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Travailleuses en première ligne

"On lutte pour être visibles" : tour de France des auxiliaires de vie contre la précarité dans la santé

Tout comme le personnel hospitalier et soignant, les auxiliaires de vie ont aussi été en première ligne de la pandémie Covid-19. Cependant elles n'ont jamais eu de reconnaissance de leur importance et ont été laissées pour compte par le gouvernement et les organisations syndicales. Aujourd'hui, trois femmes, trois travailleuses ont créé l'association "Le Collectif National La Force Invisible Des aides à Domicile". Elles font le tour de France afin de visibiliser leur lutte et leur grève symbolique et nous sommes allés à leur rencontre.

Thibault Yeamreg


et Joey Scotch

15 juin 2021

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Si la crise de la pandémie de Covid 19 à mis en exergue les lacunes dans les corps de métier tels que le personnel hospitalier et les métiers de première nécessité. Un autre domaine était en première ligne depuis le début mais totalement oublié par le gouvernement et les medias : les auxiliaires de vie.

Ce secteur pourtant primordial et essentiellement composé de femmes travailleuses, n’a jamais été évoqué une seule fois lors de la crise et fait partie des métiers précaires parmi les secteurs de la santé. C’est dans ce contexte que Aurore, Anne et Marie membre du "Le Collectif National La Force Invisible Des aides à Domicile " ont engagé un combat pour une meilleure visibilité sur leur travail et conditions. Cette association a été pensée pour pallier au problème d’isolement important des travailleurs, trop souvent mise à l’écart dû à l’organisation même du travail, ou les agents non pas la possibilité de se rencontrer pour échanger.

Le collectif a entamé une grève symbolique depuis quelques jours pour sensibiliser autour des questions qui touchent ce secteur. Les travailleuses ont donc décidé de faire un tour de France sur leurs jours de congés pour rencontrer leurs collègues, créer du lien, discuter autour des revendications et des perspectives. Elles ont par ailleurs lancé le hashtag #balancetoninvisibiliteadomicile sur les réseaux sociaux afin de mettre en avant les conditions de travail difficiles auxquelles elles font face.

“ Le collectif permet d’organiser les travailleuses du secteur, largement, syndiqués ou non-syndiqués, de structures différentes. C’est un secteur ou il ya peu de travailleuses syndiqués car il est difficile de trouver le temps pour pouvoir se rencontrer et s’organiser.” souligne Aurore Artigue, auxiliaire de vie dans une association dans le Béarn et syndiquée à la CGT.

Anne, assistante de vie et créatrice du collectif, rajoute :
“L’objectif étant de réfléchir ensemble pour établir une stratégie Nationale. Il est basé sur la communication et la cohésion, ce qui nous permet d’être fortes et visibles.”

" Dans le secteur il y’ a de plus en plus de burn out et d’absence, c’est un travail humain mais derrière il n’y a que des notions d’argent dans nos directions, il faut impérativement remettre l’humain au centre” précise Marie, la troisième AVS rencontrée à Toulouse.

Dans une interview Le Monde une AVS explique aussi : "« Le week-end, je fais parfois 8 heures-21 heures sans pause. Je mange entre deux bénéficiaires en conduisant, si j’y arrive ! Sinon, je me gave de pastilles Vichy ! » qui démontre les difficultés qu’elles subissent pendant leurs journées de travail.

Durant ce “Tour de France”, comme elles le nomment, elles ont été soutenues par des usagers, des travailleurs qu’elles ont rencontrés au fil des jours. Elles étaient présentes sur les différents marchés de Toulouse pour discuter avec les passants et obtenir des signatures de soutiens qu’elles souhaitent envoyer aux différents élus afin de leur mettre la pression en vue des prochaines élections. Elle souhaitent aussi faire entendre la voix et les revendications de tous les acteurs et travailleurs du secteur de l’aide à domicile (assistante de vie, auxiliaire de vie, aidants, infirmières, aide soignante, usagers...).

Elles s’organisent en tant que syndiquées ou non, du secteur public, associatif ou privé, partout en France.
Le collectif compte aujourd’hui quelques dizaines de personnes, et ne cesse de s’accroître, et sont suivies par des milliers de membres sur leur page Facebook.

Le collectif a été créé en 2020 suite à la pandémie de la Covid 19. En effet, le secteur de l’aide à domicile est le grand oublié de la crise sanitaire en cours, alors même qu’elles étaient en première ligne face à la pandémie, elles ont dû lutter pour avoir des équipements de protection pourtant plus que nécessaire en cette période et ont subi une surcharge de travail importante. Ce secteur était déjà fragile, depuis longtemps, mais la pandémie n’a fait qu’accentuer la précarisation de tous ces travailleurs, usager et s’est caractérisé par des burn-out, des démissions, des arrêts de travaille, qui témoigne d’une fatigue intense et d’un sérieux manque de reconnaissance à la fois de leur supérieure que de l’État. Il suffit de jeter un œil sur l’avenant 43 à la convention collective de la branche de l’aide à domicile pour comprendre rapidement qu’elle n’auront droit qu’à des miettes. De plus, 85 % des salariés du secteur ne pourront y prétendre (salarié entreprise et salarié du particulier/ employeur).
Révolution permanente avait recueilli le témoignage d’une travailleuse de ce secteur. Elle avait dépeint une journée type.

En 2019 le chiffre d’affaires du secteur du service à la personne représente 18 milliards d’euros et d’ici 2025 le nombre de bénéficiaires devrait progresser... Pour cause l’âge croissant de la population.

Ce montant important se fait sur le dos des travailleuses et travailleurs par les contrats précaires, les bas salaires, les tâches non payées, ce que nous voyons également dans d’autres structures de santé (hôpitaux, ehpad,,,), Autre point commun c’est un secteur essentiellement féminin et racisé.

Ce collectif réfléchit autour de différentes revendications qui passe par changer de statut c’est à dire dépendre du secteur de la santé. Car le plus souvent les missions de ces travailleuses touche à la santé (hygiène, transfert…), la revalorisation des salaires, une convention collective commune au lieu de sept conventions comme c’est actuellement le cas, frais kilométrique, carburant, regroupement des différentes appellation du métier pour une même fonction, évolution de carrière, à une meilleure prise en charge de l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) et de la PCH (prestation de compensation du handicap) pour un meilleur accompagnement des personnes suivi. Chaque département choisit le montant de l’enveloppe consacré à ses aides, un temps d’écoute par un professionnel de la santé, une meilleure organisation des emplois du temps pour éviter les turn-over si bien connus dans ce métier.

Nous devons exiger un service public pour des droits similaires dans tous le secteur de l’aide à domicile, une revalorisation de ces travailleuses précaires qui très souvent n’ont que des mi-temps ou des salaires au SMIC ainsi qu’une embauche massive, pas selon l’intérêt du patronat mais selon celui des intérêts de la population. Et alors même que le gouvernement a mis en avant les soignants des hôpitaux lors de cette pandémie, il a oublié tous ces travailleurs et travailleuses qui eux aussi étaient en premières lignes et que nous soutenons dans leurs gréve et leurs luttes.

Si, vous aussi vous voulez les soutenir, adhérer ou encore participer, vous pouvez faire un don et les retrouver sur Helloasso.


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