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Europe-Forteresse

Traité Europe-Afrique : Macron veut maintenir le cap xénophobe de l’Union Européenne 

Lors d’un dîner de bienfaisance, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté d’un nouveau traité Europe-Afrique, une opportunité pour le président-candidat de développer sa politique anti-migration et xénophobe pour l’Europe.

Yann Causs

27 octobre 2021

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Crédit photo : AFP

Lors d’un repas de bienfaisance avec un réseau d’entrepreneurs protestants Emmanuel Macron s’est exprimé au sujet de sa volonté d’instaurer un nouveaux traité Europe-Afrique sur l’immigration. Trois mois avant le début de la présidence française de l’Union Européenne, mais surtout six mois avant les élections présidentielles française, le chef de l’État français est venu rappeler ses intentions xénophobes en termes de politique migratoire européenne.

Alors que les tragédies qu’entraînent les migrations ne se sont jamais arrêtées - encore ce matin nous apprenions la mort de quatre enfants et une femme au large des côte grecque - Macron affirme de nouveau sa volonté de renforcer les frontières européennes. Comme souvent, derrière de belles déclarations d’intention dans lesquelles il explique vouloir « penser avec les Etats d’origine une politique migratoire beaucoup mieux organisée, en particulier l’Afrique », se trouve en réalité un renforcement des politiques anti-migratoire. En effet, nous pouvons lire dans les colonnes du Monde que face « à une pression migratoire beaucoup plus forte ces dernières années », Emmanuel Macron entend « améliorer l’intégration » et « en même temps prévenir les nouvelles arrivées, insoutenables pour nos sociétés, pour le continent européen, car une large majorité de ceux qui arrivent en demandant l’asile ne sont pas éligibles à l’asile ».

Pour cela, il entend notamment accélérer sous la Présidence française de l’Union Européenne l’adoption du « pacte pour la migration » présenté en fin d’année 2020. Dans le fond, ce texte renforce les logiques xénophobes et anti-migrants, un nouveau pacte, comme nous le disions précédemment, qui est bien loin de garantir l’accueil digne aux migrants et réfugiés sur le sol européen, ni même d’améliorer le sort de celles et ceux déjà présent. Pour rappel, ce pacte vise à accélérer les procédures d’examens des dossiers de demande, limiter l’octroi du droit d’asile, limiter l’arrivée de réfugiés et migrants et augmenter le taux d’expulsions. En outre, c’est aussi en quelque sorte la mise en sous-traitance des politiques xénophobes des Etats impérialistes en faisant porter la responsabilité de la gestion de l’arrivée de migrants aux pays les plus exposés d’Europe. Ainsi, Emmanuel Macron ne veut en aucun cas « améliorer l’intégration », bien au contraire il souhaite réaffirmer le caractère réactionnaire de l’Union Européenne et de la France en premier lieu. Outre ce pacte, pour le journal Le Point soulève le fait que Macron, « réclame une meilleure protection contre les migrations illégales, leur reconduite systématique dans leur pays d’origine et une réforme de l’espace Schengen ».

Si le chef de l’État français affiche sa volonté de continuer dans les politiques xénophobes c’est aussi dans le cadre des présidentielles 2022 en France. Dans un contexte ultra réactionnaire - dont le gouvernement à fait le lit par ses politiques sécuritaires - Macron doit faire face sur ce terrain au monstre Zemmour et la radicalisation vers l’extrême droite qu’il apporte au débat public. Une polarisation dans laquelle le président de la république française plonge afin de séduire l’électorat de droite face à une concurrence qui joue la surenchère sécuritaire et raciste.

En affirmant vouloir « rebâtir un traité de paix et d’amitié avec l’Afrique, où une des données sera : comment les Européens donnent la capacité à la jeunesse africaine d’avoir des opportunités dans son continent », Emmanuel Macron tente - dans la suite du sommet Afrique-France à Montpellier - de séduire la jeunesse dorée africaine. Pourtant il ne faut pas oublier que ces « petits gestes » prennent racines dans la politique impérialiste de la France qui cherche donc à protéger ses intérêts en Afrique. Pendant que le chef de l’Etat, autour d’une table avec des entrepreneurs protestants est préoccupé à ce qu’on « vide de son sens ce qu’est l’asile », les désastres naturels de plus en plus fréquents, l’augmentation de l’intensité des conflits armées et les crises économiques poussent toujours plus d’individus, de famille et de travailleurs à migrer vers une meilleure vie au delà de la méditerranée. Il est important de rappeler que ces situations ont pour seul responsable l’action capitaliste et impérialiste qui n’amène que déséquilibre, guerre et misère. Alors que la présence française en Afrique est mise en difficulté, ce nouveau pacte Europe-Afrique porté par l’hexagone est totalement au service de l’impérialisme français pour renforcer ses positions fragilisées.

Ainsi ces déclarations démontrent une fois de plus le projet réactionnaire de Macron pour l’Union Européenne. La polarisation à droite de la campagne présidentielle française, mais surtout la crise de l’hégémonie française en Afrique, rendent central pour la bourgeoisie française et européenne le renforcement de la protection des frontières européennes, face à la misère provoquée par l’impérialisme. Il est plus que jamais nécessaire de mener une politique de solidarité de classe envers les réfugiés et migrants pour un accueil digne et le droit de s’installer là où ils voudront. L’asile ne doit pas avoir de conditions et les papiers doivent être accessibles à tous, comme le revendique les travailleurs sans papiers en grève ce 26 octobre pour leur régularisation. L’opposition ferme à tous les accords et pactes réactionnaires est essentielle, encore plus lorsque qu’un candidat à la présidentielle, Anasse Kazib, subit une offensive ignoble de l’extrême droite appelant à « sa rémigration », sa « déportation », allant jusqu’à des menaces de morts par milliers.


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