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Résolutions de la conférence virtuelle de l’extrême-gauche latino-américaine et états-unienne

A l’appel du Front de Gauche et des Travailleurs - Unité (FIT-U) d’Argentine s’est tenue avec plusieurs organisations d’extrême-gauche, la conférence virtuelle latino-américaine et étatsunienne entre le 30 juillet et le 1er août. Nous présentons ci-dessous les résolutions votées ce samedi.

3 août 2020

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Traduction de l’article publié initialement sur La Izquierda Diario

La conférence virtuelle latino-américaine et étatsunienne convoquée par le Front de Gauche et des Travailleurs – Unité d’Argentine (FIT-U) s’est ouverte dans la soirée du vendredi 30 juillet. Le FIT-U est un rassemblement des forces d’extrême-gauche trotskystes argentines, à laquelle appartient le Parti des Travailleurs Socialistes, parti frère du Courant Communiste Révolutionnaire qui anime Révolution Permanente. Elle s’est déroulée sur trois jours, ponctuée par plusieurs tables-rondes ainsi qu’une plénière de clôture le samedi à laquelle plus de 40 organisations ont participé dont le Parti des Travailleurs Socialistes (PTS), le Parti Ouvrier (PO), la Gauche Socialiste (IS), tous trois basés en Argentine et membres du FIT-U, ou encore des organisations étatsuniennes comme Left Voice membre de la Fraction Trotskyste Quatrième Internationale (FT-QI) ou la Socialist League étatsunienne (Ligue Internationale Socialiste).

A l’issue de cette conférence, les organisations, partis, dirigeants et militants participant à la Conférence virtuelle latino-américaine et étatsunienne ont déclaré souscrire aux définitions politiques suivantes et s’engagent à promouvoir les résolutions et les campagnes décrites ci-dessous :

1. Notre principale bannière est l’indépendance politique des travailleurs vis-à-vis des capitalistes, de leurs États, de leurs gouvernements et de leurs partis. Nous rejetons la collaboration de classe et toutes ses déclinaisons au travers d’alliances et fronts avec des organisations politiques de collaboration de classe. Ces fronts ne sont que le moyen de faire progresser la subordination politique de la classe ouvrière aux intérêts des capitalistes et de leurs États. Nous définissons comme objectif stratégique la lutte pour un gouvernement des travailleurs, pour l’unité socialiste de l’Amérique latine et pour le socialisme international. Comme le souligne l’appel initial à cette conférence, « l’équilibre et la conciliation des intérêts entre le capital et les travailleurs, que proclament le nationalisme bourgeois et le centre-gauche, n’est rien d’autre qu’une utopie réactionnaire, qui vise à piéger les travailleurs en les subordonnant à la bourgeoisie. En opposition à cela, nous proposons la lutte pour une solution anticapitaliste et une transformation globale du continent sous la direction de la classe ouvrière. » Pour ces objectifs, nous promouvons l’organisation ouvrière et populaire la plus large, avec l’objectif stratégique de lutter pour la perspective de la révolution sociale. Nous rejetons la concurrence et la rivalité que les capitalistes et les États encouragent entre les travailleurs des différentes nations. Nous luttons pour l’unité et la solidarité internationale de la classe ouvrière et affirmons : « Travailleurs et travailleuses de tous les pays, unissez-vous ! »

2. Nous soutenons, développons et promouvons dans tous les domaines et dans chaque pays, y compris les États-Unis, la lutte anti-impérialiste. L’impérialisme américain est, en Amérique latine et dans le monde, l’expression de la super-exploitation et le principal État oppresseur des peuples, un rôle joué également par différents États impérialistes de l’Union européenne ou encore le Japon. La politique impérialiste et l’oppression exercée par l’État et le gouvernement américains et le capital financier international sur les pays d’Amérique latine s’expriment non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans les conspirations de l’impérialisme avec les gouvernements fantoches du sous-continent, ainsi que dans les tentatives d’intervention et les menaces militaires. Nous rejetons et condamnons l’offensive et les menaces de l’impérialisme américain contre le Venezuela et Cuba (où il maintient toujours un blocus criminel), soutenu par la droite vénézuélienne, tout en exprimant notre indépendance et notre opposition de gauche aux régimes des deux pays contre lesquels nous luttons et en ne leur apportant aucun soutien politique. Nous dénonçons le mur construit par Trump à la frontière avec le Mexique et les expulsions massives. Nous rejetons et appelons à la lutte contre le gouvernement putschiste bolivien qui a une fois de plus suspendu les élections pour rester au pouvoir, ainsi que contre la tentative de mise hors la loi du MAS, sans apporter de soutien politique à cette force qui a tenté de se réconcilier avec les dirigeants du coup d’État et qui, lorsqu’elle gouvernait, l’a fait en trahissant l’Agenda d’octobre. Nous appelons à la lutte pour le non-paiement de la dette des pays d’Amérique latine et des Caraïbes et de celle des peuples opprimés du monde entier. Nous encourageons la mobilisation pour « Dehors Bolsonaro-Mourao » qui appelle à mettre fin au régime de domination.

Nous dénonçons la soumission des gouvernements latino-américains, y compris les gouvernements "nationaux et populaires", aux principes de l’impérialisme, et nous disons : "Dehors le FMI ! Non au paiement des dettes extérieures ! Dehors l’impérialisme latino-américain ! Que les capitalistes paient pour la crise ! Nous sommes pour l’expulsion de toutes les multinationales et des entreprises impérialistes et extractives qui pillent nos biens communs et contaminent et détruisent la vie et notre territoire. Pour la nationalisation, sans indemnités, des systèmes bancaires et des ressources naturelles et stratégiques de chaque pays, sous le contrôle des travailleurs !"

3. Nous soutenons inconditionnellement la gigantesque et extraordinaire rébellion du peuple américain et dénonçons la militarisation criminelle impulsée par Trump. Nous nous prononçons pour le développement, l’extension et l’approfondissement de la rébellion américaine. Nous dénonçons la tentative du Parti Démocrate de canaliser sur le terrain électoral l’énorme mécontentement populaire à l’égard du gouvernement Trump, comme une tentative de réprimer la rébellion, de mettre fin à l’action directe des masses et de détourner toute tentative d’organisation politique indépendante des exploités. Il s’agit d’une variante capitaliste-impérialiste et guerrière de l’alternance du pouvoir qui représente une issue qui sera contraire aux intérêts de ceux qui continuent à se battre dans les rues des États-Unis aujourd’hui.
Mettre fin à l’oppression raciale, à la violence et à la répression policière, apporter une réponse globale à la crise sanitaire et empêcher que la crise capitaliste ne continue à être payé par les masses américaines. Cela nécessite la mise en place d’une issue indépendante des travailleurs aux Etats-Unis, en alliance avec tous les secteurs opprimés, tels que les personnes de couleur (Afro-Américains, Latinos), les femmes et les jeunes.

4. De même, nous saluons le renouveau de l’énorme rébellion au Chili, nous dénonçons les pactes de collaboration successifs de la soi-disant "opposition" des patrons et du centre-gauche avec le gouvernement, et plus que jamais nous disons Fuera Piñera ! Pour le Chili, ce que nous avons dit dans le document de la première réunion est toujours d’actualité : « Nous dénonçons la réforme constitutionnelle qui est en train d’être préparée et la convention constitutionnelle truquée qui est issue de ce pacte. Nous appelons à renforcer la lutte pour faire sortir Piñera en promouvant des mobilisations massives dans les rues et une grève générale politique et pour des revendications sociales, pour une Assemblée constituante libre et souveraine qui discute un programme pour réorganiser le pays sur d’autres bases sociales, dans la perspective d’obtenir un gouvernement des travailleurs et des exploités qui garantisse les changements fondamentaux que le peuple réclame dans les rues.

Au Chili, il est nécessaire de promouvoir toutes les formes de coordination et d’auto-organisation démocratique des secteurs de la classe ouvrière, du mouvement étudiant et des femmes en lutte (une tendance que l’on peut observer dans les assemblées populaires et territoriales ou dans les comités d’urgence et de sauvegarde) visant à ce que la classe ouvrière, en raison de sa capacité à paralyser le fonctionnement de l’économie et de l’État capitaliste, assume le leadership ».
Nous demandons la libération des prisonniers de la rébellion et des prisonniers politiques mapuches qui luttent pour récupérer leur territoire historique et contre la répression de l’État. Nous nous joignons à la campagne pour la fin des fonds de pensions (AFP), pour un système de retraite par répartition solidaire, géré par les travailleurs et les retraités.

5. Nous soutenons et encourageons toutes les luttes des travailleurs et du peuple contre les plans d’austérité et les gouvernements du capital. Nous dénonçons les plans austéritaires et l’offensive du capital à l’échelle internationale contre les conquêtes des travailleurs. Les gouvernements, en tant que représentants du capital, se servent de la crise pandémique pour progresser dans l’austérité, les licenciements et les réductions de salaires, dans la flexibilisation du travail, dans la destruction des régimes de sécurité sociale et dans l’exploitation de la jeunesse précaire. Nous dénonçons également la complicité des bureaucraties syndicales dans tous les pays, qui officient comme un moyen pour contenir la force combative des travailleurs et ainsi permettre l’avancement des réformes anti-travailleurs et comme soutien des gouvernements successifs. En ce sens, nous réaffirmons que "la bataille pour récupérer les organisations de masse, en premier lieu les syndicats, en expulsant les bureaucrates, a un caractère stratégique. Il s’agit d’encourager toutes sortes d’organisations (comités de grève et tous ceux que, sous forme embryonnaire, nous avons vu émerger en France, au Chili, en Bolivie) qui permettront de coordonner la lutte et de la mener à la victoire. Le scénario convulsif de l’Amérique latine donne une validité particulière au renforcement des espaces démocratiques du syndicalisme combatif, à l’appel à des congrès ou à des coordinateurs des délégués de base des syndicats, des travailleurs (y compris les précaires) et des chômeurs, et des masses qui luttent, ce qui va de pair avec la lutte pour une nouvelle direction de classe dans le mouvement ouvrier. Cela est la condition pour que la classe ouvrière émerge dans la crise en toute indépendance et se développe comme une alternative de pouvoir, menant une alliance de tous les exploités et opprimés.

Nous prônons la lutte pour vaincre les réformes du travail et de la sécurité sociale en cours. Nous proposons de mettre un terme au chômage en soulevant la question de la répartition du temps de travail sans réduction des salaires, de l’assurance universelle pour les chômeurs, de l’augmentation des salaires et des pensions jusqu’à ce qu’ils atteignent un montant décent pour les familles. Nous proposons l’occupation de toute usine ou entreprise qui ferme ou licencie, sa nationalisation sous contrôle des travailleurs. Dehors les bureaucraties syndicales, pour de nouveaux leaderships dans les syndicats, classistes et combatifs. Nous soutenons et encourageons la lutte internationale et coordonnée des travailleurs précaires.
La construction de partis révolutionnaires au niveau national et international est une nécessité majeure pour la réalisation de ce programme.

6. L’énorme mouvement de lutte des femmes a été et est un protagoniste très important des luttes dans la région, avec un poids énorme au Chili, en Argentine et dans divers pays et processus. Nous soutenons et encourageons la lutte du mouvement des femmes qui, par ses mobilisations extraordinaires et massives, réclame le droit à l’avortement légal, la fin des féminicides, des agressions et des violences faites aux femmes. Nous dénonçons la responsabilité des gouvernements, de l’État et du régime social d’exploitation dans l’oppression des femmes. La promotion de ces revendications a révélé la profonde ingérence des Églises dans les affaires de l’État et la subordination des gouvernements capitalistes aux différents lobbies cléricaux. Nous nous battons pour les revendications des femmes travailleuses. Nous luttons pour éradiquer la culture machiste et patriarcale au sein de la classe ouvrière et nous encourageons une lutte commune de notre classe, en dépassant toute forme de division par sexe ou par sexualité, pour le droit à un avortement légal, sûr et gratuit, pour les contraceptifs et pour une éducation sexuelle complète, pour la séparation des Eglises et des Etats, pour la fin de la violence masculine et des crimes de haine, pour toutes les revendications du mouvement LGBTI, et plus généralement, pour la fin du capitalisme, qui est l’édifice social sur lequel les différentes oppressions se sont développées et reproduites.
7. Nous condamnons la répression criminelle contre les peuples et les travailleurs en lutte en Amérique latine et aux États-Unis ; la criminalisation des manifestations, les abus policiers et les assassinats policiers et nous défendons le droit à se mobiliser et à lutter. Nous répudions les persécutions et les expulsions par le gouvernement d’AMLO au Mexique à l’encontre des migrants d’Amérique centrale et des Caraïbes. Nous dénonçons le fait que les appareils de sécurité ne sont rien d’autre qu’un mécanisme de coercition et de répression des gouvernements et des États contre les personnes qui se rebellent pour défendre leurs conditions de vie. Nous exigeons : la fin des mesures exceptionnelles qui renforcent la répression et la police ainsi que les autres forces de sécurité, l’arrêt immédiat de la persécution des migrants aux États-Unis ; à bas les assassinats de dirigeants du mouvement social en Colombie ; à bas la répression criminelle au Chili et en Bolivie, la justice pour Marielle Franco et la punition des responsables de son assassinat, la liberté pour les centaines de prisonniers politiques ; à bas la persécution des combattants et des dirigeants syndicaux au Venezuela, pour la liberté immédiate des combattants ouvriers emprisonnés. Le retour de Facundo Castro vivant, la liberté pour Sebastian Romero et l’abandon des charges contre Cesar Arakaki en Argentine.

Nous sommes résolus à :

  •  Organiser des rassemblements et des manifestations le 27 août dans les ambassades américaines de tous les pays, soutenir la rébellion du peuple américain, rejeter l’ingérence impérialiste en Amérique latine et appeler au non-paiement de la dette extérieure des pays d’Amérique latine et des Caraïbes et de tous les peuples opprimés.
  •  Soutenir la lutte des travailleurs et du peuple chilien pour la "Dehors Piñera" et l’établissement d’une assemblée constituante véritablement libre et souveraine. Nous demandons la libération de tous les prisonniers de la rébellion.
  •  Soutenir et promouvoir les luttes de tous les travailleurs contre les licenciements, les réductions de salaires et autres atteintes à leurs conditions de vie qui sont mises en œuvre par les gouvernements et les employeurs
  •  Participer et promouvoir les prochaines mobilisations des prestataires de services APP dans les différents pays
  •  Promouvoir les mobilisations du 28 septembre pour la Journée de l’Amérique latine et des Caraïbes pour l’avortement légal, en évoquant également le slogan "séparation des Églises et de l’État".
  •  Réaffirmer notre adhésion aux 10 points programmatiques contenus dans le document "Un nouveau scénario en Amérique latine et la nécessité d’une solution socialiste et révolutionnaire" de l’appel initial à la Conférence virtuelle de l’Amérique latine, en ajoutant les points relatifs à la pandémie et au soulèvement aux États-Unis développés dans les documents ultérieurs qui ont servi de base à l’appel à cette Conférence virtuelle de l’Amérique latine et des États-Unis.

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