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Logement

Une agence immobilière sur deux prête à faire de la discrimination raciale révèle une enquête

Ce lundi, l’association SOS Racisme dévoilait à France Info les résultats de sa dernière enquête révélant que près de la moitié des agences immobilières acceptent les exigences de discrimination des propriétaires à l’égard des locataires.

Pierre Chavatte

21 mars 2022

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Crédits : LP/OLIVIER BOITET

Ce lundi, l’association SOS Racisme révélait une nouvelle enquête pointant du doigt les pratiques discriminatoires et racistes menées par les agences locatives de logement. L’association a mené un testing auprès de 136 agences immobilières de Paris intra muros. Les enquêteurs se faisaient passer auprès d’agences pour des propriétaires de logement souhaitant mettre leurs biens immobiliers en location. A ceci près que les militants de SOS Racisme avaient une demande bien particulière : ils réclamaient aux agences de discriminer des profils de locataires en fonction de leur origine, supposées ou non. Le résultat de l’enquête est édifiant : 48,50% des agences contactées ont répondu être prêtes à discriminer les profils de locataires, en particulier ceux d’origine maghrébine ou subsaharienne.

Appelée par l’association, la directrice d’une des agences locatives en question est très explicite : “On est dans un quartier assez aisé et on ne peut pas placer n’importe qui … Voilà je comprends complètement ce que vous voulez dire". L’enquête montre très clairement que ce n’est pas la solvabilité des futurs locataires qui est mise en question, mais bien le caractère raciste dans la sélection des potentiels candidats au logement. “Les profils dit noirs ou arabes” sont les plus touchés par ces discriminations afin “d’éviter les problèmes de voisinage”, comme le justifie une autre des agences interrogées. Si la loi Élan de 2018 pénalise la discrimination au logmement, l’enquête met en lumière un racisme banalisé et structurel, visant à conserver la “tranquillité” des quartiers les plus cotés de la capitale.

Parmi les agences locatives pointées du doigt, on retrouve un grand nombre de grands groupes capitalistes. Ainsi, Century 21, Stéphane Plaza immobilier, Guy Hocquet, la FNAIM (la Fédération nationale de l’immobilier) ou encore Orpi sont épinglés par SOS Racisme pour leur politique ouvertement raciste. Interrogé par France Info, Jean-Pierre Torrollion, directeur de la FNAIM, plaide un important turn-over des agents immobiliers pour expliquer la persistance de ces discriminations. Une explication qui convainc peu.

Ces méthodes ne sont en effet pas nouvelles, l’association avait réalisé une enquête similaire, il y a 3 ans, qui montrait déjà le racisme structurel dans l’accès au logement. L’enquête avait à l’époque révélé que 51,5% des agences usaient de ces pratiques racistes : ce chiffre, bien qu’en très légère baisse, montre qu’aucun effort n’a réellement été fait par ces entreprises pour changer la situation. Un autre rapport de SOS Racisme, daté de 2019, pointait du doigt les difficultés des personnes au nom de consonance maghrébine ou africaine à obtenir un logement, et ce, à dossier égal, avec une personne au nom à consonance “français ancien”. Cette enquête, qui reprend la même méthode de testing, révélait qu’une personne avec un nom à consonance maghrébine ou africain avait entre 35% et 40% de chance en moins d’obtenir ne serait-ce qu’une visite d’un appartement, en comparaison avec un individu au patronyme "français ancien”. Dominique Sopo, président de SOS racisme dénonçait déjà en 2019 “des préjugés enfouis qui parfois fonctionnent de façon inconsciente”.

Des discriminations qui sont le reflet du racisme structurel : au-delà des barrières économiques et de la gentrification des centres urbains qui contribuent à exclure les secteurs populaires des villes, les méthodes de ces agences immobilières renforcent l’éloignement des personnes racisées des centres urbains. Cette relégation de plus en plus loin des centres villes se combine à d’autres problèmes en termes d’accès à l’emploi, aux transports ou aux services.

Plus généralement, les minorités visibles sont beaucoup plus exposées aux oppressions racistes, que ce soit par le logement, mais aussi dans la recherche d’emploi, vis-à-vis des forces de répression -avec la multiplication des contrôles au faciès- ou encore par la stigmatisation produite par les politiques islamophobes de l’Etat.


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