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« Tenue décente exigée » à l’école : la nouvelle sortie sexiste de Macron pour séduire la droite

Dans une interview accordée au magazine Elle, Macron annonce être en faveur d’une "tenue décente exigée” à l’école, rappelant la polémique de la “tenue républicaine” lancée par Blanquer à la rentrée dernière. Une nouvelle offensive réactionnaire, pour draguer la droite en défendant le contrôle des corps et des libertés des élèves, et principalement des jeunes filles.

Ella Dall’erta

2 juillet 2021

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A la suite d’une interview donnée pour le magazine Elle, Macron a relancé la polémique de la “tenue républicaine” lancée par le ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer en septembre dernier face au mouvement de jeunes lycéennes le 14 septembre, pour revendiquer le droit de s’habiller comme elles le souhaitent et lutter contre les normes vestimentaires.

Dans cette interview il déclare : “Je suis pour la liberté. J’ai été élevé de cette manière, et nos petits-enfants le sont aussi. Mais la liberté ne vaut que lorsqu’il y a des règles de vie commune. À la maison ou chez des amis, c’est une chose. À l’école, je suis plutôt “tenue décente exigée”, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Je ne suis pas un défenseur de l’uniforme, mais tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d’exister n’a pas sa place à l’école. On peut tenir compte de la part de fantaisie d’un ado et tenir bon sur certains principes !". Le président répond ici à une question à propos du port de crop-tops auquel il se dit donc opposé, ce qui a suscité de nombreuses de réactions sur les réseaux sociaux, notamment sur twitter avec la création des #BalanceTonTop et #TopIndecent qui ne sont pas sans rappeler les anciennes campagnes sur Twitter pour dénoncer les propos de Blanquer.

Cette nouvelle polémique arrive à la fin du Forum Génération Égalité, vu comme étant “la COP des femmes”, événement appelé à "responsabiliser tous les acteurs en matière d’égalité entre les femmes et les hommes” selon l’ONU. Macron a ouvert ce forum en déclarant : “Je revendique avec les dirigeants qui sont là d’être féministe, d’être féministe au nom du fait que le féminisme est un humanisme”. Pourtant les déclarations du président ont vite été remises en cause, accusé à juste titre d’hypocrisie sur les réseaux sociaux en se revendiquant “féministe” alors que la teneur de son propos est d’interdire les femmes et jeunes adolescentes de s’habiller comme elles l’entendent.

Mais c’est aussi, à juste titre le caractère réactionnaire de la remarque de Macron qui a été dénoncé, qui fustige la soi-disant volonté de “choquer ou d’exister” des élèves. Les jeunes filles s’habilleraient donc volontairement de manière choquante, vieille rhétorique réactionnaire selon laquelle les femmes choisiraient la sexualisation de leur corps, se voudraient provocantes, etc. Pour Macron, l’école est donc un espace normatif, où les élèves doivent se conformer et ne surtout pas exprimer leurs personnalités et leurs idées propres. Pas étonnant, alors que le SNU a cette année encore été lancé par des images de jeunes en uniformes, congratulant la République et le folklore militaire.

Ces déclarations du président, ne font que conforter la séparation qui existe entre le féminisme sécuritaire et néo-libéral du gouvernement et le nôtre. En effet, les femmes, annoncées comme étant sa “grande cause du quinquennat", sont constamment attaquées par le gouvernement à coup de lois conservatrices et réactionnaires telle que la loi séparatisme avec ses amendements interdisant le port du voile par les mères accompagnatrices mais aussi par des réformes qui les précarisent toujours plus comme avec la réforme de l’assurance chômage.

Aujourd’hui, ce sont les jeunes filles qui sont ouvertement visées par le tournant réactionnaire du gouvernement. En réponse à la polémique lancée par Macron, Marlène Schiappa, interviewée par RMC, tente de justifier ses propos en détournant la question, sur la défensive : “C’est une réponse du Président de la République à une question dans un magazine [...], c’est pas une loi. [Il] répond que, pour lui, à l’école, les garçons comme les filles doivent avoir une tenue décente, il ne mentionne pas, d’ailleurs, le crop-top. [...] Il donne son avis.”. Ainsi, c’est dans un contexte propice à redorer son blason en se forgeant une façade progressiste que le gouvernement Macron montre d’autant plus son caractère conservateur en attaquant la liberté vestimentaire des élèves.

Ces attaques criminalisant les vêtements des jeunes dans les établissements scolaires ne sont pas nouvelles. Lors de la rentrée de l’année dernière, Blanquer clamait : "L’école n’est pas un lieu comme les autres, vous n’allez pas à l’école comme vous allez à la plage ou en boîte de nuit" à la suite d’un mouvement lancé sur Twitter avec le #14Septembre pour dénoncer la “tenue républicaine” souhaitée par le ministre de l’Education Nationale dans les lieux scolaires.

Ainsi, à cette date, des lycéennes et collégiennes, avec des lycéens et collégiens, sont allées en cours en portant des jupes et des crop-tops pour faire pression aux administrations. Les propos de Blanquer ont donc lancé une vague d’indignations sur les réseaux sociaux, mais ont aussi permis à différents collèges et lycées de durcir leur règlement, interdisant aux filles de porter des jupes, shorts et autres crop-tops.

L’école républicaine est donc loin d’être l’école de l’émancipation comme on veut nous le faire croire, mais un lieu d’interdictions et de privations des libertés, où se reproduisent les inégalités de genre ainsi que les inégalités sociales.


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