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Surenchère sécuritaire

Sécurité, islamophobie... Yannick Jadot joue sur le terrain du gouvernement et de l’extrême-droite

Dans l’Obs, Yannick Jadot a dévoilé ce que pourrait faire un président EELV s’ils remportaient les prochaines élections. Ce qui en ressort, c’est une politique de droite... très à droite, jouant la surenchère sécuritaire.

Sadek Basnacki

18 septembre 2020

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Crédit photo : AFP / Stéphane De Sakutin

Inscurtié, islamophobie, soutien aux policiers, les Verts dans la lignée du gouvernement et de l’extrême-droite

La vague verte lors des municipales a poussé EELV sur le devant de la scène au point de, pourquoi pas, imaginer créer une surprise en 2022. Yannick Jadot a donné une interview à L’Obs où il se voit bien présidentiable lors des prochaines élections. Dans cette interview, il a donné sa vision de ce que serait un président vert. Si l’écologie n’a été guère développée dans l’interview, le député européen a précisé une ligne politique bien à droite dans la ligné du gouvernement et qui ne déplairait pas à une Marine Le Pen. Il s’inscrit dans la surenchère sécuritaire générale dans les médias de la part des politiques.

À la question « Estimez-vous qu’il y a une montée de la violence dans la société ? », Jadot n’y est pas allé par quatre chemins. « Il y a une violence qui se banalise. Il y a la réalité des violences sur les personnes mais aussi l’insécurité économique, sociale, territoriale, amplifiée par une perte incontestable de civisme, de respect de la règle commune. » L’ensauvagement n’est pas loin.

Pour illustrer ses propos, il a pris l’exemple instrumentalisé par Génération identitaire à Lyon de la femme renversée par une voiture et traînée sur plusieurs mètres. Sans se démarquer de la haine raciste qui a envahi les réseau sociaux après ce drame, Jadot dénonçant une banalité de la violence, avec ses propos, banalise le racisme.

Dans la suite logique des choses, il a revendiqué l’augmentation des effectifs de policiers municipaux dans les villes « vertes ». « Il y a la même proportion de policiers municipaux à Grenoble, la ville d’Eric Piolle, qu’à Tourcoing, celle de Gérald Darmanin. ». D’une part, Eric Piolle a durement réprimé les mouvements sociaux sur Grenoble comme Nuit Debout par exemple. Mais en plus, Darmanin est présenté comme un modèle pour ce qui est de la sécurité. Cela en dit long sur la vision politique sécuritaire de Jadot.

Ce dernier n’hésite pas non plus à chercher l’électorat potentiel encore plus à loin à droite. Parlant d’État faillible dans la mise de moyen envers les policiers face à la montée de l’insécurité, il drague volontairement l’électorat de l’extrême-droite, notamment directement dans les rangs de la police qui a fait plusieurs mouvements grèves depuis deux ans. « À Lyon et Bordeaux, nous sommes en train d’augmenter les effectifs pour répondre à la montée de l’insécurité et pallier les insuffisances de l’État. Le vrai problème est que notre police nationale est mal soutenue, mal formée, mal payée et sous-encadrée ».

De plus, il n’y a aucune allusion aux mouvements de protestations contre les violences policières racistes qui ont secoué le monde depuis la mort de Georges Floyd aux États-Unis. Une mise sous silence qui n’est pas anodine dans cette période.

Alors qu’une question traite de la légalisation du cannabis, Jadot en profite pour revenir sur les plates bandes de l’extrême-droite expliquant que si la légalisation est une question de santé publique « c’est aussi un enjeu de sécurité : ces trafics mettent des quartiers entiers sous tutelle mafieuse ». Si on reprend la terminologie de nos dirigeants les plus réactionnaires cela veut dire qu’il y aurait donc des zones de non droit en France dirigée par des criminels organisés.

Alors que le journaliste de L’Obs questionnait Jadot sur sa non participation à la manifestation du 19 novembre 2019 appelée par le Collectif contre l’Islamophobie en France, il a rejeté la faute à ceux qui « tentent de remettre en question la sécularisation, de sortir des lois de la République au nom d’une idéologie ou de principes religieux. C’est inacceptable. Le burkini, ça n’a rien à faire dans une piscine ! ». Il s’inscrit parfaitement dans la ligne du gouvernement actuel et son offensive sécuritaire, répressive et islamophobe.

Ainsi, il n’hésite pas à parler de « combattre les ennemis de la République » et met sur le même point les attentats de Charlie et le Burkini. « Il ne peut pas y avoir de « oui mais », ni sur « Charlie Hebdo » ni quand des femmes sont victimes de codes vestimentaires contraints ». Qu’importe le fait qu’interdire le port du Burkini revient à imposer un code vestimentaire contraint, Jadot n’est pas à une contradiction près.

Les Verts, du côté de l’impérialisme et du Nucléaire militaire

Questionné sur la question du nucléaire militaire, Jadot a affirmé qu’ « Il n’est pas question de désarmer la France unilatéralement. On est dans un monde d’une extrême violence, on le voit aux frontières de l’Europe : Ukraine, Biélorussie, Turquie, Libye, Sahel… Il faut être lucide et responsable ». Décidément rien ne semble faire rougir le vert. A coup sûr l’arme nucléaire et tous les risques qu’elle comporte, sans parler des dépenses qu’elle engendre, est vitale pour protéger le pays contre ce qu’il se passe au Sahel. Aucune critique de l’impérialisme français : au contraire pour Jadot, trop peu de moyens sont alloués à l’armée française.

« Quand on voit l’état de nos hélicoptères, de nos chars, de nos gilets pare-balles… Cela ne permet pas à nos soldats qui interviennent sur des terrains d’action lourds d’être opérationnels et suffisamment protégés ». L’armée française sert à protéger les intérêts français dans le monde, notamment en Afrique où la France exploite et pille les ressources, en particulier l’uranium, pour ses centrales mais aussi pour son armement. Qu’importe qu’Areva ou Total polluent les sols africains, qu’ils soient responsables de la mort de milliers de personnes par an et que cela soit un désastre écologique.

Ces déclarations se font dans la continuité de l’intervention de Yannick Jadot à l’université d’été du Medef. Il y avait défendu « le capitalisme européen et le modèle social européen, qui ne sont pas les modèles chinois ou américain ». Il l’a encore répété dans son interview « Vous savez combien je me bats contre des accords de libre-échange, contre ce capitalisme prédateur pour l’environnement et les personnes. Le modèle social européen a beau être insuffisant, il est le plus protecteur au monde. » Avec ces déclarations, il montre qu’il est potentiellement une porte de sortie pour la patronat en vue des prochaines présidentielles. Ce n’est pas pour rien qu’il explique dans L’Obs qu’« Il y a une prise de conscience, une mobilisation de la société : je pense à la jeunesse qui marche pour le climat, mais aussi aux salariés et chefs d’entreprise. » Sa surenchère sécuritaire veut montrer qu’il peut, d’une part canaliser les colères liés à la question environnementale qui touche particulièrement la jeunesse, mais surtout qu’il peut faire face à une crise économique, sociale et écologique notamment par la répression. EELV n’est pas une solution à la crise sans précédent à laquelle le monde fait face. La seule manière de répondre à l’urgence climatique et sociale est la rupture pure et simple avec le système capitaliste, pas une vaine tentative de le repeindre en vert pâle.


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