http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
6 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Islamophobie
François Ruffin ne manifestera pas contre l’islamophobie : « Le dimanche, je joue au foot »
Philomène Rozan

Ce dimanche 10 novembre une manifestation contre l’islamophobie est organisée à Paris. Dans un contexte d’offensive de la droite et de l’extrême-droite, le député France Insoumise François Ruffin, interrogé sur sa participation, a expliqué : "Je n’irai pas dimanche, je joue au foot."

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Francois-Ruffin-ne-manifestera-pas-contre-l-islamophobie-Le-dimanche-je-joue-au-foot

Dans un climat islamophobe démultiplié par le discours d’Emmanuel Macron à la Préfecture de Paris dénonçant l’« hydre islamiste » et appelant à la délation, ces dernières semaines ont été marquées par l’agression d’une mère voilée par un élu RN, l’attentat contre la mosquée de Bayonne ou encore, dernièrement, le passage au Sénat d’une loi visant à interdire le port du voile aux mères accompagnatrices pendant les sorties scolaires.

En réaction à cette déferlante islamophobe plusieurs rassemblements ont été organisés dans différentes villes pour dénoncer cette intensification dans la stigmatisation des musulman.e.s. Une tribune a été signée par plusieurs groupes et personnalités de gauche et du mouvement anti-raciste, tels que Madjid Messaoudene (élu au conseil municipal de Saint-Denis), la Plateforme l.e.s. Musulmans, Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), le Comité Adama, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), l’Union communiste libertaire (UCL), l’Unef, Taha Bouhafs (journaliste), pour lancer un appel à manifester contre l’islamophobie ce dimanche 10 novembre à Paris, auquel Lutte Ouvrière a notamment répondu positivement. Tout comme La France Insoumise.

Signataire de la tribune, François Ruffin, député de la France Insoumise, était lui ce lundi sur le plateau de France Inter. Interrogé sur sa participation à la manifestation ce dimanche, le député a répondu « Je n’irai pas dimanche, je joue au foot ». Questionné ensuite sur sa signature de la tribune qui appelle justement à la manifestation, il a ensuite déclaré : « C’est pas mon truc. J’étais en vacances. » Avant de préciser « J’étais à Bruxelles en train de manger des frites et des gaufres avec mes enfants ».

Derrière ces déclarations sur ses vacances ou ses activités dominicales, François Ruffin a donc choisi de botter en touche sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la manifestation de dimanche. Si Ruffin s’est par ailleurs clairement opposé à l’interdiction du voile pour les mères accompagnatrices lors de l’interview, sa position reste cependant floue sur la question de la lutte contre l’islamophobie dans un contexte pourtant marqué par une vaste campagne contre les musulmans. Des propos hésitants qui résonnent avec ceux de septembre 2017, lorsque le député avait refusé de soutenir clairement la famille Traoré, en lutte pour obtenir Justice et Vérité pour Adama, avant de revenir sur sa position quelques mois plus tard.

De fait, la déclaration de Ruffin exprime la tension dans laquelle se trouve la FI sur la question de l’islamophobie. Si l’appel à rejoindre la manifestation est un pas avant de la part de l’organisation, alors qu’il y a quelques mois, un des intervenants de leur université d’été revendiquait le « droit à être islamophobe », la question continue de secouer en interne et est loin de faire consensus.

Adrien Quatennens, également député FI a ce matin tenté de défendre la signature de la tribune tout en rappelant que la FI n’était pas d’accord pour utiliser le terme d’islamophobie. Une manière de se positionner timidement sur la question de l’islamophobie, avec beaucoup de précaution et de distance – reflets de tensions internes – qui apparaît largement en dessous des enjeux de la période, où la déferlante islamophobe prend des formes des plus violentes et plus extrêmes.

Dans un contexte d’offensive islamophobe du gouvernement qui donne des ailes à l’extrême-droite, comme en a témoigné l’attentat de Bayonne, ces propos jettent un trouble important, alors même qu’il s’agirait de faire front contre l’islamophobie et contre toute forme de racisme, dans la rue, par les manifestations et par la grève.

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com