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La Izquierda Diario
8 de septembre de 2015 Twitter Faceboock

LA POSTE 78 : UN NOUVEAU CAS DE REPRESSION SYNDICALE
La Poste. Champions de la répression antisyndicale

Correspondants RP (78)

Après de nombreux camarades dans le 92 et le 75 notamment, Aurélien dans le 78, c’était au tour de Vincent, militant syndical CGT-FAPT à la Poste dans les Yvelines d’être convoqué mercredi dernier pour un « entretien préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement ».

Voici son témoignage sur l’acharnement répressif qui s’étend de jour en jour à la Poste et sur le combat quotidien qu’il faut y mener pour le simple exercice de son mandat syndical.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/La-liste-des-militants-syndicaux-reprimes-par-la-direction-de-la-Poste-pour-le-simple-exercice-de

RP : Un entretien préalable à licenciement c’est une menace de sanction lourde. Comment la direction justifie-t-elle cette procédure à ton égard ?

Vincent : Je ne suis pas le premier à subir ce sort. La direction de la poste a multiplié ces dernières années les mises à pied et les tentatives de licenciement. Yann le Merrer du 92, militant Sud et comme moi au NPA, a même été révoqué de la fonction publique. Du jamais vu depuis les années 50 ! Dans le 78, Aurélien a été licencié, il y a maintenant 2 ans, pour « prise de parole intempestive ».

En ce qui me concerne, cet entretien préalable, vient après deux avertissements sous forme de blâme, l’un il y a 4 mois et l’autre un peu plus d’un an. A chaque fois pour les mêmes raisons : non-respect du délai de 48 heures que la direction « estime » nécessaire pour l’avertir de la présence du représentant syndical sur un site. De fait, Il n’existe pas de règle écrite en la matière et les pratiques sont très différentes selon les directions. En l’occurrence nous avions prévenu à 11 heures d’une visite le lendemain à 7h30. La direction locale a répondu à 22 heures que ça n’était pas possible. On ne lui demande pourtant pas son avis.

Pour faire bonne mesure on m’accuse d’avoir bloqué les facteurs sur leur lieu de travail alors que c’est la direction qui a ordonné elle-même le blocage des portes. Et pour en rajouter, on me reproche d’avoir « mal parlé » à un responsable. Bref un dossier monté de toutes pièces !

RP : Le dossier de la direction est visiblement très peu solide ; que cherche-t-elle à faire en attaquant de manière aussi minable la liberté syndicale

Vincent : C’est vrai que le dossier est inconsistant et que la Poste n’aura quasiment aucune chance devant le Conseil des Prud’hommes ou l’inspection du travail. Mais elle cherche à faire peur et à saper tout ce qui peut ressembler à un syndicalisme « lutte de classe ». A l’heure où les restructurations pleuvent, où les personnels sont déplacés d’une ville à l’autre avec des indemnités dérisoires, où la précarité devient un système de fonctionnement régulier, ce qu’elle veut c’est des partenaires sociaux pour négocier, pas des syndicalistes qui font débrayer ou appellent à la grève et à la convergence.

Depuis la grève des facteurs de Carrières sur Seine/Montesson et la jonction qui avait été réalisée avec les grévistes du 92, les bureaux réagissent presque systématiquement aux réorganisations. Pour mener à bien sa politique de rentabilisation et de destruction du service public postal, la direction veut absolument casser cette résistance et faire la peau aux « meneurs ».

C’est le sens même des procédures répétées de mise à pied de 2 mois, 3 mois, jusqu’à huit fois, dont ont été victimes plusieurs camarades. Tactique qui s’apparente à du harcèlement et qui n’est pas sans produire quelques effets sur certains dirigeants syndicaux qui peuvent aller jusqu’à conseiller de « ne pas rentrer si la direction nous le refuse ».

RP : Quand tu as eu ton entretien préalable à la DSCC il y avait un rassemblement de près de 300 personnes pour te soutenir. Est-ce que ça pèse dans le rapport de forces ?

Les bureaux de poste sont souvent assez isolés avec des effectifs relativement réduits. La construction du rapport de force pour faire face à la direction dépend beaucoup, à la Poste comme ailleurs, de la capacité à coordonner les actions sur les différents sites et à organiser la convergence avec d’autres secteurs en lutte. C’est ce qui a permis aux camarades du 92 de tenir une grève de plusieurs mois avec la solidarité des cheminots, des intermittents du spectacle etc… et d’obtenir une victoire significative.

Mercredi dernier, devant la direction de la Poste à Guyancourt, et aux côtés des représentants de diverses organisations syndicales, la présence massive d’environ 200 travailleurs sans papiers intérimaires du 78, en lutte pour obtenir leur régularisation après plus de 2 mois d’occupation de leurs agences est un extraordinaire exemple de convergence et de solidarité réciproque. Ces travailleurs parmi les plus précaires, pour beaucoup d’entre eux récemment syndicalisés et qui ont, depuis le début, le soutien actif de la CGT et du NPA sont venus me soutenir. Ils m’ont accompagné au moment de mon entrée pour l‘entretien en tambourinant sur les portes. La peur a alors commencé à changer de camp et à s’insinuer chez les membres de la Direction installés dans les étages… Des fois qu’ils occuperaient les locaux ! … Ils ont déjà fait leurs preuves… ! 

RP : Et maintenant ? Comment tu envisages la suite ?

Pour l’instant, je n’ai aucune information sur la suite que la Direction compte donner à la procédure et je ne sais pas si je serai convoqué pour un conseil de discipline dans les prochains jours. Mais je pense que nous n’avons pas à nous caler sur ce que la direction décide ou ne décide pas pour agir. Cette procédure est inique de A à Z et depuis les premiers avertissements.

Nous devons prendre les devants et mobiliser, non pas seulement sur mon cas, qui n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais contre cette direction à la stratégie financièrement rapace, destructrice du service à rendre aux usagers et inhumaine pour les personnels. Le mois de septembre va connaître certainement des mobilisations dans plusieurs bureaux de Poste de la région avec fermetures, déplacements, primes ridiculement basses etc… D’autres secteurs vont entrer en lutte comme ceux de la santé ou de l’éducation au début octobre. Nous devons préparer la lutte dans un cadre le plus large et le plus unitaire possible. C’est en attaquant que nous serons le mieux défendus.

06/09/15

 
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