L’exposition, intitulée « Les couples imaginaires » avait été montée pour la première fois à Paris en juin 2013. Elle avait pour but de lutter contre une vision unique et univoque du couple grâce à des portraits mettant en scène des inconnus mais aussi des célébrités dans des situations quotidiennes de couples homosexuels, de familles homoparentales, de couples en situation de handicap... Cette exposition avait déjà été saccagée à l’époque. Enrichie depuis lors et rebaptisée « Les couples de la République » la série avait déjà été exposée dans diverses villes sans incidents. A Toulouse pourtant, il y a trois jours, la série a été vandalisée à nouveau.
L’exposition était affichée sur les grilles du Grand Rond pour célébrer les dix ans de l’association l’Autre Cercle qui lutte contre les discriminations à l’encontre des personnes LGBTI dans le monde du travail. Très peu de temps après son installation, le 30 novembre, une photo avait été dégradée, puis quatre jours plus tard la quasi-totalité de la série était recouverte de peintures avec des messages homophobes et réactionnaires tels que « honte » tagué sur le visage des personnes photographiées. La seule image a avoir été épargnée représentait un couple hétérosexuel. Des témoins ont précisé qu’il s’agissait d’un groupe de six personnes qui se sont présentées comme chrétiennes et catholiques et revendiquant les « valeurs millénaires de la France ».
Suite à ces événements, la mairie de Toulouse a porté plainte et l’association a décidé de réimprimer les photographies et de les afficher. Installés lundi, les nouveaux panneaux ont tous été volés dans la nuit qui a suivi. Outre le fait que les tirages coûtent extrêmement chers et que le montage d’une exposition nécessite du temps, ces actes sont avant tout une attaque homophobe, symbole d’une politique réactionnaire qui sévit encore et toujours. À quelques jours du succès électoral aux régionales du FN, qui par ailleurs venait d’annoncer sa volonté de supprimer l’intégralité des subventions aux associations LGBTI s’ils étaient élus et s’attaquant par ailleurs aussi au Planning Familial, ces actes s’inscrivent dans la lignée des attaques se renforçant dans le cadre d’un climat réactionnaire.
Olivier Ciappa, le photographe à l’origine de l’exposition, a d’ailleurs ironiquement demandé à Christine Boutin de se prononcer sur les événements et de les condamner, sur les réseaux sociaux. Ce à quoi elle lui a répondu, sur Twitter, d’aller se « faire f... ». Tandis que l’artiste s’évertue sur Facebook à lancer une campagne pour contrer la censure que cherchent à lui imposer les quelques personnes qui jugent ses photos « choquantes », en demandant aux internautes de partager au maximum les images qui composent la série, les messages réactionnaires du même genre que ceux de Boutin inondent les réseaux sociaux et les articles des médias traditionnels qui ont relayé l’information.
Ces actes de vandalisme prouvent qu’il est plus nécessaire que jamais de lutter contre toute forme de discrimination, envers les gays, les lesbiennes, les trans, les femmes, les personnes racisées, les personnes en situation de handicap.
