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CRISE SANITAIRE ET SOCIALE

Trump veut déconfiner « dès demain » malgré plus de 30.000 morts

Face au Covid-19, les Etats-Unis sont désormais le pays qui déplore le plus lourd bilan humain au monde. Mais malgré la gravité d’une crise sanitaire qui expose de nombreux travailleurs au virus dans des secteurs de production non essentiels, et a plongé plus de 10% de la population active au chômage en l’espace de trois semaines, Donald Trump presse déjà les Etats du pays à la reprise de l’activité économique.

Jules Fevre

17 avril 2020

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Crédit-photo : AFP

Lors d’un briefing de la presse à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé jeudi que les Etats « en grande forme » comme le Montana et l’Utah pourraient « littéralement passer à la phase 1 dès demain » de son plan de reprise de l’activité économique. Celui-ci semble être l’une de ses principales préoccupations, comme en témoigne son tweet de mercredi où il exprimait avoir reçu « des appels très productifs avec les dirigeants de tous les secteurs de l’économie qui sont tous d’accord pour remettre l’Amérique au travail, et bientôt ». Une priorité qui contraste avec le bilan humain que déplorent les Etats-Unis, lesquels ont, de nouveau, franchi un « record » de décès supplémentaires en 24h, avec un chiffre de 4.491 morts annoncé jeudi soir. Avec la barre des 30.000 décès atteints sur l’ensemble du territoire, les Etats-Unis sont désormais le pays le plus touché, devant l’Italie, qui déplore quant à elle plus de 22.000 morts.

Les travailleurs paient le prix fort de cette logique capitaliste qui avait déjà poussé Trump à sous-estimer la crise laissant le virus se propager et les foyers de contamination se multiplier. Ils sont plus de 17 millions à avoir brutalement perdu leur emploi, soit 10 % de la population active en l’espace de trois semaines, perdant pour beaucoup, du même coup, leurs assurance-maladie. Or, ce n’est pas avec un chèque de maximum 1 200 dollars du plan de relance de Trump - quand 500 milliards sont attribués aux grandes entreprises industrielles - que les plus précaires pourront réussir à payer leurs loyers, se nourrir et se soigner. Il sont ainsi plus de 37 millions à survivre grâce aux banques alimentaires, qui font face à des afflux inédits.

De plus, cette explosion de la courbe du chômage qui fait suite à l’épidémie se combine avec un choc pétrolier qui, comme le relevait Nabil Wakim fin mars dans Le Monde, « intervient à un moment inédit de l’histoire : depuis 2018, les Etats-Unis étaient devenus le premier producteur mondial de brut, et ils s’attendaient à devenir, dans les prochains mois, exportateurs nets – une véritable révolution géopolitique. Donald Trump avait même fait de l’indépendance énergétique l’un des objectifs de son mandat ». Dans ces conditions, année présidentielle oblige, Donald Trump s’engage dans une course contre la montre pour minimiser les pertes économiques et diminuer les pertes de taux de profits des capitalistes, au grand mépris de la vie des travailleurs.

Ce plan de reprise de l’activité présenté par Trump s’appuie, entre autres, sur projections qui semblent revoir à la baisse de précédentes simulations qui tablaient sur un chiffre compris entre 100.000 et 240.000 décès. Mais si, comme le souligne James Dennis Off dans Left Voice, « le chiffre de 200 000 que M. Trump a rejeté il y a plusieurs semaines semble moins probable aujourd’hui ; c’est une bonne nouvelle, mais le retour à la normale changera certainement ce calcul. Si les travailleurs non essentiels reprennent le travail dans les prochains mois ou deux sans qu’un système de test rigoureux ne soit mis en place, il est presque certain que cela entraînera des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de décès supplémentaires ». C’est pourquoi nous devons revendiquer le maintien et l’extension des mesures de confinement qui permettent de limiter l’exposition des travailleurs de secteurs de production non-essentiels, la production urgente du matériel de protection pour tous les travailleurs des secteurs essentiels en première ligne, mais aussi, la nationalisation du système de santé sous contrôle ouvrier pour se donner les moyens d’une réponse centralisée, quand les mesures d’urgence diffèrent d’un État à l’autre !


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