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22 mars et après : échos de chantiers

Témoignages. Partout en France, les cheminots se préparent à déclencher la guerre !

​Des cheminots de plusieurs villes et chantiers de partout en France, tous métiers confondus, de plusieurs syndicats différents et même des non-syndiqués, ont envoyé leurs témoignages à la demande de Révolution Permanente. Ils nous racontent comment la journée de grève et mobilisation du 22 mars se prépare, et aussi quelles sont les discussions sur la suite du mouvement.

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Dans les gares, les chantiers, les ateliers, les postes de circulation, les dépôts, les bureaux et les guichets, les cheminots discutent de la réforme, de ses conséquences, mais surtout de comment mieux la combattre !

La nécessité de se mettre en grève, souvent la nécessité d’une grève dure pour bloquer l’économie, seule manière de vraiment se faire entendre pour beaucoup, est réellement présente dans les esprits. Les collègues se posent la question de comment pourrait-on s’organiser pour tenir, comment s’adresser aux usagers pour leur faire comprendre que cette lutte, ça les concerne ! La nécessité de se voir en Assemblée Générale pour que ça soit les grévistes qui décident des suites, apparaît comme une évidence pour beaucoup. Il va falloir également commencer à se poser la question de comment se coordonner, au-delà de la gare ou l’atelier où chacun est présent.

Nous partageons les récits de ces collègues avec les lecteurs de Révolution Permanente, dont de nombreux cheminots et cheminotes, car nous souhaitons que ce quotidien en ligne soit un outil pour la mobilisation, qui permette de refléter ce qui se passe dans les chantiers, dans les gares, et aussi dans les Assemblées Générales et les comités de mobilisation.

Nous avons donc recueilli les témoignages de nombreux collègues, représentant différents chantiers et villes, mais aussi différents syndicats et métiers :

" Sur Saint Lazare, beaucoup d’entre nous ne se sont pas reconnus dans la proposition de faire grève en pointillés et cela pendant 3 mois. À la traction c’est même la colère qui l’emporte en découvrant cette modalité d’action, un texte sous la forme d’une pétition a donc tourné pour ne pas répéter les erreurs des grèves passées et que la grève soit décidée par les grévistes. Des cheminots de tout services, syndiqués ou non, se sont réunis ce lundi à la gare pour discuter de comment gagner. Pour l’ensemble de présents, il est hors de question de se baser sur "la grille de loto" pour faire une grève 2 jours sur 5. Chaque service a expliqué pourquoi ça ne servait à rien concrètement (par exemple les vendeurs qui n’ont pas envie de s’en prendre plein la gueule entre deux jours, les métiers qui sont soumis aux déclarations de grève 48h en avance, les conducteurs qui perdent plus d’argent qu’une grève classique quand ça prend des découches sur les jours encadrants, etc.). Nous avons décidé de proposer à l’AG de partir en grève reconductible à partir du 3 et tourner dans tout les services jusque là.

Le 22, une Assemblée Générale aura lieu à 10h30 avant de rejoindre la manifestation à 13h, lors de l’AG les grévistes comptent bien exprimer leur points de vue et ne pas se laisser emmener dans une stratégie d’essoufflement. Dans l’idéal, on voudrait pouvoir défiler derrière une banderole qui rassemble les cheminots de Saint Lazare, au-delà des étiquettes, et s’organiser avec les autres gares parisiennes "

B., conducteur de trains à Saint Lazare, syndiqué à Sud Rail


"Sur le site de Trappes, les collègues sont bouillants. Boostés par plusieurs conflits locaux aboutis car suivis à des niveaux historiques et révoltés par les attaques menées contre l’ensemble des cheminots et contre le service public, ils ont participé en masse aux actions syndicales menées sur le site (HIS et projection-débat entre autres), y compris plusieurs cadres, ce qui était jusque là inhabituel. Ils ont compris l’importance de se mobiliser dès le 22. Personnellement, je n’ai jamais croisé autant de collègues conducteurs, syndiqués ou non, prêts à aller manifester. Il est primordial de réussir la manif du 22 mars, et de partir en grève très fort le 3 avril. L’ensemble des syndicats est d’accord pour combattre cette réforme sur le fond, ce qui est déjà pas mal. Pour la forme, si les syndicats ne sont pas capables de se mettre d’accord, ce sera aux AG de décider".

A., conducteur de trains à Trappes, syndiqué à la CGT Cheminots


"Sur l’Etablissement Infra-Circulation Paris Nord, c’est-à-dire les aiguilleurs et les agents circulation de la région, les cheminots bouillonnent face au rapport Spinetta et aux annonces du gouvernement. Tout le monde comprend que c’est l’heure de la guerre, et que si on n’y va pas pour de vrai cette fois-ci, c’est la mort complète du service public ferroviaire et de la SNCF, telle que nous l’avons connue jusqu’ici !

Dans les tournées, les collègues parlent de 95 et de la nécessité d’une grève dure pour faire avaler sa réforme à Macron et à Pepy. Les questions tournent beaucoup autour de comment faire pour s’adresser et s’allier aux usagers. Beaucoup de collègues se posent aussi la question de comment se préparer à un conflit long, et en ce sens, l’expérience des salariés du nettoyage des gares, de l’entreprise Onet, est devenu un symbole pour beaucoup de collègues sur notre région. Ils ont fait 45 jours de grève, ils ont mis en place une caisse de grève et ils ont réussi à récolter 80.000 euros et le soutien très large de la population, mais aussi des organisations, des artistes, des intellectuels, etc. C’est pour nous un exemple à suivre ! D’autant plus qu’ils seront en grève avec nous le 22 mars !

En tout cas, énormément de collègues sont près à en découdre et à se battre jusqu’au bout ! La nécessité est maintenant de se retrouver an Assemblée Générale, cheminots grévistes, syndiqués ou non, pour décider ensemble des suites de notre grève. Il faut chercher à se coordonner avec d’autres AG, à l’image de ce qui a été fait par nos anciens dans la grande grève de 1986 ! Personne ne doit décider à notre place ! La grève aux grévistes !

L., agent circulation au triage du Bourget, Sud Rail


"Le 22 mars sera une date où les cheminots toulousain.e.s répondront présent.e.s, peu importe la couleur de l’autocollant. Si dissensions il y a pour l’après 22 mars, les remontées font état d’une envie d’être visible que ce soit à Paris ou localement. Que ce soit contre ce que prévoient les ordonnances ou les « préconisations » du rapport de l’autre, ce sont tout autant de cheminot.e.s visé.e.s, et de services en moins.

Les lignes de Midi-Pyrénées sont visées à hauteur de 50% et la possibilité prochaine du licenciement économique pour ceux ayant construit leur vie et/ou la mutation contrainte ou forcée, toucherait près de 1500 personnes.

Ces derniers jours ont été riches en échanges que ce soit avec les syndiqué.e.s et les non syndiqué.e.s. Les nombreuses annonces ont échauffé les esprits et si d’un côté il y a une appréhension sur les chances d’un mouvement lourd il n’y en a pas moins une envie d’en découdre. Les tournées et permanences préparent les cheminot.e.s à agir en sachant pourquoi ils et elles se bâtent, que ce pourquoi ils et elles se défendent a un sens, et ils et elles le savent.

Des cadres inter-professionnels commencent à se former avec certains secteurs en lutte comme la santé, l’éducation, la fonction publique, et le message est important. Et cela se construit sur le terrain ! Si 95 est une date qui revient dans la bouche de certain.e.s, beaucoup se voient rappeler que la base avait débordé la « tête »"

S., conducteur de trains à Toulouse, syndiqué à Sud Rail


"L’ambiance est électrique ! Tout le monde a envie d’en découdre avec le projet et pas grand monde ne comprend la stratégie de l’interfédérale syndicale. La grève perlée (trois jours par semaine...) ne prend pas dans les esprits et les conducteurs ou gestionnaires des moyens (ceux qui font en gros la commande des conducteurs) veulent s’orienter plutôt vers une grève reconductible et certains dès le 22 ! L’avis général est que de toute façon on sait qu’il va falloir durer si on veut faire plier le gouvernement mais que le mouvement doit être dur et faire le lien avec les autres secteurs (étudiants, retraités, fonctionnaires, aéroports, etc...) pour que l’on ait la capacité de l’emporter. Y’aura du monde le 22, on verra ce que ça donnera pour la suite ! "

G., conducteur de trains à Paris Nord, syndiqué à FO Cheminots


"Pour le Technicentre le Landy, il y a une vrai envie d’en découdre. Les cheminots ont très mal pris le matraquage médiatique de ces derniers jours dans lequel on a voulu les faire passer pour des privilégiés. La journée du 22 mars s’annonce énorme avec des taux de grévistes historiques, on est quasi 100% de grévistes sur les équipes de production, les agents de Maîtrise seront aussi de la partie avec des secteurs où 100% des dirigeants de proximité seront grévistes, c’est une première !! Les cheminots du Landy ont compris que les enjeux sont énormes, mais le plus important est qu’ils ont intégré le fait que la lutte ne s’arrêtera pas au 22 mars et que seul un mouvement fort et une grève reconductible pourra faire plier le gouvernement ! On ressent aussi que les liens se sont resserrés entre agents de l’exécution et Maîtrise et c’est une très bonne nouvelle ! Les cheminots du Landy sont prêts pour lancer les hostilités et ont pour objectif d’aller chercher la gagne et faire plier le gouvernement Macron !!"

K., agent du matériel au Technicentre du Landy, Sud Rail Paris Nord


"Mes collègues sont déterminés à faire grève et à se mobiliser contre ses attaques. Mais à vrai dire, on était plutôt sur une grève d’une semaine non stop, plutôt que les 2 jours par semaine parce que ces deux jours ne suffiront pas. Le mouvement risque de s’essouffler rapidement si on n’arrive pas à avoir une stratégie gagnante. Ils appréhendent l’après 22 car rien n’es encore décidé par les organisations syndicales... Certains discutent de créer une résistance à eux, sans étiquette syndicale, pour en venir à un nouveau mai 68 mais nouvelle génération ! Ils essayent de créer un réel mouvement afin de faire un blocage et de rallier tout le monde"

M., contrôleuse à Paris Nord, syndiquée à l’Unsa


"Pour l’UP traction d’Amiens, on commence à respirer à pleins poumons. Une vague de détermination impressionnante émane de la jeune génération, ayant tout à fait compris l’ensemble des enjeux. Au détour des conversations, j’ai appris l’entrée dans la danse d’une toute jeune promotion de 5 conducteurs n’ayant même pas 6 mois d’examen mais tous décidés à descendre sur Paris. Ils seront accompagnés par de nombreux autres collègues à peine plus anciens sur le réseau. Alors que les plus pessimistes pointent souvent la jeune génération du doigt comme formatée et peu encline à se défendre, cette dernière fait la part-belle à ces on-dits et ouvre fièrement la marche.
Pour la petite anecdote, à l’arrivée sur Abbeville, terminus de mon train ce soir, à peine après avoir déverrouillé les portes, l’agent d’escale n’a pas perdu une seconde pour tapisser les fauteuils de tracts pour le lendemain. Bref, c’est hyper prometteur !!"

Y., conducteur de trains à Amiens


"Sur l’EIC Hauts de France, l’idée de l’équipe est de faire un 100% de grévistes au niveau de la production. Grosses tournées d’effectuées sur l’ensemble des secteurs. Nous n’aurons jamais eu autant d’intention de faire grève auprès des AC. Nous pouvons dire aujourd’hui que sur Somain il y aura 100% de grévistes, sur Laon 100% de grévistes, sur Tergnier très très gros pourcentages à prévoir également, sur la Somme l’objectif des 100% sera pratiquement atteint. Un petit phénomène également, c’est que les Dirigeants de Proximité se sentent vraiment concernés. Ils seront majoritairement en grève. Notre équipe a même organisé un départ en car, tant l’on redoute le 0 train pour Paris à la demande même des agents. Ce sera une belle fête ce 22 mars, de quoi être remontés à bloc pour la suite. Pour avoir fait un tour à l’escale d’Amiens, de nombreux agents ont déjà rempli leur Déclaration Individuelle d’Intention de grève (D2I). FO est très motivé et étant majoritaire à la traction sur Amiens, de très très nombreuses D2I sont tombées. Les seuls qui voulaient ne pas trop faire grève c’était pour se préparer à la grève reconductible à partir du 03 avril. Je n’ai jamais vu cela sur l’établissement. En vue de préparer la grève reconductible à compter du 03, nous sommes entrain de nous organiser avec FO pour les tenues d’AG. La CGT étant très faible sur notre secteur, ceci ne sera pas un frein à la tenue de celles-ci. Les agents ont conscience que ce ne sera pas simple. Mais la motivation est vraiment présente. Après le 22 mars, nous refaisons le tour des postes"

V., agent circulation à l’EIC Hauts de France, Sud Rail


"Ce qui est sûr : la mobilisation est là ! En Languedoc-Roussillon, nous serons plus de 700 à monter sur Paris avec même des cadres ! Pour l’après 22 c’est à voir sur la forme d’action. Le lendemain de l’interfédérale du 15 mars, j’ai fais un petit schéma à chaud sur la stratégie. Personnellement, je suis pour la grève reconductible pure et dure. Mais finalement la stratégie de ces 2 jours est bonne car ça va foutre un sacré bordel d’organisation. Une chose est sûre, telle ou telle action sera bonne qu’avec la détermination des cheminots,en masse et unis ! Une Assemblée Générale a lieu sur Béziers dès lundi 19. Donc, affaire à suivre !"

G., agent du matériel au Technicentre de Béziers, syndiqué à la CGT Cheminots


"À Montpellier, d’un côté il y a une grosse envie d’en découdre dans un corps militant élargie ! Après il y a toujours quelques uns qui sont plutôt sceptiques. Du côté des motivés quelques déceptions sur le mode de grève, mais dans l’ensemble ça passe plutôt bien, et les cheminots veulent se battre ! On espère que les collègues vont être mobilisés pour la prochaine AG !"

C., agent à la Gare de Montpellier, syndiqué à la CGT Cheminots


" Nous avons organisé une heure d’info syndicale unitaire (CGT, UNSA, SUD-Rail, CFDT, FO) au Technicentre de Saint-Pierre des Corps, une première sur l’établissement ! Sur le site industriel nous avons réussi à mobiliser 250 cheminot-es, sur un effectif de mille agents environ. Sur le site Maintenance du matériel, nous avons mobilisé 80 cheminot-es sur plus de 250 agents. Après des explications sur les conséquences de la réforme, nous avons annoncé le dépôt d’un préavis de grève unitaire pour la journée du 22 mars. Puis, une motion pour interpeller le directeur d’Etablissement a été adopté par les cheminot-es qui se sont rendu-es devant le bâtiment de la direction ... Les cheminot-es semblent prêts à mener la lutte, en tout cas pour le 22 mars, qui sera massif, cela est maintenant sûr ! Les délégué-es SUD-Rail maintiendront la pression pour qu’à partir du 3 avril un maximum de cheminot-es soient présent-es dans les Assemblées Générales afin de décider eux et elles-mêmes des modalités de leur mouvement. Les cheminot-es de cet établissement de Saint-Pierre des Corps lancent un appel aux autres Technicentres afin de s’informer mutuellement sur la situation de chacun-e et de se coordonner dès aujourd’hui pour apporter une réponse à la hauteur des enjeux !"

S., agent du matériel au Technicentre de Saint Pierre des Corps à Tours, Sud Rail


"Le 14 nous sommes allés en gare de Mulhouse et Strasbourg dans le cadre de la journée de rencontre avec les usagers organisée nationalement par SUD-Rail. Ça s’est vraiment bien passé ! Une bonne cure de désintox pour certains qui ne voyaient plus les choses de la même façon après nos échanges. Un bilan vraiment très positif avec plus de 3000 tracts distribués et un bon paquet d’encouragements à ne pas nous laisser faire !

Nous avons été à l’initiative d’un rapprochement intersyndical régional. Nous avons également lancé un petit tract, « Le poing » qui sortira régulièrement pour tenir les collègues informés en temps réels des avancées sur le dossier de la réforme et des informations pratiques (horaires des AG et des manifs, appel aux actions, horaires des piquets ect.).

Au final nous serons plus d’une vingtaine à faire le déplacement sur Paris et les D2I pleuvent sur tous les services de commande. Pour la suite, nous appelons à absolument venir à l’AG du 3 avril, les grévistes doivent être les acteurs de la grève et seule l’AG permet de créer un collectif informé et réactif pour mener ce combat qui sera, on le sait, très difficile"

M., conducteur de trains à Strasbourg, syndiqué à Sud Rail


"Depuis que je suis dans l’établissement (1990), c’est la première fois qu’autant de cheminots se sentent concernés, surtout les derniers arrivés qui jusqu’à présent étaient conscients de l’évolution négative au sein de notre entreprise mais n’avaient pas encore franchi le choix de l’engagement par la gréve et la manifestation. Sur la grève et la manif à Paris du 22, sur un effectif de 75 agents, 30 sont inscrits pour ce rassemblement, ce qui est énorme !"

P., agent du matériel au Technicentre de Chamier (Moulin Neuf), Dordogne


« En tant que salariée du CER SNCF, il me semble important d’être active à l’occasion de cette manifestation, il faut montrer, par le nombre, l’ampleur du mécontentement. Je serai donc présente, à Paris, avec d’autres collègues du CER afin de soutenir et de partager la lutte des cheminots qui s’engagent, cette lutte qui ne fait que commencer. Nous savons que si le nombre de cheminots diminue sur notre périmètre, ce sera autant de dotation en moins et donc, moins de moyens pour fonctionner. Nos emplois sont donc en jeu mais également, bien sûr, la poursuite d’activités sociales et culturelles de qualité pour les cheminots et leurs familles. »

N., agent au Comité d’Entreprise Régional, Bordeaux


"C’est sur que le 22 ce sera une réussite. Il y a 103 collègues inscrits pour monter à Paris, c’est du jamais vu depuis des années ! L’autre jour, une guichetière qui n’a jamais fait grève depuis 20 ans qu’elle est là, m’a demandé s’il y avait un préavis pour jeudi, je lui dit que oui, elle me répond « alors je monte à Paris ». Il y a une vraie envie d’en découdre chez les collègues. Le 22 sera massif, ça nous donnera la force et l’élan de discuter de la suite, parce qu’on ne compte pas s’en arrêter là ! "

Un agent à la gare de La Rochelle


"Au CNO, le centre de supervision national de la circulation des TGV, alors que les cadres sup s’agitent avec Nouvelle R, une réorganisation demandée par le gouvernement pour faire de la productivité dans les directions, les opérateurs circulation se posent des questions sur ce calendrier de grève de 2 jours sur 5, qui ressemble à un roulement édité par la commande du personnel, plus qu’à un véritable plan de guerre pour faire tomber la réforme. Pendant que les cadres se cherchent une place et tentent de ne pas être les laissés pour compte de la réorganisation, les régulateurs s’inquiètent de leur avenir professionnel, de leurs futures conditions de travail et de la campagne anti-cheminot qui sévit tous les jours sur les ondes. Ce n’est pas un milieu traditionnellement gréviste mais certains jeunes embauchés iront pour la première fois à une manifestation…et peut-être à une Assemblée Général. Alors on fait tout pour que ce soit une réussite !! En tout cas, il y a de quoi se révolter !"

O., opérateur à la Direction de la Circulation Ferroviaire


"Ici à Reims, l’air est électrique ! Les cheminots ont envie de se mobiliser dans des proportions qui dépassent celles du conflits de 2007. Tous services, tous collèges confondus. La préparation de la manif du jeudi 22 mars bat son plein. Des collègues n’ayant jamais participé à un rassemblement national veulent y être. Les cadres exaspérés par le "cheminot bashing" mais surtout par les projets du gouvernement et du Comex, annoncent clairement qu’ils feront grève à des taux inédits, et surtout qu’ils ne remplaceront pas les grévistes dans le conflit qui s’annonce".

S., agent circulation à Chalons en Champagne, syndiqué à la CGT Cheminots


"Le rapport Spinetta, puis les communications ministérielles confirment une attaque sans précédent du service public SNCF. Il faut pour cela une réponse forte, dure, de l’ensemble des cheminots ! Le 22 mars, 170 cheminots de Bayonne et Hendaye monteront avec force conviction sur Paris. La perspective d’une grève reconductible de 2 jours tous les 5 jours, que les médias appellent une « grève perlée inédite » est une vraie possibilité de lutte gagnante, pour la survie de notre service public. Ce roulement répondrait à la question du coût puisque le cycle amènerait à faire 8 jours par mois environ, il répondrait à la question de l’ambition puisqu’il permettrait de désorganiser fortement le plan de transport et les travaux, il répondrait à la question de la perte des repos puisqu’avec le dépôt de préavis sur chaque séquence, les seuils seraient évités, il répondrait à la question des « weekendistes » qui pourraient s’impliquer, il n’opposerait pas les cheminots entre eux puisque les sédentaires feraient 2 jours par semaine et les postés ou roulants feraient entre 2 et 4 jours. Tout le monde serait donc sur les mêmes modalités.
Tous les cheminots, que ce soient ceux qui veulent s’économiser, ou ceux qui veulent perturber la production, pourraient s’y retrouver.

Clairement, nous attendons maintenant, sur Hendaye Bayonne, la manif du 22 et ses suites avec impatience et détermination".

J., conducteur de trains, CGT Cheminots Bayonne-Hendaye


"Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle cette histoire de 2 jours sur 5, mais nous commençons à avoir l’habitude des nouvelles formes de grève, pour soi-disant s’adapter à la conjoncture et bla et bla. On dirait une idée de la république en marche ! révolutionnaire !! Non, pour vrai, et la majorité des cheminots vous le dira, ce qui marche, c’est une bonne grosse grève ininterrompue jusqu’à la gagne, en reconductible, et choisie en Assemblée Générale. Personnellement je n’ai pas rencontré de collègues convaincus de la proposition des 3 organisations syndicales (CGT, Cfdt et Unsa). Cela sera bien sûr très discuté le 22 et nous aurons une meilleure idée des choses, mais je crois ne pas trop me tromper sur la vision des cheminots sur ces techniques de courtoisie. Ce n’est pas une grève mondaine que nous leur donnerons, mais la voie du peuple ! "

C., conducteur de trains à Austerlitz, syndiqué à Sud Rail


" Au niveau du dépôt à Ivry, on a des étoiles dans les yeux. Depuis 2001 que je suis là c’est la première fois que je vois ça : ici tous les collègues sont motivés, tout le monde se sent impacté par ce qui nous attend, aussi bien les conducteurs, que ceux qui travaillent dans les ateliers, sur les locomotives, etc. Je n’avais jamais connu une telle effervescence. D’habitude, j’allais tout seul à l’Assemblée Générale d’Austerlitz, là c’est la première fois depuis que je travaille ici qu’il y a une assemblée générale à Ivry. Ça montrera à beaucoup de monde qu’on est motivé ! Le 22 on a prévu piquet de grève, assemblée générale à 10h, barbecue, on aura la sono, on a aussi préparé deux banderoles « non à la casse de la SNCF » et « cheminots en colère ». C’est la première fois qu’on fait tout ça. Et il y aura un départ commun et un rendez-vous à Gare de l’est.

Globalement le 22 s’annonce très suivi : vus le nombre important de déclarations individuelles de grève déposées en région parisienne il y a de grandes chances que des portions entières de banlieues ne soient pas desservies. Selon des estimations de la semaine dernière on serait en S-1 dans le jargon. En tant que cheminots on se battra jusqu’au bout, on fera tout notre possible pour contrer les réformes de Macron, même s’il va falloir que d’autres corps de métier nous soutiennent et se mobilisent avec nous ".

A., conducteur de manoeuvre au dépôt d’Ivry, syndiqué à Sud Rail


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