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Le corps des femmes pris en otage

Un syndicat de gynécologues menace les femmes d’une grève de l’avortement

Sept mois après la déclaration de Bertrand de Rochambeau, président du Syngof (Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France), selon lequel les gynécologues "ne sont pas là pour retirer des vies", comparant l'IVG à un homicide, le syndicat récidive et menace cette fois d'une "grève de l'IVG".

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Crédit photo : DR

Dans un message adressé à ses 1600 adhérents, le Syndicat leur a demandé d’être prêt à "arrêter la pratique des IVG", c’est à dire, à la grève de l’avortement. L’objectif : faire pression sur le ministère de la Santé pour qu’il se préoccupe des quinze médecins condamnés à des dommages et intérêts pour erreur médicale. Le Syndicat se plaint que le fond de garantie prévu à cet effet ne couvre pas suffisamment leur confrères.

De prime abord, on peut légitimement douter du rapport entre la revendication partielle et corporatiste de ces professionnels et le droit des femmes à pratiquer l’IVG. Mais quelques jours après le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, cette annonce prend la forme d’une honteuse provocation. Celui qui comparait il y a quelques mois l’avortement à un homicide menace aujourd’hui de prendre en otage le corps des femmes afin d’obtenir gain de cause face à une affaire d’assurance.

Derrière cette posture sordide se cache une réalité plus profonde. En réalité, Bertrand de Rochambeau et ses amis ont tout à fait le droit de refuser de pratiquer un avortement en vertu de la "clause de conscience", malgré la condamnation du délit d’entrave à l’IVG. L’ancien président du Syngof, Jean Marty, s’est défendu en faisant valoir que c’était "la société qui avait un problème avec l’IVG". Si ces médecins réactionnaires cherchent à se couvrir derrière un prétendu, "problème sociétal", il faut bien voir les acquis des femmes sont encore très fragiles.

En effet, Marlène Schiappa et Agnès Buzyn ont été les premières à s’offusquer de l’annonce du Syngof. Mais ce sont elles qui d’une part, continuent de s’opposer à la suppression de la clause de conscience, et d’autre part, principales fossoyeuses des droits des femmes aujourd’hui. Les fermetures de maternités et de planning familiaux remettent en cause, dans la pratique, des droits que la ministre de la Santé prétend pourtant "constitutionnels".

La possibilité pour un syndicat de médecin gynécologue de défendre publiquement, et à plusieurs reprises, une telle position fait froid dans le dos. Elle montre en réalité que les droits pour lesquelles les femmes se sont battues, s’ils sont dorénavant pour certains inscrits dans la loi, ne seront jamais acquis dans la vie. A chaque offensive néo-libérale et réactionnaire, ils seront les premiers à sauter et les femmes devront se battre à nouveau.

Signe, une semaine après les journées des 8 et 9 mars, que la bataille pour le pain, mais aussi pour les roses, est loin d’être gagnée.


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