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Relaxe pour Taha !

Rassemblement de soutien à Taha Bouhafs à 8h30 ce mardi 25 février !

Ce Mardi 25 février 2020, Taha Bouhafs, journaliste de toutes les luttes et des mouvements sociaux, va comparaître devant le tribunal de grande instance de Créteil. Pour soutenir Taha Bouhafs face à cet acharnement policier et judiciaire, un rassemblement de soutien a lieu à 8h30 au TGI de Créteil.

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Taha Bouhafs, journaliste de toutes les luttes et des mouvements sociaux, croule sous les procès. Le point commun entre toutes les poursuites judiciaires à son encontre ? L’acharnement policier et judiciaire contre un journaliste qui s’oppose au gouvernement et visibilise les luttes ainsi que les abus et violences policières. Nous l’avons interviewé dans le cadre de l’une de ces affaires qui l’amène à comparaître devant le tribunal de grande instance de Créteil le 25 février prochain.

RP : Le 25 février prochain tu passes en comparution devant le tribunal de grande instance de Créteil par rapport à une affaire qui date de juin dernier, et pour laquelle tu es poursuivi pour « outrage et rébellion sur personne dépositaires de l’autorité publique ». Depuis le début toi et tes soutiens, dont on fait partie, contestent la plainte déposée à ton encontre et la procédure judiciaire. Est-ce que pour commencer tu peux revenir sur cette affaire et expliquer où elle en est ?

Taha Bhouafs : L’histoire vous la connaissez : je fais un reportage sur un piquet de grève [l’occupation du centre Chronopost d’Alforville en juin dernier], un agent de la BAC me demande d’arrêter de filmer, je refuse. Je me fais frapper, je finis au poste et me fais tabasser dans la voiture. Il dépose ensuite plainte contre moi pour outrage et rébellion. Je dépose plainte contre lui. Puis mon téléphone est mis sous scellé.

En fait, j’ai filmé mon interpellation, j’ai la vidéo sur mon téléphone pour prouver que je n’ai rien fait. Pendant l’audition et ma garde à vue mon avocat fait remarquer à la police judiciaire qu’il y a cette vidéo sur mon portable, mais eux ont décidé de ne pas la verser au dossier, de clôturer l’enquête et de mettre le téléphone sous scellé. Pendant plusieurs mois, ça a été une bataille judiciaire pour obtenir une audience de restitution du téléphone. On a fini par l’obtenir. Puis pendant plusieurs semaines on nous a fait courir en nous disant qu’il fallait une décision écrite (du service sous scellés) pour rendre le téléphone. Quand on l’a reçu, récemment, ils nous ont expliqué que la juge aurait oublié de mettre le numéro du scellé dans la décision de justice et qu’ainsi ils ne peuvent pas nous le rendre. C’est vraiment un prétexte fallacieux alors qu’en plus il n’y a pas besoin du numéro de scellé. Le service du scellé est sous l’autorité du parquet donc c’est vraiment, selon moi, une volonté politique.

RP : Tu es aussi au cœur d’autres enquêtes judiciaires dont celle récente du théâtre des Bouffes du Nord où une enquête a été ouverte et ton portable placé une nouvelle fois sous scellé, quel est le lien entre toutes ces affaires selon toi ?

T.B. : Il y a un lien avec les autres affaires, si je récupérais mon téléphone et qu’à mon procès mardi je réussissais à prouver que je n’avais rien fait, que j’avais été placé en garde à vue pour rien, que le parquet a engagé des poursuites contre moi pour rien, qu’il a placé mon téléphone sous scellé pour rien, qu’il a refusé de me le rendre pendant des mois pour rien et qu’en fait tout ça n’est qu’une grande manigance du parquet et des policiers d’Alfortville, ça les mettrait en difficulté dans le sens où ils ont effectué la même procédure il y a quelques semaines pour Macron au théâtre des Bouffes du Nord. Ils trouvent un prétexte pour te mettre en GAV, mettre ton portable sous scellé et éviter que tu puisses sortir ton reportage. Ça aurait été compliqué pour eux dans la séquence politique.

Ils prennent le risque de ne pas respecter une décision de justice par tous les moyens possibles pour que mardi je demande le renvoi et qu’ils renvoient tout cela le plus loin possible. On sait que les procureurs sont là pour protéger le pouvoir, ils l’avouent eux-mêmes d’ailleurs comme le procureur dans l’affaire Geneviève Legay qui a avoué avoir menti pour protéger le président de la république. Du début à la fin, pour moi, c’est le parquet qui exerce une pression sur la justice, l’instrumentalise, pour faire taire des opposants politiques.

RP : Depuis 2016, et l’ouverture d’une nouvelle phase de lutte de classes, la répression s’est extrêmement accentuée. Est-ce que tu peux nous parler de cette répression qui touche les journalistes de terrain, les militants et plus largement le mouvement social ?

T.B. : Ce qui est sûr c’est que ça devient de plus en plus compliqué de bosser en tant que journaliste à contre-courant, d’opposition. C’est les mêmes dynamiques qui s’exercent sur les syndicalistes, les militants. Quoi que tu fasses, qui que tu sois, quelle que soit ta profession, si tu es en opposition d’une façon ou d’une autre avec le macronisme, tu vas forcément ramasser d’une façon ou d’une autre.
Taha Bouhafs, journaliste de toutes les luttes et des mouvements sociaux, croule sous les procès. Le point commun entre toutes les poursuites judiciaires à son encontre ? L’acharnement policier et judiciaire contre un journaliste qui s’oppose au gouvernement et visibilise les luttes ainsi que les abus et violences policières. Nous l’avons interviewé dans le cadre de l’une de ces affaires qui l’amène à comparaître devant le tribunal de grande instance de Créteil le 25 février prochain.

Même s’il y a toujours eu des journalistes de terrain, depuis 2016 ça a pris une autre tournure. Tu as toujours eu des professionnels de presse, je parle ici de ceux qui font de l‘image en manifestation, ces grands photographes de presse qui bossent dans les grandes rédactions. Mais eux ils ne font pas forcément remonter tout ce qu’ils voient. En réalité ils ont participé à l’invisibilisation des violences policières qui sont de plus en plus présentes. Y a eu toute une vague de nouvelles pratiques dans le journalisme, et notamment dans le journalisme de rue où il s’agit désormais de documenter les violences policières. A partir du moment où la question a émergé dans l’espace médiatique à cause du nombre important d’images, ça a obligé les grands médias à se positionner, sinon le discrédit aurait été total sur eux, et c’est à partir de là que la police a commencé à plus viser les journalistes.

Avec REC (Reporters En Colère), un collectif qui a été créé par des journalistes qui se sentaient peu épaulés, abandonnés, par leurs rédactions ou encore par RSF (Reporters Sans Frontières), on a recensé 25 journalistes blessés, contre deux ou trois recensés par Reporters Sans Frontières. Sur l’année qui vient de s’écouler on est à 200 journalistes blessés ou entravés sans compter ceux qui ne se signalent pas parce qu’ils ont peur des représailles. Il y a énormément d’atteintes à la liberté de la presse comme moi j’ai pu l’expérimenter. Si y a un lien à faire c’est que d’une façon ou d’une autre ceux qui sont ciblés sont tous ceux qui déplaisent au pouvoir en place qui ne tient aujourd’hui que par la matraque.

Propos recueillis par Cécile Manchette


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