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La Izquierda Diario
17 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Covid-19 et pauvreté
Les pays riches s’accaparent les stocks de vaccins au détriment des pays pauvres
Jean-Michel Larhot

La pandémie de Covid-19 se poursuit et continue de peser sur l’économie mondiale. Un vaccin permettant un « retour à la normale » est d’une importance stratégique, ce qui en fait un objet de compétition entre les pays riches. Pour se garantir un accès privilégié à un vaccin pourtant encore au stade des expérimentations, différents gouvernements ont donc d’ores et déjà réservé des doses auprès de plusieurs producteurs, en empêchant potentiellement l’accès à une grande partie de la population mondiale.

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Crédits photo : AFP/NELSON ALMEIDA

L’épidémie de Covid-19 en cours se caractérise par une absence de traitement probant et une absence de vaccins préventifs. Cela a conduit à un désastre humain et à différentes mesures de confinement qui ont eu un impact majeur sur l’économie mondiale, déclenchant une des récessions les plus importantes de l’histoire du capitalisme. Dans ce contexte, l’accès à un traitement ou un vaccin serait un avantage compétitif important pour n’importe quel pays qui pourrait reprendre sa production plus rapidement que ses voisins et ainsi gagner des parts de marché. La question du vaccin n’est ainsi plus seulement une question humanitaire ou sanitaire, mais un véritable enjeu stratégique pour la rapacité des capitalistes.

De l’autre côté, plusieurs entreprises pharmaceutiques se sont lancées dans la course au vaccin, dont 5 ont déjà atteint le stade de l’expérimentation humaine. Ces différentes entreprises ont pré-vendu des doses de vaccins, et leurs essais seraient concluant. De nombreux pays ont donc acheté des doses auprès de plusieurs entreprises pour se garantir un accès au « bon » vaccin. Les États-Unis ont ainsi déjà acheté 800 millions de doses, et l’Union Européenne en a quant à elle acheté 1,5 milliard.. Au total, c’est 51% des doses pouvant être produites qui ont déjà été vendues aux pays riches.

On assiste donc à une forme de « nationalisme vaccinal », pour reprendre le terme d’Ursula von der Leyen, qui inféode l’accès vitale au vaccin aux intérêts des bourgeoisies nationales. On assiste là à une des réalisations les plus cyniques du « marché », alors même que les pays plus pauvres, qui n’ont pas pu acquérir de pré-doses, jouent un rôle centrale dans le développement du vaccin à l’image du Brésil.

De plus, pour que la vaccination soit efficace, il faut qu’elle couvre une grande proportion de la population. Il y a donc une forme de contradiction entre la compétition pour l’accès aux vaccins et le besoin de vacciner le plus de monde possible. Face à l’ampleur de la pandémie, et les plus de 900 000 morts dans le monde, l’urgence devrait être à la collaboration de toute la communauté scientifique de tous les États, au déblocage des moyens financiers et humains nécessaires pour contenir l’avancée du virus et pour en trouver un remède au plus vite. Mais au contraire de cela, la logique capitaliste amène la bourgeoisie à pousser jusqu’au bout sa « tendance naturelle » à la concurrence et à la recherche de profits. Elle apporte une nouvelle fois la preuve de son incompatibilité avec les intérêts non seulement des travailleurs ou de la majorité de la population, mais de l’humanité elle-même. Elle l’avait déjà prouvé lorsque Paul Hudson, directeur général de Sanofi, avait annoncé qu’en cas de développement d’un vaccin par l’entreprise française, les États-Unis seraient prioritaires sur ces éventuelles doses.

Pour résoudre cette contradiction, il faut que la conception et la fabrication du vaccin ne soit pas laissé aux entreprises privées et dans un cadre qui ne favorise pas les puissances impérialistes actuellement à la manœuvre. Un éventuel vaccin est la seule possibilité de sortie durable d’une crise sanitaire dont les tenants et les aboutissants sont encore incertains. C’est une chose bien trop sérieuse pour être laissée entre les mains des capitalistes, qui ne raisonnent qu’en termes de profits. Les travailleurs de l’industrie pharmaceutique et de la recherche sont les plus à même de gérer les besoins sociaux et sanitaires de la population. C’est le seul moyen d’obtenir une production rationnelle d’un potentiel vaccin, et de le distribuer gratuitement et en quantité suffisante à la population mondiale.

Le contrôle des travailleurs de l’industrie pharmaceutique est le seul moyen dont nous disposons pour freiner les rêves de ces puissances rivales de maintenir le privilège d’un accès au vaccin limité à leur propre pays avant tout le monde. Cette organisation de la production doit être internationaliste. Loin de la soi-disant coopération internationale des capitalistes, qui cache en réalité une concurrence acharnée entre grandes entreprises et États impérialistes, nous devons imposer la coopération des travailleurs du monde entier.

 
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