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La Izquierda Diario
7 de février de 2020 Twitter Faceboock

Réforme des retraites
Malgré la mobilisation dans l’éducation, l’intersyndicale repousse la grève aux calendes grecques
Anna Ky

L’intersyndicale renoue avec la stratégie des grèves saute-mouton et propose des « temps forts » de plus en plus espacés, le 20 février et le 8 mars prochains, refusant de suivre l’appel de l’UNSA RATP le 17 février. Une politique qui isole les secteurs mobilisés, notamment dans l’éducation.

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Cette neuvième journée de grève et de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites est une nouvelle preuve que la colère suscitée par les attaques du gouvernement est toujours présente. Si les chiffres des manifestations connaissent une hausse très modérée, certains secteurs se font remarquer par leur forte mobilisation, par leurs actions, ou encore par l’impact de leur grève.

Participation importante de l’éducation

En première ligne de la bataille ce jeudi : l’éducation. D’une part dans les lycées, où les élèves souvent soutenus par les enseignants continuent à empêcher la tenue des E3C. D’autre part, et de plus en plus massivement, dans l’enseignement supérieur, avec des cortèges de facs et de labos fournis et plusieurs universités bloquées, contre la réforme des retraites mais aussi le projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR).

Lycéens, étudiants et enseignants sont victimes d’une répression d’État féroce : gendarmes dans les lycées pour garantir la tenue des E3C, gaz lacrymogènes devant les facs pour tenter d’empêcher les blocages… Mais la détermination de la jeunesse est grandissante et cela s’est traduit par des cortèges combatifs dans les manifestations organisées dans tout le pays, au côté des autres secteurs en lutte.

Grève suspendue à Marseille et réquisitions à Paris

Du côté du mouvement ouvrier, la grève des éboueurs à Marseille avait été l’un des éléments les plus dynamiques ces dernières semaines : grâce à la mobilisation des agents de ramassage et à leurs soutiens, ce seraient plus de 3000 tonnes d’ordures qui jonchent les rues. Cependant, la CGT a annoncé le 6 au soir la « suspension » de la grève. Elle évoque « le harcèlement permanent de la direction sur les agents de la collecte (…) l’envoi systématique des forces de l’ordre à chacun de nos rassemblements (…) La direction, non contente de nous refuser toute rencontre, met un terme à notre droit de grève en optant pour la réquisition ! ». En effet, la préfecture de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur avait émis un arrêté permettant la réquisition d’agents de nettoyage grévistes. Etrangement, face à cette attaque contre le droit de grève c’est la « suspension » de la grève que les syndicats ont choisi comme axe de défense.

A Paris également, la grève dans les centres d’incinération des déchets continue à se faire voir. Là encore, la seule réponse du gouvernement, c’est la répression. Ce jeudi, à Paris, un arrêté préfectoral vise à élargir les réquisitions de grévistes au centre de déchets d’Ivry-sur-Seine.

Une politique de la matraque, qui vise à étouffer toute contestation et éviter que d’autres secteurs puissent devenir un moteur pour un éventuel « deuxième round » alors que la grève illimitée à la RATP et à la SNCF, qui ont été les locomotives du mouvement depuis le 5 décembre, est terminée (au moins pour le moment).

L’intersyndicale repousse la grève aux calendes grecques

Mais si la détermination reste au rendez-vous, malgré la répression, les perspectives pour construire un mouvement d’ensemble se font plus lointaines. Principales responsables d’un plan de bataille au rabais, les directions syndicales qui entérinent une logique de « temps forts » qui collent au calendrier parlementaire. Ainsi, si en parole les dirigeants des syndicats dits contestataires continuent à revendiquer le retrait total de la réforme, le plan de bataille minimal qu’ils proposent s’apparente plus à une logique de pression pour négocier quelques miettes à Matignon et à l’Assemblée.

Ainsi, les prochaines dates de mobilisation et de grève appelées par l’intersyndicale sont les 20 février et le 8 mars prochains, même si des dates entre le 20 février et le 8 mars peuvent encore être appelées. Alors que la stratégie des dits « temps forts » est déjà impuissante pour faire reculer le gouvernement, les dates espacées et l’absence d’un plan préparant sérieusement à la généralisation de la grève le sont encore plus.

De son côté l’Unsa-RATP appelle à un « lundi noir » pour le 17 février prochain, date à laquelle le projet commencera à être examiné en séance à l’Assemblée Nationale. Autrement dit, non seulement les dates sont de plus en plus espacées entre elles, mais il y a même une division de dates.

Pourtant, les brèches pour une victoire existent. Les grévistes de la première heure, loin d’être résignés, envisagent un second round contre la réforme, un nouveau départ en reconductible, à la condition que d’autres secteurs les imitent. D’autant que cette séquence de lutte des classes n’est pas sans conséquences pour le gouvernement.

Un gouvernement affaibli

Après les départs de députés suite au scandale relatif à l’allongement des congés de deuil d’un enfant, alors que LREM cherche à tout prix à limiter le fiasco qui s’annonce pour les municipales, Macron voit sa cote baisser conséquemment du côté de l’électorat de droite. Un électorat pourtant privilégié par LREM, mais auprès duquel il perd 7 points selon le baromètre Elabe, notamment pour sa « mauvaise gestion » de la réforme des retraites.

Le niveau d’impopularité du gouvernement et particulièrement de Macron n’est comparable qu’à celle de François Hollande. Bien que Macron soit en capacité de faire passer sa réforme, ce que beaucoup commencent à se demander, c’est "à quel prix ?". Et cela n’est pas seulement un problème pour LREM mais pour la classe capitaliste française en entier. Macron qui promettait mettre fin à la « vieille politique » a échoué et il pourrait sombrer avec elle. La crise du « centre » continue en effet de s’approfondir.

Le gouvernement n’a jamais été aussi affaibli, ni Macron aussi isolé. Alors que leur unique moyen de faire passer la réforme, c’est la force – depuis la répression policière jusqu’à un éventuel recours au 49.3 – il est possible de les faire plier. Mais pour cela, le monde du travail devrait se doter de son propre agenda de lutte, de son propre plan de bataille, et se regrouper pour imposer un rapport de forces, en s’appuyant sur les acquis de la séquence ouverte le 5 décembre, à commencer par la coordination RATP-SNCF.

Crédit photo : O Phil des Contrastes

 
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