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‘’Solidarité’’ à la sauce patronale

Renault : en pleine épidémie, la CFDT, FO, et CFE-CGC signent la « reprise » de la production

En discussion depuis une semaine, l'accord de reprise à Renault a été signé par la CFDT, FO et la CFE-CGC. La CGT s’y est opposée. Si la CFDT se félicite d'un texte "très équilibré", l'attaque contre les travailleurs est de taille. Derrière l'annonce d'un maintien à 100% des salaires, l'objectif de la direction du groupe est de préparer la réouverture généralisée des usines et le grignotage des acquis sociaux. Une politique de réouverture à marche forcée des sites de Renault en plein pic épidémique.

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Dans le secteur de la métallurgie, alors que certains patrons, appuyés par le gouvernement, réussissent à faire poursuivre le travail dans des sites non-essentiels à la lutte contre le Covid-19, d’autres usines sont fermées depuis plusieurs semaines.

L’enjeu est grand pour ces industriels. Faire reprendre partout où c’est possible le travail et minimiser les coûts de cette crise. En ce sens, des accords sont en discussion dans de nombreuses entreprises. Aujourd’hui, Renault vient de faire signer à trois organisations syndicales qui représentent 50% des effectifs un « contrat de solidarité et d’avenir » concernant onze de ses sites.

Après plusieurs jours de négociations, la CFE-CGC, la CFDT et FO ont donc signé avec la direction de Renault un plan de reprise et des mesures pour les sites de Renault SAS, Fonderie de Bretagne, Renault Sport Cars, Sofrastock International, STA, Sodicam2, ACI Villeurbanne, Maubeuge, Alpine, Sovab et Renault Digital.

Ces organisations syndicales représentant 50 % des effectifs, l’accord est donc entériné. La CGT Renault, quant à elle, a déclaré ne pas signer « un accord qui n’a rien de solidaire et qui compromet à l’avenir, la santé et la vie familiale des salariés ». « Après le confinement à domicile, c’est le confinement à l’usine et dans les bureaux » explique le syndicat.

C’est en effet une attaque sociale en règle que les autres directions syndicales et Renault mettent en place. Le cœur de l’accord porte sur le maintien des salaires à 100 % durant la période de travail partiel. C’est le financement de ce maintien de salaire qui pose problème. Si la direction parle d’un "fonds de solidarité", c’est en réalité les travailleurs qui vont payer. En effet, le fonds sera alimenté par des ‘dons’ de congés : on retire donc des repos aux ouvriers pour financer leur propre salaire.

Ce maintien était sûrement jugé avantageux pour les patrons ; l’accord inclut également une règle pour limiter le recours au chômage partiel, en prélevant encore un congé pour chaque semaine non travaillée !

De plus, le plan de reprise se positionne sur des aménagements de l’organisation du travail à plus long terme, jusqu’en décembre 2020. Il sera donc permis pour les patrons d’imposer des séances de travail supplémentaires. C’est à dire allonger les journées de travail et ajouter des obligations de travail le samedi, ce qui vient se cumuler à des modalités déjà existantes. Il ne restera plus beaucoup de samedi pour les ouvriers de Renault…

Concernant les congés, en plus des ponctions imposées pour le maintien des salaires, les directions se laissent le droit de modifier la durée et le positionnement des congés payés d’été comme le dénonce la CGT Renault Le Mans dans un tract :

Enfin, si la direction affirme qu’elle ne licenciera pas durant la période à venir, elle ne parle que des CDI et CDD. Les intérimaires, déjà touchés par les dispositifs de chômage partiel et leur contrat court n’étant souvent pas renouvelé dans les périodes de crises, seront comme toujours la variable d’ajustement pour ces patrons qui comptent bien rattraper leur retard à moindre coût.

Des mesures concrètes pour sauver nos vies

Rien dans cet accord ne va dans le sens d’une résolution de la crise sanitaire en cours. Comme beaucoup d’autres entreprises Renault ne se soucie pas de la résolution de la crise, la reconversion des lignes de production, comme le fait de manière très partielle PSA, ne semble pas effleurer l’orientation dédiée aux actionnaires des principaux secteurs pouvant faire ce type de reconversion, comme nous le racontait Pascal Le Manach, militant CGT chez Renault Cléon dans un entretien.

Rien non plus ne va dans le sens des travailleurs, le versement de leur salaire à 100 % sera ponctionné sur leurs propre temps de repos. Pourtant les chiffres sont clairs : dans le cas des 11 sites concernés par l’accord signé avec Renault, seulement 7,5 % des dividendes pourrait garantir le maintien de ces salaires pleins pour 30 jours de chômage partiel. En effet, la CGT Renault Le Mans précise que Renault verse 312 millions de dividendes et l’argent est là, mais c’est bien aux travailleurs que l’on demande de payer la crise.

De plus, l’accord prévoit la mise en place de commissions sanitaires qui exploreront les possibilités de reprise du travail ; la volonté des patrons de faire reprendre passe par ces simulacres d’attention à la santé des travailleurs. Si ce sont les mêmes commissions qui ont jugé les conditions de travail possible à PSA Vesoul, le bilan des plus de 128 cas de Covid-19 pose question. Ce scandale montre bien que le travail en usine est une source de propagation du virus. Si reprise du travail il doit y avoir, ce sont des commissions sanitaires indépendantes des patrons qui doivent en juger, afin que la vie des travailleurs passe avant le profit de la minorité qui veut faire de l’argent en pleine crise sanitaire.

Tant que la crise sanitaire ne sera pas résolue, les secteurs non-essentiels doivent rester fermés ou se reconvertir. Après la crise, il faudra être attentif partout où le travail reprendra : conditions sanitaires, allongement du temps de travail, congés en moins, … autant d’attaques que le gouvernement cautionne et encourage à travers sa loi d’urgence sanitaire, cherchant à sauver une économie capitaliste qui tombe en ruines. Une attitude criminelle accompagnée par des directions syndicales de la CFDT, FO et la CFE-CGC qui osent signer ces accords de reprise des activités faisant peser le poids de la crise sur les travailleurs.

Crédit photo : JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN/AFP


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