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Du fric pour l'hôpital public !

Urgences pédiatriques : l’épidémie de bronchiolite sature un hôpital déjà en crise

Des grèves ont éclatées au CHU de Nantes et dans les Bouches-du-Rhône dans les services pédiatrie et urgences pédiatriques. Le personnel soignant dénoncent des conditions de travail et une situation intenable alors que les épidémies hivernales comme la bronchiolite mettent tous les services du pays en tension.

Adèle Chotsky

4 novembre 2022

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Avec l’approche de l’hiver et les épidémies hivernales qui entraînent un surcroît d’activité, les travailleurs de la santé font face à des situations intenables. L’épidémie de bronchiolite, qui touche majoritairement les nourrissons, met sous tension les services de pédiatrie. Selon Santé Publique France, presque toutes les régions ont passé le seuil épidémique et les passages aux urgences ont augmenté de 46 % en une semaine, les hospitalisations de 50 %.

Or, face à cette situation d’épidémie hivernale prévisible, le manque de moyens humains et matériels aggrave considérablement la situation et les services sont totalement saturés.

Le 21 octobre dernier, plus de 4 000 personnels soignants de la pédiatrie ont interpellé Emmanuel Macron dans une lettre ouverte, dénonçant la saturation des hôpitaux dans ce contexte épidémique qui touche tout le pays et alertant sur « des enfants quotidiennement en danger » dans ces services, des soins déprogrammés, des enfants transférés vers d’autres régions ou hospitalisés dans des services adultes fautes de lits. « Actuellement, on fait sortir des enfants qu’on aurait dû garder plus longtemps  » témoigne ainsi le responsable du service d’urgences pédiatriques du CHU de Lille, où toutes les places en réanimation sont occupées et où le manque de personnel se fait cruellement sentir. À Rennes, les temps d’attente explosent et peuvent parfois aller jusqu’à sept heures.

Dans les Bouches-du-Rhône, les services et urgences pédiatriques de tous les hôpitaux publics se sont mis en grève illimitée depuis le lundi 31 octobre, pour réclamer des moyens et des augmentations de 400 euros de salaires face à une situation de plus en plus catastrophique. Au CHU de Nantes, les urgences pédiatriques sont en grève depuis le 27 octobre dernier, dans le cadre d’un mouvement de grève qui touche les urgences générales.

Pour répondre à la colère des soignants, le ministre de la Santé François Braun a déclaré ce mercredi 2 novembre que 250 millions d’euros supplémentaire seraient destinés à soutenir l’hôpital public, avec notamment le doublement de la rémunération des heures de nuit pour l’ensemble des personnels de l’hôpital ou encore l’extension de la « prime de soin critique ». « Un sparadrap sur une jambe de bois » pour reprendre les mots du chef adjoint du service pédiatrie à Clamart (Hauts-de-Seine).

Plusieurs soignants ont ainsi souligné combien il s’agissait de mesures d’urgence, qui ne permettaient en aucun cas de répondre à la crise structurelle qui secoue l’hôpital public. On rappellera les propos de Braun en août dernier qui avait estimé qu’il ne fallait plus parler de fermetures aux urgences mais de « régulations », une véritable insulte au personnel soignant alors que la casse de l’hôpital s’est poursuivie avec plus de 4300 lits supprimés sur l’année 2021. Comble du cynisme, il avait même souligné que les fermetures en question « n’apportaient pas une dégradation des soins mais au contraires une meilleure orientation des patients ».

La crise sanitaire a souligné les conséquences de décennies de politiques d’austérité menées par les gouvernements successifs. Elle a aussi, par sa gestion totalement irrationnelle par le gouvernement Macron, accentué la colère du milieu de la santé et mis d’autant plus à bout les soignants. À l’heure actuelle, on voit combien c’est une autre épidémie, celle de la bronchiolite, qui agit comme un révélateur de la crise qui secoue les services d’urgences pédiatriques, et en réalité la totalité de l’hôpital. Une fois de plus, face à une situation prévisible de surcharge dû à la multiplication des contaminations, le service public de santé plongé dans un état déplorable se retrouve incapable de faire face.

Plus que jamais, il est urgent d’inverser la tendance imposée par des politiques néolibérales qui mettent en danger la santé de la population et mettent à bout les soignants, en imposant des hausses de salaires généralisées et des moyens à la hauteur des besoins.


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