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La Izquierda Diario
12 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

"Le pouvoir d’être utile"
Un jeune, un emploi précaire : la solution de Macron
Sara Yuki

Cash Investigation dévoile l’escroquerie du service civique, véritable travail dissimulé. Payés presque la moitié d’un SMIC, les « volontaires » sont une variable d’ajustement pour exploiter à moindre coût. Le gouvernement poursuit sa politique de précarisation de la jeunesse.

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Crédit photo : AFP

Ce jeudi, Cash Investigation a dévoilé une enquête sur le Service Civique. Mis en place par Sarkozy, pour travailler en tant que précaire dans des associations, Hollande l’a élargi aux missions de service public comme l’administration. Macron voudrait atteindre les 150.000 volontaires par an.

Le service civique, ce sont des missions de 24 à 35 heures par semaine, réservées au moins de 26 ans pour une durée de 6 à 12 mois et une indemnisation... à hauteur de 580€ par mois ! Par cette initiative, le gouvernement met en avant la « beauté de s’engager pour la France ». Pourtant, il s’agit surtout pour l’Etat et les associations qu’ils financent de bénéficier d’emplois à bas coût. Les volontaires ne peuvent pas cotiser pour le chômage et sont donc non seulement précarisés par le montant dérisoire de ce faux salaire mais ils ne peuvent même pas espérer le chômage une fois cette mission menée à son terme (12 mois maximum).

Pour justifier ce principe de service civique, la loi indique que les « volontaires » ne peuvent pas obtenir un poste occupé auparavant par un fonctionnaire, ils ne peuvent être que du renfort pour les personnes en poste avec un contrat. Or, l’enquête de Cash Investigation révèle, pour finir de convaincre les sceptiques, à quel point les services civiques sont devenus indispensables au fonctionnement de l’administration française. Par exemple à Pôle Emploi qui, proportionnellement, est le secteur qui recrute le plus de « volontaires » avec 5003 « missions » (attention à ne pas dire emploi…). Un jeune interrogé dans le reportage explique clairement que sa mission était bien loin d’être celle d’être un simple renfort mais qu’au contraire de nombreuses responsabilités pesaient sur ses épaules alors qu’il n’avait eu aucune formation. « S’il n’y a plus de service civique, ils ne peuvent plus gérer comme ils le font maintenant car ils ne sont pas assez », il dénonce le « travail déguisé ». De fait, celui-ci devait gérer une formation à l’écriture de CV et accompagner les personnes en recherche d’emploi du début à la fin, soit le travail que le site de Pôle Emploi déclare être accompli par des conseillers ou des psychologues.

L’enquête démontre que, face à l’austérité budgétaire, ces services civiques sont indispensables au fonctionnement de l’administration française. Depuis des décennies, la bourgeoisie cherche sans relâche à se payer une main-d’œuvre flexible et à bas coût avec les jeunes travailleuses et travailleurs. En 1994 Balladur tentait, avec le « Contrat d’Insertion Professionnelle » (CIP) d’instaurer un SMIC jeune, à 80% du SMIC pour les moins de 26 ans. En 2006 Chirac revenait à la charge avec le « Contrat Première Embauche » (CPE) et sa « période de consolidation » : deux ans pendant lesquels le salarié de moins de 26 ans pouvait être licencié sans motif. Les mobilisations de masse des lycées et des universités et la peur de l’explosivité de la jeunesse en mouvement avait fait reculer ces deux gouvernements. C’est finalement par de petits grignotages successifs, systématiquement justifiés par la préoccupation de créer des emplois (dégradés) pour les jeunes actifs, particulièrement touchés par le chômage, puis par les coups de massue des Lois Travail que les gouvernements successifs sont parvenus à mettre en place cette économie par la jeunesse. Un moyen également d’exercer une pression généralisée sur les salaires de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs en les mettant en concurrence. Tout un attirail de dispositifs pour exonérer les entreprises de cotisations sociales, voire même leur fournir une main d’œuvre gratuite, prise en charge par l’Etat ou non : réformes de l’apprentissage, recours massif aux stages (rémunérés en "expérience"), services civiques etc… Dernier en date, le fameux « plan jeunes » de Macron qui poursuit cette dynamique.

Comme nous l’avons expliqué dans une vidéo de notre collectif de jeunesse Le Poing Levé, les dernières réformes du gouvernement continuent de s’attaquer à la jeunesse, une main d’œuvre peu chère et flexible qui permet de faire des économies. Le système capitaliste maintient ses profits par une sur-exploitation de la jeunesse, condamnée au chômage et à des conditions de vie et de travail précaires alors qu’il faut travailler toujours plus, et plus longtemps avant la retraite ! Et pourtant, ce sont en partie les jeunes travailleuses et travailleurs qui se sont avérés être les salariés essentiels pendant le confinement, dans les supermarchés, dans les plateformes logistiques etc. Mais aussi les premiers à être virés, parfois sans préavis, dans la restauration, dans l’animation ou dans l’industrie en tant qu’intérimaires.

La réforme des APL ou la plateforme « 1jeune 1solution » ne sont que des exemple de plus de l’attaque du gouvernement par la précarisation des jeunes. Entre les 500 et 700 millions d’euros à économiser sur les aides au logement et une plateforme bidon qui ne fait que rediriger vers le site de pôle emploi et vers des missions de Service Civique, le gouvernement tente de faire croire qu’il s’inquiète pour la jeunesse de plus en plus isolée et précarisée. Oui c’est « difficile d’avoir 20 ans en 2020 » mais pas à cause de la crise sanitaire mais plutôt à cause de la gestion de cette crise par le gouvernement qui est le premier à « sacrifier » notre génération !

Avec notre collectif Le Poing Levé et Révolution Permanente, nous revendiquons la fin des contrats précaires tels que ceux des services civiques et un salaire étudiant à la hauteur du SMIC financé par un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes. Nous devons nous organiser et lutter pour refuser d’être cette variable d’ajustement ou un prétexte à faire des économies. C’est n’est pas aux jeunes et aux travailleurs de payer la crise des capitalistes !

 
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