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Ce n'est pas un fait divers

Un féminicide de plus : tuée par son compagnon dans le quartier de Montparnasse

Le 27 juillet, une femme de 37 ans, aide soignante à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, a été tuée par son compagnon. Battue à mort au domicile conjugal et retrouvée dans une poubelle à proximité, l'homicide de cette femme vient s'ajouter à la longue liste de féminicides qui ont lieu chaque année en France, et ailleurs.

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Crédits photo © YANN KORBI / Citizenside/AFP

Son prénom n’a pas été révélé par la presse. Celui de cette femme de 37 ans, aide soignante, qui est morte tuée par son compagnon de 34 ans à Paris il y a quelques jours. Inquiète de rester sans nouvelles depuis le 13 juillet, la sœur de la victime s’est déplacée jusqu’à Paris jeudi dernier pour se rendre à l’appartement et a fini par appeler la police. La gendarmerie alertée par des odeurs nauséabondes à l’intérieur de l’appartement a finalement découvert le corps de l’aide soignante dans une poubelle à proximité du domicile.

Le compagnon a depuis été interpellé. Il a reconnu le meurtre et a justifié celui-ci en arguant que la victime "l’avait énervé".

En plein de milieu de l’été, les journaux ont eu vite fait de s’emparer de cette affaire. A commencer par le Parisien qui a opté pour un titre sensationnaliste : "À Paris, elle « énervait » son compagnon : il la tue et la met à la poubelle", pour ensuite parler de "drame conjugal", avant de classer l’affaire dans la rubrique "faits divers".

Une illustration dans les règles du traitement médiatique réservé aux meurtres de femmes par des hommes pour le simple fait qu’elles sont des femmes, qu’elles sont leurs femmes. Un traitement médiatique qui laisse penser qu’il s’agit d’un cas "isolé" et "insolite", qu’il s’agit "d’un coup de folie" d’un homme "pervers" et "jaloux" - ce que n’ont pas tardé à préciser les autres médias dans les jours qui ont suivi - et que cette situation, surtout, était inévitable.

Pourtant, ce meurtre n’est pas un cas isolé. Des centaines de femmes meurent chaque année tuées par leur conjoint, leur ex-mari, leur père, des proches ou encore des inconnus.

Qui plus est, les violences faites aux femmes sont quotidiennes et touchent des femmes de toutes les couches sociales, de toute nationalité, de tout âge. Ce ne sont pas seulement les coups du conjoint mais aussi, chaque jour, les violences verbales, les agressions sexuelles, les discriminations au travail qui exposent à la précarité et à plus de dépendance matérielle... Difficile alors pour nombre de femmes de quitter le domicile quand les disputes commencent et tournent mal.

Les féminicides sont l’expression la plus violente d’une société qui enseigne, qui défend, et qui distille l’idée qu’il existe une différence de nature entre les hommes et les femmes, que les hommes sont supérieurs, que dans l’union les époux s’appartiennent, que l’homme a des droits sur sa femme.

Alors cette affaire n’a rien d"un "drame passionnel" mais est plutôt le récit de l’emprise d’un homme sur une femme, de l’assujettissement de cette dernière dans la violence et la peur, et d’un dénouement final d’hommes qui préfèrent voire leur femme mourir plutôt que leur échapper.

Lutter contre les féminicides c’est commencer par lutter pour leur reconnaissance. Qu’il soit reconnu que cette femme, comme tant d’autres, a été tuée parce qu’elle était une femme.

Lutter contre le patriarcat qui donne aux hommes des droits sur les femmes, notamment celui de leur enlever la vie, qui perpétue la domination des hommes sur les femmes, c’est aussi lutter contre un système qui n’investit pas dans les structures d’accompagnement et de protection pour les femmes victimes de violences, qui veut détruire les hôpitaux publics, ou encore qui détient les grands médias qui véhiculent l’idée qu’un féminicide est un fait divers.

A partir de là, ce féminicide n’était pas inéluctable, ni tous les autres qui l’ont précédé. Aux femmes, et minorités de genre, victimes de violences de genre de s’organiser dès maintenant pour qu’il n’y ait plus une femme de plus assassinée pour son sexe et défendre que nous nous voulons toutes en vie.


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