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La Izquierda Diario
10 de mai de 2018 Twitter Faceboock

Obama et Trump, un seul et même objectif, des tactiques différentes
En se retirant de l’accord nucléaire, les USA essayent d’enrayer la poussée iranienne
Juan Chingo

L’objectif historique de Washington au Proche et Moyen-Orient est d’éviter que ne surgisse une puissance régionale dominante, ce à quoi postule, dernièrement, l’Iran. C’est ainsi que dans les années 1980, déjà, dans l’idée de maintenir un équilibre de pouvoirs dans la région les Etats-Unis avaient appuyé et armé l’Irak au cours de la guerre fratricide contre la République islamique. C’est cette même logique qui a présidé par la suite, la mise en place de dures sanctions contre le régime des Ayatollahs. C’est dans cette perspective que Washington aborde la guerre actuelle en Syrie, une guerre par procuration au sein de laquelle Washington encourage des agents sunnites locaux, ce qui inclut y compris des forces ouvertement fondamentalistes, dans leur lutte contre le régime en place de Bachar al-Assad, soutenu par Téhéran.

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L’objectif de Washington est donc que la zone d’influence chiite soit la plus contenue possible. C’est déjà cet objectif que poursuivait Barack Obama en signant l’accord sur le nucléaire iranien au cours de l’été 2015 à un moment où le régime syrien était sur le point d’être renversé. La situation, par la suite, a radicalement changé, notamment avec l’intervention russe qui a sauvé la mise tant à Damas qu’à Téhéran, ce qui a conduit Washington à revoir ses projets initiaux. C’est là la raison qui explique le changement de tactique nord-américaine de même que la sortie de Washington de l’accord sur le nucléaire et l’imposition de nouvelles sanctions contre la République islamique.

Une crise forte au sein de l’alliance transatlantique

Le plus grave, dans le cas du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, est sans doute ce qu’il dit des rapports entre les puissances impérialistes. Il s’agit, en effet, de la crise la plus grave depuis la fin de la Guerre froide. A la différence de la seconde guerre contre l’Irak, en 2003, lorsque ni Paris, ni Berlin, ni Moscou n’avaient suivis Washington, cette fois-ci la Maison-Blanche ne compte même pas sur l’aval de Londres ni de Madrid.

Dans les colonnes du Financial Times, le correspondant à Washington, Edward Luce, ne mâche pas ses mots : « les Etats-Unis sont en train de chambouler les cartes à échelle globale », avant d’ajouter que le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire pourrait passer à l’histoire comme « le jour où les Etats-Unis ont abandonné la confiance de leurs alliés ».

En réalité, la décision nord-américaine montre avant tout la vulnérabilité européenne ainsi que sa dépendance stratégique vis-à-vis des Etats-Unis. Comme le souligne Luce, « Trump a placé l’Europe face à un dilemme que cette dernière à tout fait pour éviter. Il est en train de donner aux principaux alliés des Etats-Unis au sein de l’OTAN le choix entre maintenir un accord qui a été négocié et que l’Iran a honoré ou bien se ranger du côté des partisans de la guerre derrière le ‘America first’ sur lequel ils n’ont aucune influence. Le premier choix devrait déclencher des sanctions étatsuniennes contre les banques européennes et les entreprises pétrolières qui font des affaires avec l’Iran. Le second reviendrait à courir le risque d’un conflit qui porterait préjuger à l’Europe plus qu’aux Etats-Unis. Et s’aligner derrière les Etats-Unis aurait, également, un très coût politique très élevé ».

Pour Macron, qui fanfaronnait, se présentant comme un partenaire privilégié de Trump, lors de son dernier voyage d’Etat Outre-Atlantique, c’est un véritable coup dur. Jusqu’à présent, il essayait de tirer parti de sa posture sur la scène internationale, tirant profit de l’affaiblissement de Merkel à la suite de la constitution du gouvernement de grande coalition, de l’absence de gouvernement à Rome ou encore de l’effacement de Madrid, focalisée sur la crise catalane.

Une offensive nord-américaine globale

On assiste, en ce moment, à une offensive étatsunienne à échelle globale. Il suffit, pour cela, de songer à la pression impérialiste en Amérique latine et à l’appui donné à tout un nombre de gouvernements autoritaires à l’instar de celui du Brésil jusqu’au Honduras en passant par l’Argentine, secouée par une nouvelle crise financière en lien avec les recommandations du FMI ; aux conditions humiliantes que Washington veut imposer à Pékin dans le cadre des dernières discussions commerciales ; aux agressions continues et croissantes vis-à-vis de Moscou, aux nouvelles sanctions contre Téhéran, avec, cette fois-ci, une répercussion au niveau des rapports inter-impérialistes.

Tout ceci montre bien à quel point nous sommes face à une contre-offensive globale de l’impérialisme nord-américain face à la rupture du « vieil » équilibre capitaliste ouvert par la crise de 2008. Les brèches ont été comblées permettant que, sur le terrain économique, le monde ne bascule pas dans une nouvelle Grande Dépression. Néanmoins, ces mêmes brèches subsistent et les très grandes difficultés, sur le plan économique, se sont étendues au niveau socio-politique et géopolitique. C’est ce dont attestent les importantes tensions interétatiques actuelles. Trump est l’expression la plus aboutie de cette situation tout en étant le principal facteur de déstabilisation. Trump connaîtra-t-il le même sort que Ronald Reagan vis-à-vis de la fin de l’équilibre capitaliste de l’Après-guerre à la fin des années 1970, et ce compte-tenu que le niveau de déclin de l’hégémonie américaine est, aujourd’hui, plus importante qu’il y a trois décennies ? Il est prématuré de l’affirmer. Ce qui es sûr, cependant, c’est que le climat économique, géopolitique et au niveau de la lutte des classes sera plus agité que jamais dans les prochaines années.

 
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