de la RATP, est en ébullition depuis un mois, avec beaucoup de colère et des grèves sur différents sites depuis le 18 octobre, en reconductible ou perlées. Ce jeudi 17 novembre 300 grévistes de la maintenance se sont ainsi réunis devant le siège de la RATP à Gare de Lyon sur un appel de la CGT de l’atelier de Sucy-en-Brie, où les salariés mènent une bataille dure depuis un mois aujourd’hui.

Ce rassemblement, le plus grand jamais organisé par la maintenance, nous disait un travailleur sur place, a été l’occasion pour les grévistes des différents sites d’augmenter la pression face à une direction qui refuse en bloc les revendications des grévistes. C’était aussi l’occasion de se rencontrer pour discuter des suites, de comment se coordonner pour gagner. Comme le résume un militant CGT de Sucy en Brie : « On ne courbe pas l’échine ! On va leur prouver qu’à la maintenance, c’est nous qui avons les clés à la RATP ! » Les ateliers RER de Torcy, Sucy-en-Brie, Reuil, et du métro de Choisy, Vaugirard, Pleyel, et Saint-Ouen avaient ainsi fait le déplacement.

Les travailleurs aux plus bas salaires de la RATP déterminés dans le combat pour 300 euros d’augmentation de salaires

Cette mobilisation dans un des secteurs les plus précaires de la RATP, qui se développe depuis la rentrée, a un caractère assez nouveau, les roulants étant habituellement plus à la tête des mouvements. Et pour cause, ce secteur comprend les plus bas salaires de l’entreprise, avec en première ligne les opérateurs de maintenance payés 6 euros au-dessus du SMIC. Un mépris énorme que la direction ne prend pas la peine de dissimuler.

Le contexte de l’inflation grandissante et les bas salaires dans la maintenance ont été le terreau de ces départs en grève, déclenchés par l’affront de trop de la part de la direction : le chantier primes qui prévoyait la suppression des 300 euros de primes spécifiques au secteur. Cette prime était considérée par les salariés comme le seul petit « avantage » dans la maintenance et sa suppression en pleine inflation a été refusée en bloc, comme nous l’explique un agent de l’atelier de Reuil : « en demandant 300 euros, on ne demande en réalité que l’ajout dans notre salaire de ce qu’on nous a supprimé dans les primes ! C’est la même enveloppe ! »

Sur le site de Sucy-en-Brie, en grève dure depuis le 18 octobre, les travailleurs ont obtenu début novembre l’annulation de ce chantier, mais la grève ne s’est pas pour autant arrêtée. Comme le disent les grévistes, les primes ce n’est pas pérenne, il faut des augmentations sur les salaires. Un ouvrier du site Pleyel expliquait dans ce sens à Révolution Permanente qu’avec de si bas salaires, les primes ne permettent en rien de partir à la retraite avec un revenu digne. Une retraite qui pour lui frôlerait les 1300 euros. Un technicien de l’atelier de Torcy déclarait quant à lui qu’après de nombreuses années de boîte, il ne touche qu’environ 1500 euros si on déduit les primes, et annonce de même un départ à la retraite autour de 1300 euros.

Un bras de fer engagé : un appel à durcir la grève tant qu’il n’y aura pas d’engagement de la direction !

Ce jeudi matin a donc été marqué par l’envahissement de la réunion du CSE qui se tenait ce jour-là, où une cinquantaine de grévistes sont entrés dans la salle de réunion pour imposer une rencontre avec la direction et des engagements sur les salaires. La fermeté a été le maître mot de ce bras de fer, où toutes les tentatives de la direction pour endormir les ouvriers se sont succédées, allant jusqu’à jouer la carte de la grande famille : « on travaille tous ensemble, on est tous de la même entreprise  », et aux grévistes d’attaquer : « Quand on a annoncé la perte d’argent pour les collègues, c’est les mêmes qui sont là qui ont rigolé ! »

Alors que la direction souhaitait maintenir les discussions au sein du CSE avec les directions syndicales, les grévistes ont fini par imposer la levée de la séance. De ce point de vue, les directions de l’UNSA et de la CFE CGC ont adopté une position conciliante préférant continuer les discussion contrairement aux délégués CGT et FO qui ont relayé la parole des grévistes. Si la pression à la base a fini par imposer la levée de la séance, il est indispensable de rappeler aux directions syndicales qu’elles doivent respecter le mandat des grévistes. Il faut pour cela que les travailleurs syndiqués notamment à l’UNSA et à la CFE CGC dénoncent cette attitude conciliante.

Pour autant, la direction est restée ferme sur ses positions. Aucun engagement ne sera pris avant la prise de poste de Jean Castex à la fin du mois. Pour les grévistes, il est hors de question d’attendre l’arrivée de l’ex-premier ministre et sa tentative de dialogue social : « pas d’oseille, pas de train ! » peut-on entendre parmi les réactions.

Les travailleurs appellent à se coordonner : « C’est dans l’unité qu’on gagnera ! »

Face à une direction qui ne lâche rien, pas d’autre option que de monter le niveau de pression. Dans ce sens, la coordination, entre les différents sites présents lors de ce rassemblement, mais aussi les différents syndicats est nécessaire. « C’est dans l’unité qu’on gagnera, et pas dans la division. C’est pour ça, Solidaire, FO, CGT, c’est beau, on peut réussir tous ensemble ! » déclare ainsi Gabriel de l’atelier de Sucy en Brie dans son intervention.

C’est également entre les différents corps de métiers qu’il s’agit de faire tomber les barrières, et de construire une lutte commune. Faisant fît des rancœurs ou divisions passées, pour beaucoup l’heure est aujourd’hui à l’appel à un mouvement commun pour les salaires, une revendication qui touche tous les travailleurs. Renaud, gréviste lui aussi à l’atelier de Sucy-en-Brie depuis le 18 octobre, et que nous avons interrogé annonçait ainsi : « On commence à discuter avec les organisations syndicales de d’autres métiers, avec des conducteurs de métro, de RER. On s’est rencontrés tout à l’heure de façon à pouvoir unifier le mouvement. »

Au-delà même de la RATP, Damien, technicien à l’atelier de Torcy disait à Révolution Permanente que les ouvriers avaient dans ce sens suivi la récente grève dans les raffineries, et notait la présence des raffineurs sur les piquets lors de la bataille contre la réforme des retraites à l’hiver 2019 2020, pour souligner l’importance de l’élargissement des luttes et de l’union.

Ce mouvement dans la maintenance, très radical et déterminé, a un potentiel de blocage important au sein de la RATP si les différents sites se coordonnent. Au-delà de ce secteur, pour ceux qui se mobilisent lors des journées nationales telles que le 18 octobre ou le 10 novembre, notamment chez les conducteurs, il s’agirait de construire la convergence entre les différents secteurs de la RATP pour sortir de la stratégie des grèves isolées et exercer une véritable pression, de la maintenance jusqu’aux roulants. Il y a là une véritable occasion de se coordonner pour imposer aux directions syndicales le plan de bataille de la base et chercher à construire, ce qui a permis de construire un rapport de force comme pendant la lutte contre la réforme des retraites en 2019, une grève reconductible. Comme l’ont montré les raffineurs, c’est la seule issue pour faire plier la direction de la RATP qui est bien déterminée à ne pas lâcher des augmentations des salaires.


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