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Crise économique

Total envisage la fermeture de la Raffinerie de Grandpuits

Le monde d’après est décidément le même qu’avant, mais en pire pour les travailleurs. Les sociétés du CAC40 s’engouffrent dans la brèche du Covid-19 pour pleurer leurs pertes de profits et tendre la facture aux travailleurs. Après Airbus et tout le secteur aéronautique, voici venir le temps de l’entreprise Total, qui laisse planer le doute sur sa volonté de fermer la raffinerie de Grandpuits.

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 Crédit photo Le Parisien/S.B. 

Le Groupe Total ne souffre d’aucun complexe. Après avoir versé plusieurs milliards de dividendes aux actionnaires, il s’apprête à orchestrer la casse sociale en fermant les unités de raffinage du site industriel de Grandpuits. La raffinerie va probablement être l’une des futures victimes d’un moment propice pour supprimer des centaines d’emplois sous couvert de cette crise sanitaire et économique.

En réalité, elle est victime d’une stratégie industrielle, rien de moins. En effet, délocaliser les capacités de raffinage n’est pas lié à la conjoncture du Covid-19 ou à un Pipe-line trop couteux à entretenir mais bien à une stratégie industrielle du géant pétrolier, affichée depuis des années.

Après la raffinerie de Flandres, Carling et La Mède, la prochaine sur la liste noire du patronat sera sans doute Grandpuits. Pourtant les besoins en carburant sur la France et la région Ile-de-France, où est implantée la raffinerie sont importants ; ils l’étaient hier, ils le seront demain.

Alors pourquoi fermer une raffinerie et se priver de sa capacité de raffinage ?

À cette question, le patronat répond d’une seule et même voix : la compétitivité. Ils aiment aussi l’appeler « le coût du travail ». Des salaires déjà beaucoup trop élevés pour ces patrons voyous et ces fameuses cotisations salariales qui nous permettent d’avoir un système de soins public, des retraites, le chômage. Il s’agit d’un système social à minima pour les travailleurs, mais d’un poids beaucoup trop lourd pour les patrons, tellement lourd qu’ils appellent cela des « charges ».

D’autre part, les normes environnementales permettant l’obligation de filtrer les rejets en eau, en air pour diminuer leur impact sur l’environnement, sont jugées beaucoup trop contraignantes pour le patronat. En effet, en France, les normes sont plus strictes que dans d’autres pays, et cela constitue alors un frein à la machine à profits pour les patrons. De notre point de vue à nous, travailleurs, vivre dans un environnement sain ou les rivières et les fleuves ne sont pas pollués et l’air bon à respirer est nécessaire. Il est indispensable de contrôler les rejets d’une activité comme le raffinage, en France comme ailleurs.

L’écologie est un enjeu planétaire et il ne suffit pas de délocaliser les capacités de raffinage hors de France pour résoudre les rejets de CO2, bien au contraire. Raffiner hors de France, c’est sans aucun doute produire du carburant dans des pays où les normes sociales et environnementales sont au plus bas par rapport à la France. N’en déplaise aux chantres du greenwashing, délocaliser les capacités de raffinage, c’est aggraver la pollution et non pas la résoudre.

Le Pipe-line d’Ile-de-France, qui alimente en pétrole brut la raffinerie de Grandpuits, a subi une fuite importante il y a quelques mois. La Direction Générale, consciente de l’état du tuyau, annonce que son remplacement serait trop couteux. Pourtant, les organisations syndicales alertent depuis des années sur le manque d’investissements sur le PLIF et sur les unités de raffinage de Grandpuits. On parle d’un montant de 300 millions aujourd’hui mais c’est la Direction qui a préféré verser de généreux dividendes à ses actionnaires plutôt que d’investir dans notre outil de travail.

En comparaison des 7 milliards versés aux actionnaires en 2020, que représente 300 millions pour un Groupe comme Total ? Combien d’année le Groupe va-t-il mettre pour amortir ce cout alors qu’en 2015, la raffinerie faisait 150 millions de bénéfice ?

Les patrons et les salariés n’ont décidément pas les mêmes intérêts

Il est toujours intéressant de noter ce clivage permanent entre les intérêts des patrons et ceux des travailleurs. Les uns voyant des pertes pour leurs profits, les autres des normes sociales et environnementales qui les protègent eux et la nature dans laquelle chacun d’entre nous vit. Une preuve supplémentaire que la lutte des classes est permanente dans la vie des entreprises et que les médias des classes dominantes ne peuvent masquer la réalité des travailleurs, malgré leur propagande permanente.

Par ailleurs, une fermeture des unités de raffinage à Grandpuits aurait comme conséquence de détruire une bonne partie du bassin d’emploi seine-et-marnais, avec non seulement les salariés de Total qui pourraient perdre leur emploi, mais aussi un ensemble de salariés sous-traitants et d’entreprises extérieurs, qui sont souvent les premiers à faire les frais de la politique patronale.

Si Total ferme les unités de raffinage, les villages, les commerces, les services publics à l’alentour de Grandpuits vont en payer le lourd tribut. Combien d’écoles, de boulangerie, d’épicerie ou de restaurants vont fermer à cause de cette casse sociale ?

La présence des syndicats de lutte protégeant les salariés et organisant la riposte et l’organisation à la base, contre la volonté permanente du patronat de baisser les salaires, licencier, baisser les couts de maintenance et rendre de plus en plus dures les conditions de travail est aussi l’un des freins dans la machine à profit.

C’est cette détermination et disposition à construire un véritable rapport de force, et non pas à la négociation du poids des chaînes, qui permettra de contrer la volonté du Groupe Total de casser notre outil de travail et de délocaliser ces capacités de raffinage dans des pays où il n’y a pas de Commissions d’hygiène et sécurité, pas ou peu de culture de la lutte des classes comme c’est le cas au sein des raffineries Total en France.

N’en déplaise à madame Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’économie, quand Total ferme les unités de raffinage d’un site industriel, le groupe ne discute pas avec les organisations syndicales, il impose son projet guidé par l’appât du gain et votre gouvernement l’accompagne dans sa vision capitaliste, anti-écologique et antisocial.

C’est contre tout cela, pour qu’on ne nous impose pas leur « monde d’après » que les salariés de Grandpuits, et l’ensemble des travailleurs et travailleuses, vont devoir se battre dans la prochaine période.


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