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Mensonges gouvernementaux

Relogement des migrants violentés à République : la ministre du logement a menti

La ministre du logement, Emmanuelle Wargon n’a pas tenu sa promesse d’accueil des migrants délogés du camp de Saint-Denis puis de la place de la République. Pire encore, alors que la promesse faisait suite à une forte polémique après des images d'une répression violente, elle n'a été suivie d'aucun résultat. Au contraire, la chasse à l'homme continue.

Sol Esterez

12 décembre 2020

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Crédits photo : Martin Bureau / AFP

Des promesses pour calmer la colère

L’affaire s’inscrit dans la suite de la forte polémique engendrée par l’évacuation violente des migrants place de la République, lundi 23 novembre dernier. Rappelons les faits, après le démantèlement d’un camp de 2500 migrants à Saint-Denis le 17 novembre, de nombreux migrants pour la plupart d’origine afghane mais aussi soudanaise, éthiopienne et somalienne dont une grande partie sont demandeurs d’asile, n’ont pu accéder à aucun centre d’accueil pour les héberger. Plusieurs centaines d’entre eux s’étaient alors installés sur la place de la République après une errance de plusieurs jours et une difficulté toujours plus croissante.

Après plusieurs nuit au cours desquelles ils avaient été victimes d’une véritable chasse à l’homme, les migrants s’installaient, avec l’aide des associations, Place de la République, dans une opération de visibilité, mais aussi pour montrer leurs difficultés et la colère de n’avoir nul endroit où dormir. Le 23 novembre, ils étaient une nouvelle fois délogés et poursuivis dans les rues parisiennes par les forces de police qui n’ont pas hésité à attaquer les tentes et les migrants à grands coups de matraques et de gaz lacrymo.

Suite aux images choquantes parues sur les réseaux sociaux, à l’émoi collectif et aux alarmes des associations d’aide aux migrants, la ministre chargée du logement, Emmanuelle Wargon, avait promis au micro de Mediapart, dans l’émission “A l’air libre”, la prise en charge de tous les migrants délogés du camp de Saint-Denis.

Aujourd’hui, soit plus de deux semaines après l’évacuation de République advenue le 24 novembre et plus de trois semaines depuis celle de Saint-Denis, de nombreux migrants dorment encore dans la rue malgré les promesses de la ministre. Selon Mediapart seuls deux centres d’accueil de jour ont été mis en place, et même si certaines personnes sont transférées dans des centres d’hébergements, beaucoup sont encore sans logement.

Bassir un jeune homme a raconté à Mediapart la réalité des mesures mises en place par le gouvernement : « On a dû déposer nos noms et numéros une centaine de fois mais on ne nous a jamais rappelés ». Et si le gouvernement, contacté par Mediapart, a tenté de se défendre : « Nous regrettons que des personnes concernées puissent encore être sur liste d’attente. Le travail se poursuit pour ouvrir encore de nouvelles places et les accueils de jour orientent les personnes de la manière la plus adaptée » le peu de moyen mis en place pour tenter de reloger les migrants est en réalité bien révélateur.

Une nouvelle fois, ce qui se traduit ici, c’est le mépris de l’administration pour les personnes exilées qui loin d’être une priorité, subissent même une répression de plus en féroce, comme nous l’avait révélé les images de République. Délogés, violentés, poursuivis, avec pour ordre de “quitter la capitale”, un membre de l’association Utopia 56 dénonçait alors "une chasse à l’homme qu’il y a dans la rue, toutes les personnes qui dorment dehors sont gazées par la police, insultées, le matériel détruit. C’est un moyen d’invisibiliser le problème."

Derrière les paroles d’Emmanuelle Wargon qui promettait la mise à l’abri de toutes les personnes exilées venues sur la place de la République, c’est évidemment une entreprise de communication pour calmer la colère et le dégoût qu’avait provoqué les images nombreuses et scandaleuses des violences policières ce soir là. En pleine contestation contre la Loi Sécurité Globale il s’agissait avant de tenter de racheter une image à un gouvernement particulièrement remis en question, dans une actualité émaillée de nombreuses violences policières. L’absence de mise en place de vraies solutions d’hébergement montre en réalité le peu d’intérêt accordé par le gouvernement à la situation de centaines d’hommes et de femmes contraints de vivre et de dormir dans la rue. Les conditions de traitement des migrants sont à l’image de la politique en place qui estime n’avoir rien à investir dans l’aide humanitaire et qui préfère opérer une gestion pro patronale de la crise.

En outre, le camp de Saint-Denis, lui-même issu de nombreuses vagues de démantèlement depuis 2015 est aussi la preuve de l’inefficacité des opérations de “relogement”, qui camp après camp, ne font que déplacer les personnes exilées, sans objectif pérenne. Les conséquences de la “politique migratoire” de la France, qui vise à la fermeture des frontières, alimentée par une politique d’extrême droite et appliquée par les forces répressives dont les violences sont exacerbées dans les centres de rétention administratif, n’en finit plus d’aggraver la précarité des migrants .Aujourd’hui, seulement dans la ville de Paris, sont décomptés plus de 113 000 logements vides, rendant l’hébergement de tous et toutes réalisable. La barrière contre la dignité n’est donc pas matérielle mais politique


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