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Réforme des retraites

Retraites par points. Comment une crise économique influera sur l’âge de départ et la valeur du point

10 ans après la crise des subprimes, il est de plus en plus probable que l’économie mondiale sera secouée par une nouvelle crise dans les mois ou les années à venir. Une crise qui aurait un impact certain sur les retraites en France, si le gouvernement parvient à faire imposer sa réforme. Explications.

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Le spectre d’une nouvelle crise économique plus que jamais présent

Dans les faits, depuis 2008 et la crise des subprimes, l’économie mondiale se maintient sur une corde raide, grâce à de multiples injections de liquidités qui « dopent » la croissance, tout en alimentant des problèmes de fond, en particulier en approfondissant le « fossé » que constitue la déconnexion des courbes de l’économie réelle et des marchés financiers. Ces derniers mois, une série de signaux rouges se sont allumés, ravivant le spectre d’un krach boursier d’une ampleur supérieure à 2008. Il y a d’abord eu l’historique baisse des taux de la réserve fédérale américaine (FED) à la fin juillet, puis l’injection massive et dans la panique de plusieurs centaines de milliards de dollars de cette même FED en quelques jours, fin septembre.

Aujourd’hui, l’économie réelle à échelle mondiale ralentit, passant selon les chiffres disponibles de 3 à 2 % malgré l’injection de liquidités, qui se retrouvent cooptées par les marchés financiers, ce qui, mécaniquement, accentue un peu plus le décalage des courbes de l’économie réelle et des marchés financiers.

Autre point essentiel, les taux d’intérêts sur les prêts bancaires sont tombés si bas qu’ils en sont devenus négatif. Mécaniquement, cela fait baisser les taux d’emprunt chez les banques, ce qui a un impact immédiat sur l’économie réelle : les petites et moyennes entreprises, qui ont besoin des banques pour investir contrairement aux très grandes entreprises, qui peuvent trouver des financements en bourses, se heurtent aux difficultés financières des banques elles-mêmes pour accorder des prêts à la hauteur des besoins des marchés.

En cette fin d’année 2019, la crise économique et financière n’a pas encore explosé à échelle mondiale, même si les ingrédients du cocktail explosif sont présents. En ce sens, le moindre grain de sable, comme par exemple une montée des tensions géopolitiques entre grandes puissances, pourra mettre le feu à la poudrière. Cependant, la crise s’exprime déjà, dans des conjonctures particulières, dans une série de pays. C’est le cas de l’Algérie, qui a connu un taux d’inflation de 2 % cette année, du Liban, où l’économie est au bord du gouffre depuis le mois de novembre, mais surtout en Argentine, qui est la pointe avancée de la crise. Ce 22 décembre, le nouveau président Fenandez a annoncé que le pays est en « défaut de paiement virtuel », ce qui amène le Figaro à titrer, ce 24 décembre, que l’Argentine connaît sa pire crise économique depuis 2001. Une situation dramatique lorsqu’on sait qu’en 2001, l’Argentine avait purement et simplement été déclarée en faillite.

L’un des objectifs de la réforme des retraites : faire (un peu plus) peser le poids des aléas économiques sur les épaules des travailleurs et des retraités

Derrière le discours d’un système universel et uniforme pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs, l’autre grand argument du gouvernement pour défendre sa réforme des retraites peut se résumer ainsi : pour éviter la faillite supposée du système des retraites, il s’agit de mettre sur pieds un système permettant son perpétuel équilibre. La question qui se pose alors est simple : Dans une économie qui, au-delà de ses soubresauts, est en perpétuel mouvement, quelles sont les variables d’ajustement permettant de maintenir cet équilibre ?

La réforme des retraites est un modèle du genre néo-libéral, arithmétique et froide, visant à préserver les intérêts particuliers des très grandes entreprises dans les temps durs, tout en cherchant à ouvrir les vannes d’un très lucratif marché, celui des fonds de pensions et des retraites par capitalisation. C’est pourquoi la part du produit intérieur brut (PIB) allouée aux retraites est, dans le projet de réforme, fixe et immuable, qui plus est en « relatif » : 14 %, ni plus, ni moins. En d’autres termes, la variable d’ajustement pour maintenir le sacro-saint équilibre est à trouver ailleurs que dans la masse de liquidités allouées aux retraites.

La principale variable d’ajustement du système des retraites voulu par le gouvernement est avant tout le fameux âge pivot. Mécaniquement, il s’agira d’augmenter cet âge de départ, pour maintenir l’équilibre financier, en maintenant dans le système de cotisation un plus grand nombre d’actifs. C’est pourquoi, selon la conjoncture économique, l’âge de départ pour toucher une pension complète pourrait très rapidement, c’est-à-dire dans les prochaines années, être déjà réajusté. Dans les faits, la possibilité de tel réajustement, si cette réforme est adoptée, sera ouverte chaque année.

Toutefois, au vu de la conjoncture économique mondiale et du fort taux de chômage, cette simple variable d’ajustement pourrait ne pas s’avérer suffisante, voire pourrait être source de crise politique et sociale, si la nécessité amenait à un changement trop brusque de l’âge pivot.

C’est pourquoi cette variable d’ajustement pourrait se combiner à une autre, celle de la baisse de la valeur même du point. Si le gouvernement assure que la valeur du point sera inscrite dans la loi, il n’en demeure pas moins que, dans le même temps, il explique que des négociations annuelles seront menées avec les partenaires sociaux. Ainsi, plutôt que d’augmenter drastiquement l’âge pivot, un combiné entre report de l’âge et dévaluation de la valeur du point est une solution envisagée pour maintenir l’équilibre de l’ensemble du système.

C’est pourquoi il est indispensable de maintenir le cap sur le terrain social, par la grève et dans l’action, pour arracher le retrait total et sans négociation du projet de réforme des retraites. Nous, travailleurs, précaires et/ou retraités, n’avons pas à être les variables d’ajustement de la crise générée par les capitalistes eux-mêmes.


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