×

Guerre en Ukraine

Surenchère militaire : la France, les États-Unis et l’Allemagne vont envoyer des chars légers à l’Ukraine

La France vient d’annoncer l’envoi de chars légers à l’Ukraine, tout comme les États-Unis et l’Allemagne. Une nouvelle surenchère militaire, à l’heure où les deux camps cherchent à reprendre l’initiative et à réamorcer une guerre de mouvement.

Irène Karalis

5 janvier 2023

Facebook Twitter

Crédits photo : FRANÇOIS NASCIMBENI / AFP

Ce mercredi soir, à la suite d’un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, l’Élysée a annoncé la livraison de chars légers à l’Ukraine. Si cette dernière réclamait des chars lourds, en particulier de fabrication Leclerc, la France va finalement livrer des « chars de combat légers de fabrication française » selon un communiqué de l’Élysée : des chars AMX-10 RC, dont la particularité réside dans la mobilité et la vitesse et qui sont voué à accomplir des missions de reconnaissance et d’appui. Dans la continuité de la visite du ministre des Armées Sébastien Lecornu à Kiev en décembre, qui a affirmé vouloir « coller au plus près de l’expression de besoins ukrainiens », l’Élysée a affirmé vouloir, par cette livraison, « manifester la pérennité et la continuité » de l’aide militaire française.

Depuis le début de la guerre, force est de constater que le type d’armes livrées a évolué. Après les armées légères, l’artillerie de longue portée et les systèmes de défense aérienne, les annonces de l’Élysée ce mercredi marquent les premières livraisons européennes de blindés, ce que la présidence a tenu à souligner, rappelant : « c’est la première fois que des chars de conception occidentale sont fournis aux forces armées ukrainiennes. ».

Mais la France a très vite été suivie par les États-Unis qui vont également fournir des blindés M2 Bradley, armés d’un canon léger et de missiles antichars. L’Allemagne, jusqu’ici réticente, n’a eu d’autre choix que d’emboîter le pas de la France et des États-Unis, et a annoncé conjointement aux américains, l’envoi de chars légers Marder.

Si elle possède déjà des chars lourds, de fabrication soviétique essentiellement, l’Ukraine souhaite davantage et demande des chars lourds occidentaux, qui sont supérieurs : soit des Leclerc français, soit des Abrams américains, soit des Leopard 2 allemands. Ce qui pourrait peut-être une prochaine étape dans l’appui militaire actif des occidentaux à l’Ukraine.

Permettre à l’Ukraine de « reprendre l’initiative »

Sur le terrain militaire, les deux camps préparent de nouvelles offensives en attendant que le terrain soit moins boueux. Dans ce contexte, la livraison de chars à l’Ukraine pourrait permettre à l’armée ukrainienne de reprendre une guerre de mouvement après plusieurs mois de guerre de position. Dans L’Opinion, Jean-Dominique Merchet explique ainsi qu’« il s’agit de véritables engins de combat, éprouvés et qui pèseront dans deux cas de figures probables : pour stopper une offensive russe ou pour accompagner une offensive ukrainienne. »

Dans le même sens, le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air et ancien commandant de l’OTAN à la transformation des capacités militaires, expliquait ce mercredi sur Franceinfo : « L’armée ukrainienne a besoin de toutes les capacités possibles, elle veut reprendre l’initiative, conserver sa mobilité. Ces chars relativement légers, une vingtaine de tonnes, ne sont pas récents mais ils sont aguerris et éprouvés [...]. Ils ont une force de frappe qui n’est pas négligeable avec un canon de 105 mm. » Pour lui, la mobilité, « on l’a vu dans la reprise d’une partie du Donbass, a été une qualité indispensable. »

Il n’est pas exclu qu’à travers cette fourniture d’armes, la France cherche à se positionner sur le terrain économique en prévision de la reconstruction de l’Ukraine. Il y a trois semaines en effet s’est tenue une « conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine » à laquelle plusieurs chefs de grandes entreprises françaises étaient présents, à l’image des dirigeants de Renault Trucks, Thales, Airbus, Bolloré Logistics ou encore Orano.

Dans l’optique de conclure des contrats pour la reconstruction du pays après la fin de la guerre, il est donc important pour le gouvernement français de s’attirer les bonnes faveurs de l’Ukraine avant que les enchères ne soient ouvertes. Quoiqu’il en soit, la livraison de chars occidentaux à l’Ukraine constitue un nouveau saut dans la surenchère militaire en cours depuis le début de la guerre en Ukraine. Une surenchère belliqueuse, dont les pays occidentaux de l’OTAN sont les premiers responsables, et qui a pour première victime la population ukrainienne.


Facebook Twitter
Frappes iraniennes : le soutien des pays arabes à Israël marque un nouveau rapprochement

Frappes iraniennes : le soutien des pays arabes à Israël marque un nouveau rapprochement

Génocide à Gaza : des armes, des affaires et des complices

Génocide à Gaza : des armes, des affaires et des complices

Attaque contre l'Iran : Israël limite sa riposte mais les tensions persistent

Attaque contre l’Iran : Israël limite sa riposte mais les tensions persistent

Etats-Unis. A l'université de Columbia, la répression du soutien à la Palestine s'intensifie

Etats-Unis. A l’université de Columbia, la répression du soutien à la Palestine s’intensifie

28 salariés de Google licenciés pour avoir dénoncé le génocide en Palestine

28 salariés de Google licenciés pour avoir dénoncé le génocide en Palestine

Veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, ou l'hypocrisie des Etats-Unis sur les « deux États »

Veto à l’adhésion de la Palestine à l’ONU, ou l’hypocrisie des Etats-Unis sur les « deux États »

Argentine : Les sénateurs augmentent leurs salaires de 170% en pleine crise économique

Argentine : Les sénateurs augmentent leurs salaires de 170% en pleine crise économique

Invasion de Rafah : comment la bourgeoisie égyptienne tire profit des menaces d'Israël

Invasion de Rafah : comment la bourgeoisie égyptienne tire profit des menaces d’Israël